cq5dam.web.460.306C’est le vendredi ou le samedi que sera célébrée la fête de Ramadan. Dans cette perspective, les enfants sont pleins de joie. Pour beaucoup d’entre eux, en effet, ce sera l’occasion de porter des habits et de se faire un peu de cadeaux. Mais il y a une corporation dont les membres ne partagent certainement pas cette joie des enfants. Ce sont les couturiers. A quelques jours de cet événement festif, à travers une plongée dans quelques ateliers de la capitale guinéenne, nous avons découvert des hommes et des femmes à bout de souffle, exténués, ayant perdu l’habitude du sommeil, mais soumis à une pression intense de la part des clients. Femmes et enfants en sont après leurs habits de fête. Mais dans bien de cas, ces requêtes ne seront pas satisfaites.

Quand notre reporter est arrivé dans l’un de ces bruyants ateliers de couture du marché Niger, la tension y régnait en maître. En proie à une colère noire, Mme Barry  en voulait à son couturier qui, estime-t-elle, l’aura menée en bateau depuis une vingtaine de jours.

Depuis le  10  du mois de ramadan, j’ai mes  habits avec le tailleur, il dit qu’il a fait la coupe. Et c’est maintenant je me rends compte que rien n’est fait.  Je ne sais plus quoi faire, tous les autres enfants de ma concession ont leurs habits….

N’étant pas encore mariée, Sona n’a pas encore d’enfant à habiller le jour de la fête. Mais elle a aussi des raisons d’en vouloir au même couturier

C’est bien avant le mois de ramadan  que  j’ai envoyé mes habits et ceux de ma mère chez le tailleur.  Mais je n’ai encore rien pu obtenir de lui. Il promet qu’il me les livrerait à temps. S’il n’honore pas cet engagement,  il sera obligé de me restituer les habits pour qu’après la fête, j’aille les faire coudre par un autre.

Dans le lot, il y en a cependant qui, s’étant bien organisés, ne décevront pas leurs clients. C’est le cas de Maitre Ibrahima Sory Camara. Il nous en effet confié que des 236 commandes qu’il a reçues cette année, il ne reste que 18 complets à coudre. Ce qui serait encore dans ses cordes. Il pense d’ailleurs que contrairement à une certaine idée répandue, les clients sont dans une large mesure responsables du retard dont ils se plaignent souvent.

Les femmes tardent à nous envoyer leurs habits et ceux des enfants. Ce qui le plus  souvent est source de disputes entre nous. Mais cette année, le courant étant permanent, le problème pourrait être moindre.

Par ailleurs, selon lui, les clients sont souvent confrontés à des problèmes financiers dont ils ne parlent pas toujours.

Il ne suffit pas d’envoyer son habit à temps chez le tailleur, sans payer une avance. Ainsi, la plupart des habits que j’ai terminés sont encore avec moi. Les propriétaires, bien qu’informés, ne sont pas encore venus les chercher. Parce qu’ils se plaignent de problèmes d’argent

Chez les clientes mêmes, il y en a qui, retenant la leçon, ont prévu un plan B. Chargée de communication d’une ONG de la place, Mme Sylla Oumou Sagnane a eu recours à cette stratégie

 Cela fait trois semaines que mes habits sont chez le tailleur. Il est en train de me tourner en rond. Mais moi, j’ai toujours deux options avec les tailleurs. Si n’ai pas les habits de fête jusqu’à demain, je vais prendre un autre habit que je vais porter

Aminata Kouyaté