4579658_6_bd56_2015-02-18-4079df0-4dbe20e6a3094270997f893086025_f778c8864392ebe2a9c43be9df1255beUne rencontre et une phrase auront suffi à raviver les accusations d’islamophilie régulièrement proférées à l’encontre du président américain, Barack Obama, par la frange la plus conservatrice de ses adversaires. Le 5 février, lors d’un « petit déjeuner » politico-religieux qui se tient annuellement à Washington, celui que ses détracteurs soupçonnent toujours d’une empathie particulière pour l’islam – quand ils ne l’accusent pas carrément d’être lui-même musulman – a fait s’étrangler une partie de son auditoire chrétien.

Après une condamnation sans appel des violences de « ceux qui, au nom de leur foi, prétendent combattre pour l’islam mais en fait le trahissent », le président s’est livré à une comparaison historique qui a déchaîné les critiques. Pesant ses mots, M. Obama a rappelé que le christianisme aussi avait eu ses heures sombres : « Souvenez-vous des croisades et de l’Inquisition, ces gens qui commettaient de terribles choses au nom du Christ. Dans notre propre pays, l’esclavage a été trop souvent justifié au nom du Christ. » Des responsables républicains ont vu dans ce « relativisme » la preuve que M. Obama ne saisissait pas l’ampleur de la menace portée par l’islamisme radical.

Un supposé lobby musulman

La veille, une rencontre organisée à la Maison Blanche avec une quinzaine de responsables d’associations musulmanes avait elle aussi suscité des commentaires laissant entendre que le président aurait succombé à un supposé lobby musulman. Le « lobby » en question, censé représenter les quelque 2,6 millions de musulmans américains (soit moins de 1 % de la population), a pourtant dû attendre la sixième année du mandat présidentiel pour être reçu à la Maison Blanche.

Pris au piège d’amalgames récurrents entre l’islamisme radical et leur croyance, les musulmans souhaitaient dénoncer « l’intolérance » croissante dont ils se disent victimes. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les autorités comptabilisent entre 120 et 150 actes islamophobes par an. Selon l’institut de recherche Pew, ils ont progressé de 14 % en 2014. Le FBI estime qu’ils représentent 13 % de l’ensemble des violences commises pour des motifs religieux.