albert-Damantang-Camara-620x361Au lendemain de l’assassinat de Thierno Aliou Diaouné, notre redaction est allée à la rencontre du ministre de l’Emploi, de l’enseignemen technique et de la formaion professionnelle, Albert Damantang Camara, pour notamment discuter avec lui de l’insécurité qui préoccupe tant les populations. N’éludant aucune question et faisant appel à une analyse rationnelle, le porte-parole du gouvernement aborde cette question sensible avec la plus grande lucidité. Nous en avons profité pour également parler de la crise politique et de son bilan à la tête du département en charge de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Lisez plutôt

Ledjely.com : Commençons par les sentiments qui sont les vôtres, au lendemain de l’inhumation de feu Thierno Aliou Diaouné,? 

Damantang Albert Camara : Thierno Aliou Diaouné est un haut cadre de l’Etat et avant tout un citoyen et lorsqu’un citoyens meurt dans des circonstances tragiques, cela interpelle tout le monde et notamment les responsables politiques que nous sommes. C’est d’abord de la tristesse, au-delà de tous cela, monsieur Diaouné est un ami. C’est également un grand collaborateur de plusieurs départements ministériels dans le cadre du fond de consolidation de la paix et dans un certains nombre de projets liés à l’insertion des jeunes, au dialogue national. C’est une grande perte, une grande tristesse et tout ce qu’on souhaite aujourd’hui, ce serait qu’on trouve ceux qui l’on assassiné d’une part, et d’autres part que ce type de drame n’arrive plus.

Ledjely.com : Comment pourriez-vous expliquer le développement exponentiel de l’insécurité notamment dans la capitale Conakry ?

Damantang Albert Camara : Je crois que dire exponentiel c’est un peu exagéré. La Guinée n’est pas plus criminogène qu’un autre Etat. C’est vrai que ça nous touche personnellement donc ça nous interpelle directement et très vite l’émotion l’emporte sur la raison. Mais la Guinée n’est pas plus criminogène qu’un autre pays. Par ailleurs, les gens font souvent l’amalgame entre l’impunité et les crimes qui sont commis. Il faut que les Guinéens se rendent à la raisons et c’est un peu dommage lorsque des personnalités de haut rang perdent toutes les notions de la mesure. Par exemple au Québec, 60% des crimes restent impunis, au Mexique c’est pire là-bas, c’est 98% et les statistiques existent, donc dans tous les pays du monde il y a de la criminalité, il y a dès fois des difficultés à ce que la vérité soit manifester et c’est encore plus vrai dans des pays qui n’ont pas forcement les même moyens que les autres. Nous n’avons pas des laboratoires pour des cas pratiques. Nous n’avons pas des possibilités de faire des recouvrements ADN, nous n’avons pas de GPS, nous n’avons pas des services de police dotés de tous les moyens technologiques, des algorithmes informatiques qui permettent de croiser des informations. Nous n’avons pas des profileurs criminels, nous n’avons pas non plus un ensemble de référencement des adresses des personnes qui nous permette de savoir exactement qui habite où, ou quel est son état civil. Avec tout ceci, il n’est pas évident de procéder à la manifestation de la vérité. Dans certaines situations difficiles, nous avons réussi à arrêter certains criminels comme ceux de Madame Boiro.

Ledjely.com : Le phénomène serait-il, comme le pensent certains, sans solution ?

Damantang Albert Camara : Il y a des solutions, comme le renforcement de la sécurité, la collaboration des populations, la mise à disposition de moyens supplémentaire pour renforcer nos services de sécurité. Il y aussi la prudence individuelle de chacun et des autres, pouvoir s’imposer une discipline de tel sorte que de faire très attention à qui nous entoure et partout où on va.

Ledjely.com : Sur le plan politique, le gouvernement a récemment précisé que l’accompagnement de la communauté internationale est la bienvenue dans le cadre de l’organisation des prochaines élections présidentielles. Qu’est ce qui explique ce rétropédalage ?

Damantang Albert Camara : Rien ne l’explique puisqu’il n’y a pas eu de rétropédalage. On a été très clair dès le départ, le président de la république a affirmé une position de principe qui est celle qu’un état indépendant, le minimum qu’il puisse faire, c’est d’organiser ses élections, celles qui vont désigner ses représentants politiques. L’action qui est a menée, c’est de faire de telle sorte que nos Etats africains, particulièrement la Guinée en ce qui nous concerne, arrive à terme à être capable d’organiser, seule ses élections. Ce qui ne veut pas dire, que l’on va s’affranchir des observateurs internationaux, ce qui enlève tout argumentaire à ceux qui voulaient voir en cette affirmation la volonté pour le président de ne pas voir nos élections contrôlées et validées. En suite, il a également et clairement dit, depuis très longtemps sur TV5 et sur d’autres médias, que sur des besoins ponctuels, nous ferions appel à la communauté internationale. Donc, cette position a toujours existé, elle a été réaffirmée lorsque le président est allé à Davos en compagnie du ministre des affaires étrangères et du ministre des finances. Bien avant cela, lors de son passage à l’Assemblée Nationale, il avait clairement dit que le budget de la Guinée ne suffisait pas à financer ses élections. Notre démarche a toujours été très cohérente, ceux qui voulaient y voir une volonté de se soustraire au contrôle de la communauté internationale en sont pour leurs frais. Nous avons une position par rapport à l’appui que nous sollicitons qui est très cohérente. Nous ferons appel à la communauté internationale sur des points précis en fonctions des demandes et des besoins exprimés par la CENI qui est le seul organe qui organise les élections chez nous.

Ledjely.com : Avec cette concession, pourrait-on dire que le gouvernement guinéen a enfin accepté d’aller au dialogue que l’opposition dit réclamer en vain ?

Damantang Albert Camara : Je viens de vous dire que ce n’est pas une concession, c’est une question de principe qui a été clarifiée. Ensuite nous n’avons jamais soumis notre volonté de participer au débat politique à une quelconque assistance de la communauté internationale, ou à des conditions comme le fait malheureusement l’opposition. Ça a toujours été très clair. Nous disons que nous sommes prê à dialoguer, nous avons envoyé une délégation avec le ministre de la justice comme la première fois lorsque que nous avons dialogué pour aller aux législatives. Brusquement, nous avons pris acte de ce que l’opposition souhaitait qu’il n’y ait plus un membre du gouvernement qui préside cette commission. Nous avons écrit à la mouvance présidentielle qui est le deuxième interlocuteur dans cette affaire pour voir également sa position et petit à petit, nous nous rapprochons d’une position équilibrée qui nous permettra de nous assoir à la même table de dialogue. Donc, la porte du dialogue reste ouverte et elle l’a toujours été, pour peu qu’on ne mette pas des conditions à commencer par le dialogue lui-même.

Ledjely.com : A l’office national de la formation et du perfectionnement professionnel (ONFP), des confrères évoquent un scandale financier portant sur sept milliards de francs guinéens. De quoi s’agit-il réellement ?

Damantang Albert Camara : En fait, ces journalistes sont allés un peu vite en besogne. J’ai commandé un audit organisationnel de l’office national de la formation et du perfectionnement professionnel qui a fait état d’un certain nombre de disfonctionnement. J’ai eu également accès à un rapport de l’inspection des finances qui a fait état de plusieurs autres disfonctionnements, et notamment dans certain nombre de dépenses qui ont été engagée sans tenir compte des procédures financières. Ce qui a fait dire à certains que ces dépenses-là constituent un détournement. Ce qui n’est pas encore prouvé. Et il y a un atelier de validation de ce rapport et également des explications que doit donner l’Office national de la formation et du perfectionnement professionnel, avant que nous ne statuions et que nous décidions s’il s’agit vraiment d’un détournement et si ces disfonctionnements affectent profondément le fonctionnement et la performance de l’ONFP. Je crois que ce sont des rapports qui ont été trop rapidement mis à la place publique. Tant qu’ils n’ont pas été définitivement validés, on peut que difficilement en tirer des conclusions.

Ledjely.com : Vous avez récemment présenté le bilan 2014 de votre département pour nos lecteurs, pourriez vous revenir sur les grands axes de ce bilan ?

Damantang Albert Camara : (rire) Ça va être très long puisque j’ai beaucoup de résultats positifs. Il y a des investissements très forts en infrastructures. C’est un point qui est important à souligner parce que cela dénote l’engagement du gouvernement à rehausser l’enseignement technique et la formation professionnelle, quand on sait que depuis un peu plus de vingt cinq ans, aucun investissement notable n’a été fait dans l’enseignement technique. J’ai d’abord décrit tous ce qui avait été fait en termes de construction et de rénovation des nouvelles écoles, l’un des points les plus importants. Ensuite, les efforts qui ont été faits pour améliorer la gouvernance des établissements et du département avec des manuels de procédures qui n’existaient pas, des conseils d’établissements, des procédures d’inscriptions pour valider et sécuriser les inscriptions. En matière de renforcement des capacités des cadres, beaucoup de formations ont été dispensées aux cadres du département. Des partenariats ont été noués avec plusieurs partenaires techniques et financiers pour renforcer le cadre institutionnel de l’enseignement technique. Nous avons beaucoup évolué au niveau de l’emploi lorsqu’on sait que de plus en plus de personnes font confiance à l’Agence guinéenne pour la promotion de l’emploi (AGUIPE) pour leur insertion professionnelle, avec pour la première fois en Guinée, la construction d’une maison de l’emploi et des compétences. Nous avons également réussi à rendre l’enseignement technique plus attractif en multipliant par cinq les effectifs dans nos établissements. Schématiquement, on peut résumer ainsi le bilan.

Ledjely.com : S’il vous était assuré que tous vos vœux sont d’office exaucés, quels sont ceux que vous formuleriez pour que votre bilan 2015 soit meilleur ?

Damantang Albert Camara : Poser la première des six écoles régionales des arts et métiers, dont nous avons obtenu le financement par la Banque islamique de Développement (BID) et le Fond saoudien ; Faire la construction ou l’aménagement de trois ou quatre autres maisons de l’emploi et des compétences à l’intérieur du pays. En ce moment, on sera sur une bonne dynamique en alliant la formation aux débouchés.

Ledjely.com : Vous avez construit la maison de l’emploi et des compétences, qu’en attendez-vous ?

Damantang Albert Camara : Ce que je peux vous dire c’est qu’elle a été construite, équipée et on n’aurait aimé que notre ami et partenaire Thierno Aliou Diaouné, puisse assister à son inauguration. Nous allons l’annoncer très prochainement et en ce moment vous aurez la primeur de savoir quelles sont les activités qui vont y être menées.

Ledjely.com : Avec ces maisons, est ce à dire que les salons de l’emploi version Fojeg sont-ils révolus ?

Damantang Albert Camara : Non, c’est un salon de l’emploi fixe et permanent. Mais en même temps, nous aurons besoin de nous délocaliser de temps en temps et aussi procéder à des salons spécifiques dans des endroits précis avec des thèmes précis. Donc, les salons de l’emploi continueront pour que les ONG qui ont l’habitude de nous proposer ces salons le fassent à nouveau.

Ledjely.com : Votre dernier mot ?

Damantang Albert Camara : Je souhaite une excellente année à tous ceux qui se consacrent à l’enseignement technique et qui veulent apprendre un métier afin de faire de notre pays un vivier de ressources humaines aptes à nous accompagner dans le développement de la Guinée.

Propos recueillis par Ibrahima Kindi Barry

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