rfiCe 1er février, Matshidiso Moeti prend ses fonctions au poste de directeur régional de l’OMS pour l’Afrique. Lors du discours qui a suivi sa nomination, le Dr Moeti, de la République du Botswana, s’est engagée prioritairement à l’éradication de l’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest. L’objectif de «zéro cas» sera accompagné d’un programme de redressement des systèmes de santé sur le continent.

 Votre priorité est d’éradiquer le virus Ebola…

Docteur Matshidiso Moeti : L’objectif, c’est de vraiment diminuer le nombre de cas, couper la transmission de ce virus et arriver à contourner l’épidémie. Si c’est possible – nous verrons bien – aller au « zéro cas », mais nous allons faire de notre mieux pour arriver à aller vers le moins de cas possible.

Je crois qu’il y a des signes positifs en ce moment, dans les trois pays. Mais il faut reconnaître que nous devons maintenant intensifier la surveillance de tous les malades et le suivi de tous les contacts, vraiment pour vérifier qu’il n’y a pas de cas cachés et qu’il n’y aura pas de surprises. Donc, c’est ça qu’il faut améliorer.

Je crois que nous avons des équipes épidémiologies, il y a des gens qui suivent les malades. Les travailleurs de l’OMS travaillent avec leurs collègues localement recrutés et le réseau de personnel envoyé par l’Union africaine. Mais nous devons nous assurer que nous avons assez d’épidémiologistes, des gens pour faire le suivi de contact, et puis des « scientifiques sociaux » qui peuvent entamer un dialogue effectif avec les communautaires pour qu’eux aussi, ils travaillent avec nous, pour s’assurer aussi que nous avons tous les cas et tous les contacts.

Car il n’y a pas que les structures sanitaires à améliorer, mais aussi retrouver un nombre de personnels ; chercheurs, mais aussi médecins, infirmiers, pour arriver à contrecarrer cette épidémie...

Oui, absolument, dans le court terme, je crois que ça concerne la mobilisation comme ça a été déjà fait, de travailler dans la santé dans les pays et aussi la formation et aussi d’amener des experts qui viennent d’autres pays. Et puis après – parce que ces pays ont malheureusement perdu beaucoup d’infirmiers, beaucoup de médecins – il faut les aider aussi à améliorer leur situation de ressources humaines pour la santé, de façon générale. Ils avaient déjà des problèmes, mais je crois que la situation s’est dégradée à cause de cette épidémie.

Docteur Moeti, d’autres sujets de santé vous préoccupent ; la mortalité maternelle et infantile par exemple, le sida bien sûr, et la tuberculose. Les maladies négligées sont également à combattre ?

Absolument. Malheureusement, notre région a un lourd fardeau de maladies transmissibles et non transmissibles qui sont en train d’augmenter. Donc, je crois que nous avons travaillé dans le cadre des objectifs du millénaire où il y avait un certain niveau de progrès dans les pays africains. Il faut continuer notre appui à nos pays travaillant avec d’autres partenaires, pour qu’il y ait une accélération concernant par exemple la baisse de la mortalité infantile. Je crois que là il y avait vraiment beaucoup de progrès concernant aussi le programme comme la vaccination des enfants, etc.

Mais nous allons – et je vais – travailler avec mon collègue pour que nous arrivions à intersaisir notre appui. Parce que nous sommes arrivés finalement à l’année 2015, et là nous allons voir quels étaient les progrès, quelles sont les lacunes, et comment on doit travailler avec les pays pour continuer et accélérer, si possible, les progrès.

Oui, car il semble que sur le terrain, la baisse de certaines pathologies se vérifie – on le voit avec la maladie à virus Ebola – le nombre de cas baisse, mais la maladie ou l’épidémie perdure. Cela veut dire qu’en fait le continent africain a peut-être aujourd’hui besoin d’un fort soutien pour la pérennisation de ces luttes ?

C’est ça. Oui, c’est exactement ça. Et j’espère bien… Vous savez peut-être qu’il y avait une séance spéciale du Conseil exécutif de l’OMS le dimanche passé, qui a adopté une résolution concernant justement ça : comment améliorer le système d’aides préparées pour confronter ce genre de maladie dans tous nos pays. Cela veut dire que les pays eux-mêmes doivent investir un peu plus dans ce système de préparation. Mais nous espérons vraiment qu’il y aura aussi la solidarité internationale, de façon continue et pérennisée. Parce que ça ne se passe pas très vite pour que le système s’améliore. Mais j’espère bien que cette fois-ci, le Comité international va accompagner nos pays jusqu’à ce qu’ils arrivent à améliorer leur système.

Avec la Rfi