ufdgDepuis quelques jours, quelques semaines, le parti de Cellou Dalein Diallo, le tristement célèbre chef de file de l’Opposition connait une cascade de démissions. A moins de trois mois des échéances électorales, c’est le sauve-qui-peut dans le parti au Baobab. Des intellectuels avérés, conscients de l’enjeu électoral à venir sont en train de quitter précipitamment quitté le navire. La crainte du parti de s’enfermer durablement dans la perception communautaire qu’il s’est collée, la maladresse de son leader pour avoir ficelé une alliance contre nature avec Moussa Dadis, principal indexé dans les massacres et viols du 28 septembre 2009, ces intellectuels commencent à tirer les conclusions, d’où la cascade de démissions. C’est là un moyen efficace de jauger la possibilité réelle de l’UFDG à réussir l’alternance.

Cellou Dalein Diallo, leader de l’UFDG a-t-il touché le totem de son ‘’Gongo lima soqué’’ ? A l’image de l’impudence qu’a commise le personnage principal d’Amadou Hampaté Bah dans son chef-d’œuvre ‘’l’Etrange Destin de Wangrin. Cette alliance avec Dadis Camara, récemment inculpé par le pool de juges guinéens, qualifiée d’alliance maudite, ou d’alliance suicidaire, du fait d’avoir occulté le poids moral qu’ont causé la répression sanglante du 28 septembre et les viols de femmes en plaine journée, ne peuvent être cautionné par certains intellectuels. Comme le disait Paul Kagamé, au vingtième anniversaire du génocide rwandais, « les faits son têtus ». Aussi, il faut saluer les ministres et les hauts cadres du gouvernement qui ont alors rendu le tablier, suite à cet évènement douloureux, ignominieux d’un autre temps.

Dans ce récit pathétique, Wangrin avait réussi à se hisser au sommet de la puissance et de la richesse, l’amenant à mystifier les dieux de la brousse. Toutefois, lorsqu’il brava l’interdit, les dieux se fâchèrent et ils le maudirent.

Le candidat peulh, selon rfi a également réussi à unifier sa communauté autour de sa personne, en en faisant un bloc solide ; à avoir le soutien indéfectible des grands commerçants de l’intérieur comme de l’extérieur du pays et à faire de la cause le l’UFDG, le principal combat de sa communauté. Mais l’alliance avec Dadis Camara risque de devenir son talon d’Achille, si elle ne l’est déjà et comme on dit, la goute a débordé le vase.

les craintes du premier vice-président, Bah Oury

Dès l’annonce de cette alliance, le très politique Bah Oury a pris ses distances en annonçant qu’il l’a appris sur les ondes comme tout citoyen lambda. Il s’est même permis d’apporter quelques leçons politiques à son président. « Une telle alliance, on l’a négocie de façon discrète. », a –t-il lâché. Et de préciser que ce n’était pas une décision du bureau politique de l’UFDG. Cellou serait donc le seul à assumer cette charge. Premier clash !

Les démissions !

Frustration, guerres de clans, guerres au sommet, forte communautarisation du parti,  désorganisation du parti, le manque de vision du leader, la part de son influence, le refus d’organiser le congrès du parti, l’alliance avec moussa Dadis Camara, sont tant de complications qui, au jour d’aujourd’hui déstabilisent gravement le parti légué par le Doyen Bah Mamadou. Il va se retourner dans sa tombe pour n’avoir pas fait le bon choix de son successeur.

Dans un coup de gueule de l’ancien chargé de com de l’UFDG, dénonçant Cellou Dalein en ces termes : « Il va falloir nous dire où tu veux aller dans ton système de gestion, en ce moment seulement, l’UFDG saura si tu es un homme à suivre ou pas !» fin de citation.

Les raisons des dernières démissions au sein même du bureau exécutif de l’UFDG ne sont plus que secret de polichinelle. Ceux qui n’ont pas pu supporter la charge morale de cette alliance ont forcément claqué la porte. C’est le cas de presque tous les cadres récemment démissionnaires du parti, bien que les petits futés veulent nous faire croire le contraire mais ça ne peut prospérer.

  • Siradiou Diallo, ancien membre du Bureau Exécutif National de l’UFDG et Ancien Secrétaire national chargé des Institutions internationales.

Ce brillant cadre guinéen évoluant en Belgique, haut responsable de l’UFDG a jugé nécessaire de rendre le tablier pour ne pas être condamné par la postérité. Dans sa lettre de démission adressée à son désormais ancien parti, il y a d’innombrables non-dits. Il écrit cependant : « lorsque je fais un bilan de la situation et de mon expérience personnelle au sein de l’UFDG, je ne peux que déchanter et éprouver une profonde désolation! Il suffit de regarder avec un peu de lucidité la réalité du fonctionnement interne du parti pour le comprendre. D’autres l’ont d’ailleurs déjà dit bien avant moi.

Depuis quelque temps, et par la force des choses je me suis mis en congé du parti, ne m’impliquant dans aucune de ses activités officielles. Vous en connaissez les raisons! » Et de conclure « c’est avec un profond regret, que je viens par la présente, vous notifier officiellement ma démission de membre du Bureau Exécutif National, de Secrétaire national chargé des Institutions internationales et donc de l’UFDG ».

  • Dr Hady Barry : ex membre du Bureau exécutif,

Pour des raisons non évoquées dans sa lettre de démission, mais qui sont connues de tous, frustrations, guéguerre au sommet du parti, alliance Cellou-Dadis, a aussi annoncé son départ de ce parti. Selon sources bien informées, à l’heure qu’il est l’homme aurait déjà rejoint le camp présidentiel.

Elhadj Ousmane Sow, ancien secrétaire général de la jeunesse de l’UFDG

Son départ du parti fut un coup dur pour l’UFDG. Malgré qu’il ne soit pas jeune par son âge, il faisait partie des hommes les plus influents et les plus écoutés de cette formation politique. Malgré son âge, il est resté à la tête du comité des jeunes jusqu’en ce début d’année, quand il a jeté l’éponge. Des motifs de son départ, notamment la frustration ont été plusieurs fois évoqués. « Je mets un terme à toutes mes activités politiques au sein de l’UFDG à compter de ce jour Jeudi 14 mai 2015 pour des raisons multiples. En somme, je démissionne du Parti », s’étai-il écrié.

  • Elhadj Bayaguiou Diallo, un opérateur économique, Directeur de Campagne du parti à Télimélé

C’est une grosse pointure pour les medias. Sur un medium de la place, le démissionnaire donne ses raisons : «  Depuis 11 mois je suis suspendu par l’UFDG, j’ai tout fait pour qu’elle soit levée mais on ne s’est pas compris. L’UFDG a des gens qui sont entrain de détruire le parti. Si vous voyez le cas de Bah Oury, Diallo Sadakadji qui a tout fait pour le parti, je connais comment ce dossier évolue. Je viens de Dakar où j’ai séjourné pendant 3 mois. Vous avez suivi hier (jeudi 14 mai), la démission du premier responsable de la jeunesse de l’UFDG. Vous devez comprendre alors que si ça continue comme ça, tous les efforts déployés vont se volatiliser. Actuellement, il y a des gens qui n’ont rien fait pour l’unité des peulhs, mais qui s’y sont jetés comme un cheveu dans la soupe. Si on n’y prend garde, ils vont détruire tout ce qui a été fait. J’ai pris donc la décision de partir de l’UFDG avec joie et sans regret.» et pour conclure : « Sur les raisons de son départ, Elhadj Diallo est catégorique : « c’est mon grand frère de lait qui a obtenu le financement pour le bitumage du tronçon Kindia-Télimélé-Gaoual. Nous avons organisé cette manifestation à Télimélé pour faciliter la réalisation de ce projet. Au cours du carnaval, les gens m’ont entendu prononcer le slogan du moment : ‘’Vive Professeur Alpha CONDE !’’ C’est à cause de cela que j’ai été suspendu. Maintenant, je vais rejoindre le Président Alpha CONDE pour relever le défi que les responsables de l’UFDG m’ont lancé.

Abdoulaye Baldé, ancien Secrétaire fédéral de l’UFDG-CANADA

L’incompréhension maladive des dirigeants de son parti, le manque récurrent de consultation à la base, la centralisation des désistions dans une seule main, la non prise en compte des avis des militants à l’étranger, ont amené Mr Baldé de décider après moult combats d’abandonner le navire UFDG. Dans sa lettre de démission, il dénonce : «Depuis quelques mois en effet, des revirements répétitifs ont été opérés avec légèreté et fort degré de mépris par nos dirigeants, sans le moindre préavis  à l’adresse des structures  de la base que nous représentons et sans égards pour les nombreuses victimes des exactions commises par les tueurs à la solde d’Alpha Condé. Comble de désinvolture, ces retournements de veste ont parfois été annoncés aux lendemains des funérailles de près de 54 jeunes peulhs, militants ou sympathisants de l’UFDG froidement abattus par la soldatesque d’Alpha Condé. » et de conclure : « après plusieurs mois de réflexion,  de tentatives répétées et cependant vaines pour l’établissement d’échanges constructifs avec  la direction nationale du Parti et, surtout, par respect pour les  sacrifices ultimes consentis par nos jeunes militants et sympathisants, en passant bien entendu par la tournure pour le moins déconcertante des récentes “négociations” avec le pouvoir d’Alpha Condé, j’estime de mon devoir de militant d’une noble cause, de présenter à vous tous qui m’avez élu, ma démission officielle du poste de secrétaire fédéral de l’UFDG-Canada »

Elhad Ibrahima Sampirin Diallo, ancien maire de la Ville de Labé

L’annonce du départ de cet homme très puissant et très écouté dans la ville de Karamoko Alpha Mö Ladé, a été pour l’UFDG un coup de tonnerre. Très proche de Cellou Dalein Daillo, du coté de sa belle famille, l’ancien patron de la ville de Labé a indiqué « Qu’en raison des nombreuses incompréhensions qui ont marqué et qui continuent de marquer nos relations personnelles aux plans politique et social, il m’apparaît utile de porter à votre connaissance que j’ai décidé, à compter de ce jour, de mettre fin à mon engagement politique sous la bannière de l’UFDG’’ et de préciser « sa volonté d’apporter sa petite contribution au combat général pour l’avènement d’une société guinéenne véritablement démocratique, unie et solidaire’’.

  • Mamadou Ghadiane Diallo, responsable de la jeunesse de l’UFDG de Nzérékoré

Quant à lui, il a craqué par le fait de n’avoir pas eu le soutien nécessaire après une grave blessure à la jambe suite à une manifestation de l’opposition contre le régime d’Alpha Condé. Après des soins à Conakry où son parti ne lui a pas apporté le soutien qu’il fallait, il a jeté l’éponge. Le jeunes Ghadiane n’a jamais pardonné cette non assistance de son parti. D’ailleurs, il continue à trainer avec les séquelles de cette grave blessure.

  • Yarie Briki

Fatoumata Yarie Camara, de son nom usuel pour les intimes ‘’Yarie Briki’’, militante de premières heures de cette formation politique s’en est lavé la main, du fait de ne pas se retrouver sur la liste des Députés de l’UFDG lors des dernières législatives. ‘’Yarie Briki’’ a trouvé cela inacceptable et l’a dénoncé vertement : «Je suis une grande Dame en Guinée, connue de par le monde, toutes mes actions sont souvent suivies de déclaration. Le monde sait combien de fois j’ai mené la lutte au profit de l’UFDG, mais aujourd’hui elle m’a déçue. C’est à cause de ce manque de considération pour ma personne que j’ai reculé, je suis désormais chez moi, à la maison. Tous les politiciens sont les mêmes. Maintenant c’est mon intérêt que je mets au dessus de tout…. ».

Elle a ensuite ajouté : « Je ne suis plus militante de l’UFDG, je suis chez moi depuis après les élections législatives. L’UFDG s’est foutue de moi ! On a vu ici en Guinée, Mafory Bangoura qui a été ministre, elle n’était pas instruite. On a vu Fatou Bangoura députée, elle n’était pas non plus instruite. Pourquoi l’UFDG peut dire qu’elle ne peut pas porter le nom de Yarie Briki sur la liste des candidats à la députation, parce qu’elle n’est pas instruite, malgré tout le combat que j’ai mené ?», s’est-elle étonnée.

  • Sallou Bella Diallo, ancien vice-président de l’UFDG et président du parti AFIA.

Cet actuel porte-parole de la mouvance, a quitté le navire UFDG et prit la tête d’un parti politique AFIA, en se rapprochant certes par dépit de la mouvance présidentielle. Sur les raison de son départ de l’UFDG, l’homme évoque des questions de profondes divergences de point de vue avec les ou le baron de son ancienne formation politique.

Aujourd’hui, pour bon nombre d’observateurs il est plus qu’urgent que les congres de renouvellement des instances de cette formation politique, se tiennent. Une farouche lutte de clan qui ne dit pas son nom, est en train de fragiliser dangereusement l’UFDG. Par conséquent, beaucoup de décisions sont prises sans être mûries, comme la dernière qui abouti à fameuse future alliance avec Moussa Dadis Camara, l’ex chef de la junte.

Kalémoulaye Sylla (l’Expression)