223896_489584034387417_212832568_nDepuis que l’unité de façade de l’opposition a volé en éclats, l’élection présidentielle du 11 octobre 2015 n’est plus la même, vue de Sékhoutouréya. Le scénario-catastrophe pour le président et ses proches, c’était un rassemblement de l’opposition derrière la candidature de Sidya Touré, leader de l’Union des forces républicaines (UFR). Ce schéma gagnant a fait long feu, ruiné par l’ambition obstinée de Cellou Dalein et le choc des égos opposés au pouvoir.
Face à des adversaires divisés, Alpha Condé est aujourd’hui convaincu que le match du 11 octobre est plié avant l’heure. Le locataire du palais Sékhoutouréya est aujourd’hui rassuré, avec ses plus proches collaborateurs, de passer au premier tour. D’où le slogan adopté pour la campagne électorale: « Un coup, ko ».
Ce credo traduit un regain de confiance du camp présidentiel, servi par la dynamique de défaite délibérément engagée par l’opposition.
Mais, en fait de confiance, n’assiste-t-on pas à un excès de confiance ?
Si la partie s’annonce moins difficile pour Alpha Condé, est-elle pour autant gagnée d’avance ? Dans tous les pays du monde, la campagne électorale est une des donnes qui formatent le résultat. C’est un moment où se déterminent les indécis, ainsi que les électeurs portés à évaluer les candidats et à confronter les programmes.
Et puis, les Guinéens n’ont pas encore voté… Nul ne peut prédire leur vote avec une certitude mathématique. D’autant que, dans une élection, tout peut arriver. S’il fait des percées en dehors de la Moyenne-Guinée, comme il le prévoit sur la foi du travail de terrain de ses équipes, Cellou Dalein Diallo sera imbattable. S’il réussit à s’imposer comme le candidat de l’unité, face à l’antagonisme des deux groupes majoritaires, Sidya Touré va gagner haut la main.
Si rien de tout cela ne se produit, certains paramètres permettent d’apprécier.
Avec l’électorat guinéen éclaté, partagé entre au moins cinq leaders, est-il possible pour un candidat d’avoir 50% des suffrages + 1 voix ? Non, si le vote régionaliste joue à fond comme en 2010.
Mais, il y a cinq ans, il n’y avait pas de président en exercice sur la ligne de départ. Or, dans le contexte d’un pays africain, la prime au sortant est forte. Détenir l’Etat et ses moyens constitue un sérieux avantage comparatif. Si Alpha Condé le met à profit pour grignoter une partie de l’électorat en Basse-Guinée et en Forêt, il pourra traduire son slogan en réalité.
Un coup ko ? Impossible si l’opposition avait joué la carte de l’unité. Possible dans la situation actuelle d’éclatement des adversaires du pouvoir. Possible ne veut pas dire réel. L’hypothèse d’un Alpha Condé qui gagne au deuxième tour semble en effet beaucoup plus probable.
Mais la faiblesse de l’analyse politique réside dans le fait que Dieu, qui donne le pouvoir, ne prévient aucun analyste. Et, quand ça Lui plaît, il déjoue tous les pronostics.