kabelecamara_0Les anciens hommes de la grande muette réclament des meilleures conditions sociales et menacent d’organiser des manifestations publiques si toutefois leurs revendications ne sont pas prises en compte. Le Syndicat National des Militaires Retraités et Veuves de Guinée (SNMRVG) a, à travers une conférence de presse tenue à Conakry, dénoncé  »un mépris » des autorités vis-à-vis de leur situation.

« Nous sommes mis à la retraite, mais nos conditions de vie n’ont pas été réglées », a dit le lieutenant-colonel Jean Dougo Guilavogui, secrétaire général du mouvement. Il affirme qu’en l’absence de dialogue constructif entre le syndicat et le gouvernement, les militaires retraités et veuves de Guinée envisagent d’user de moyens légaux pour réclamer leurs droits.

Ils réclament entre autres l’amélioration des pensions de retraite, le paiement de la pension de réversion aux veuves et le payement des pensions militaires au même moment que les fonctionnaires de l’administration publique.

Les militaires retraités revendiquent aussi que leur soient reconnus des privilèges tels que : l’accès aux médicaments, la gratuité des transports publics, la prise en charge des soins médicaux comme dans d’autres pays et la nomination d’un comptable-payeur dans les préfectures de l’intérieur.

3428 militaires guinéens ont été mis à la retraite en décembre 2011. Les mesures d’accompagnement liées à cette retraite n’ont pas été respectées par le gouvernement. « Le congé libéral prévu dans les statuts des forces armées n’a pas été respecté. Et le traitement qui devait nous permettre de bénéficier de 3 à 6 mois de solde et de ravitaillement sans pour autant effectuer le service militaire ne nous a pas été accordé », rappelle l’officier à la retraite.

Les démarches

Visiblement, la guerre semble déclenchée entre les militaires retraités et le ministre délégué à la Défense nationale. Le Syndicat National des Militaires Retraités et Veuves de Guinée dénonce une froideur de la part des autorités, en particulier le ministre délégué à la Défense, Me Abdoul Kabèlè Camara.

« Nous sommes allés à la rencontre du ministre de la Défense pour lui dire que depuis notre mise à la retraite le 31 décembre 2011, les préalables dont le congé libéral n’ont pas été respectés. Il nous a méprisés comme si on ne représentait rien. Il nous a dit que l’Etat ne nous doit rien», a déclaré le lieutenant-colonel, Jean Dougo Guilavogui.

Et d’ajouter que le président de la République leur avait dit en janvier 2012 que les partenaires de la Guinée ont décidé d’accompagner ces militaires pour leur départ à la retraite. Ceci, en leur donnant 3 mois de salaires et que l’Etat guinéen aussi allait leur accorder un mois de plus.

La réplique

Interrogé sur la question, Me Abdoul Kabélé Camara, ministre délégué à la Défense nationale s’est insurgé contre la déclaration des anciens militaires. « Dès l’annonce de la mise en retraite de ces 3428 militaires, le système des Nations Unies a versé à la Guinée 2 milliards 345 millions 834 mille 740 francs guinéens. Dans un premier temps, un montant de plus de 2 millions de dollars correspondant à 14 milliards GNF a été versé à un groupe. Quand on a transmis le listing de 3428 militaires, il y avait un gap de 11 milliards qui avait été versé », précise-t-il.

C’est ainsi selon lui, que le ministre délégué au budget en 2012 a demandé à ce que les 25 milliards soient virés dans un compte à la BCRG. Cela a été fait ajoute-t-il et il y a eu un manuel de procédure pour assurer la mise en œuvre du payement de ce montant. Et cela a été fait au bénéfice de tout le monde.

Pour le ministre, les 3428 militaires ont perçu leur réquisition pour rejoindre leur localité d’origine. « Et nous avons régulièrement payé pour le transport de leurs biens et leurs familles. Tous les droits ont été payés. Il s’agissait d’une mesure exceptionnelle correspondant à une situation exceptionnelle », a-t-il précisé, tout en assurant que la fiche de paie des pensions existe au niveau de la direction générale des pensions militaires et des anciens combattants.

A la question de savoir s’il est possible d’envisager, comme le réclament les militaires retraités, une augmentation de leurs pensions, le ministre reste catégorique. « Si on demande en 2015 l’augmentation d’une pension à partir de 1952, je vous invite à trancher le problème. Il faut demander ce qui est raisonnable. Je pense que c’est une réclamation qui n’est pas fondée. Elle n’est pas du tout fondée », tranche Abdoul Kabélé Camara.