drapau_qui_diviseLa gouverneure de Caroline du Sud, où neuf Noirs ont été assassinés la semaine dernière dans une église, a joint sa voix lundi aux appels à retirer le drapeau confédéré devant le Parlement local, parlant d’un symbole qui divise.

 

La Maison Blanche a annoncé par ailleurs que le président Barack Obama, premier dirigeant noir du pays, se rendrait vendredi à Charleston, où il prononcera l’éloge funèbre du pasteur Clementa Pinckney, abattu avec huit paroissiens d’une église noire mercredi dernier par un jeune suprémaciste blanc.

Déplorant un « symbole qui divise », la gouverneure républicaine Nikki Haley a estimé que « 150 ans après la fin de la Guerre de Sécession, le temps est venu » de retirer le drapeau, « même s’il fait partie de notre histoire ». « J’espère qu’en enlevant un symbole qui nous divise, nous pouvons aller de l’avant », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Columbia, la capitale de l’Etat.

Plusieurs milliers de manifestants s’étaient rassemblés samedi à Columbia et des élus ont multiplié lundi leurs appels au retrait du drapeau, considéré notamment au sein de la communauté noire comme un symbole de racisme et d’oppression des anciens Etats esclavagistes du Sud des Etats-Unis.

Dans un manifeste publié sur internet, on peut voir le tueur de Charleston, Dylann Roof, 21 ans, brandir le drapeau confédéré pour justifier, dans un texte raciste, son crime par sa haine des Noirs. Mais pour la gouverneure républicaine, « il n’y a pas de haine ni de racisme » dans le drapeau des Etats du Sud sécessionniste de la guerre civile (1861-1865).

Vision tordue du drapeau
Le tueur de Charleston « a une vision tordue et malade du drapeau. Il ne reflète en aucune manière les habitants de notre Etat qui le respectent et (…) le révèrent », a souligné l’élue. « Ces habitants de Caroline du Sud voient le drapeau comme un symbole de respect, d’intégrité, et de devoir. Ils le voient aussi comme un mémorial, une manière d’honorer nos ancêtres qui ont servi leur Etat pendant une période de conflit », a-t-elle fait valoir.

Pourtant, « ce qui s’est passé la semaine dernière nous invite à regarder (le drapeau) différemment », a-t-elle conclu, en exhortant le Parlement local à se réunir en session extraordinaire pour voter son retrait de l’esplanade du bâtiment législatif.

Un élu du Sénat local, Marlon Kimpson, avait indiqué auparavant qu’il allait déposer mardi une proposition de loi en ce sens. « Il est temps de mettre fin à la division dans cet Etat », avait-il déclaré. Le groupe de supermarchés Walmart a annoncé de son côté lundi soir, dans un souci de « n’offenser personne », qu’il retirait de ses rayons « tous les produits faisant la promotion du drapeau confédéré ».

Le maire de Charleston Joseph Riley a jugé que le drapeau devait « quitter son emplacement public (…) pour rejoindre l’histoire » dans les musées, tandis que de nombreux élus républicains à travers le pays se sont félicités de l’appel de la gouverneure. « Le fait qu’il continue d’être pour beaucoup un souvenir douloureux de l’oppression raciste me fait dire qu’il est temps de passer à autre chose », a affirmé le chef des républicains du Sénat américain, Mitch McConnell.

Barack Obama et sa femme Michelle, ainsi que le vice-président américain Joe Biden, assisteront vendredi aux funérailles du pasteur tué, figure de la communauté noire locale et élu démocrate du Sénat de Caroline du Sud, qui avait rencontré le président américain à plusieurs reprises.

Au lendemain du drame, M. Obama avait souligné les liens qui le liaient au pasteur et s’était attardé sur les lieux du drame. « C’est plus qu’une église. C’est un lieu de prière fondé par des Africains-américains en quête de liberté. C’est une église qui a été réduite en cendres parce que ses fidèles s’étaient battus pour mettre fin à l’esclavage », avait-il souligné. Il a encore dénoncé dans une interview enregistrée vendredi dernier les tenaces divisions raciales qui demeurent au sein de la société américaine, assurant que « nous ne sommes pas encore guéris du racisme ».