oimDepuis quelques années, la Méditerranée a hérité du surnom de « cimetière des migrants ». Venus pour l’essentiel de Libye, du Soudan, d’Erythrée, de Syrie ou d’Afghanistan, ils sont plus de 2 000 hommes, femmes et enfants à avoir perdu la vie en mer en tentant de rejoindre les côtes italiennes ou grecques depuis janvier, selon l’Organisation internationale pour les migrants (OIM).

« Malheureusement, nous avons atteint ce week-end un nouveau niveau avec plus de 2 000 migrants et réfugiés morts » en 2015, en tentant la traversée, a annoncé Itayi Virri, porte-parole de l’OIM dans un communiqué. Au total, 188 000 personnes sont arrivées illégalement depuis janvier en Europe, via la Méditerranée. Le bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) a estimé que le nombre de demandeurs d’asile dans les pays de l’Union européenne a fait un bond de 68 % au cours des cinq premiers mois.

Dans la même période en 2014, l’OIM comptabilisait 1 607 décès de migrants qui tentaient de rejoindre les côtes européennes, soit une augmentation de 20 % en un an. En revanche, l’OIM note une constante : la majorité des décès ont lieu dans le canal de Sicile qui relie la Libye à l’Italie. Là, les passeurs fournissent aux migrants des embarcations de fortune qui ne supportent pas la traversée.

L’OIM constate que la route de la Méditerranée centrale, entre l’Afrique du Nord et l’Italie, est bien plus dangereuse que les autres. Si la Grèce et l’Italie ont accueilli cette année un nombre similaire de migrants (90 500 contre 97 000), seuls 60 ont péri en tentant de rejoindre les îles grecques, quand 1 930 sont morts avec l’espoir d’accoster à Lampedusa.

Meilleur fonctionnement de l’opération « Triton »

Le directeur général de l’OIM, William Lacy Swing, a dénoncé l’attitude des pays européens face à l’arrivée de ces migrants :

« Il est inacceptable qu’au XXIe siècle des personnes fuyant les conflits, les persécutions, la misère et la dégradation des terres doivent endurer ces terribles expériences dans leurs pays d’origine, (…) pour finalement mourir aux portes de l’Europe. »
Malgré tout, l’OIM salue les efforts déployés par les forces maritimes présentes en Méditerranée, notamment grâce à l’amélioration de l’opération « Triton » de surveillance en Méditerranée, coordonnée par Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de l’Europe.

Près 188 000 migrants ont été secourus en Méditerranée depuis janvier, dont 1 300 en fin de semaine dernière au large de la Libye avant d’être débarqués en Sicile, dans le sud de l’Italie. Parmi ces rescapés, certains montent jusqu’à Paris et même Calais, où la situation se dégrade actuellement de jour en jour. Au grand dam des ONG, « Triton » n’a pas pour priorité de sauver les migrants mais de surveiller les frontières. Son budget est trois fois inférieur à celui de l’opération italienne « Mare Nostrum », et son équipement, bien plus modeste.