FORCE DE L'ORDREAmnesty International met en garde les autorités guinéennes contre le recours à la violence à l’occasion de la période électorale. Déjà, l’organisation rappelle des cas de brutalités enregistrées dans le pays, il y a quelques semaines de cela.

«Les autorités guinéennes doivent contrôler les forces de sécurité à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre et veiller à ce qu’elles n’usent pas une nouvelle fois d’une force excessive lors d’affrontements avec des manifestants». C’est l’appel lancé par Amnesty international, à l’occasion de l’élection présidentielle en Guinée prévue le 11 octobre prochain. Dans un rapport rendu public jeudi, l’organisation craint que les manifestations prévues en amont du scrutin d’octobre puissent faire de nouvelles victimes, comme c’était le cas lorsque l’opposition manifestait contre le calendrier électoral en avril dernier. Amnesty demande ainsi la «mise en œuvre d’une réforme juridique après les élections, afin d’empêcher de nouvelles violences à l’avenir, de promouvoir le droit à la liberté de réunion pacifique et de garantir l’obligation de rendre des comptes pour toute violation commise». Pour Alioune Tine, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, «il faut créer les conditions propices à ce que chaque citoyen en Guinée se sent pas sécurité pour exercer ses droits à la liberté de réunion pacifique et d’expression et participer au processus électoral».

Selon Amnesty international, au moins six personnes ont été tuées et plus de 100 blessées, dont des enfants, au cours d’affrontements avec les forces de sécurité, qui dans de nombreux cas, ont recouru à une force arbitraire et excessive. «Des centaines de manifestants ont été arrêtés, souvent dans des circonstances s’apparentant à une arrestation arbitraire», ajoute l’organisme de défense des droits humains. Selon Alioune Tine, le défi pour les autorités guinéennes, les candidats et les forces de sécurité consiste à briser le cycle de la méfiance et de la violence. Selon Amnesty International, dans le passé, les forces de sécurité ont eu recours à la force arbitraire contre des journalistes qui couvraient les manifestations. Toujours d’après Amnesty International, plusieurs journalistes ont été insultés ou frappés par les forces de sécurité.

L’organisme de défense des droits humains signale qu’en janvier et février 2007, 135 manifestants ont été tués alors qu’ils réclamaient le départ de feu le président Lansana Conté. Le 28 septembre 2009, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des opposants rassemblés dans un stade de Conakry, faisant plus de 150 morts et au moins 1 500 blessés. A l’approche des élections législatives de 2013, au moins neuf personnes ont été tuées et 40 blessées lors de manifestations organisées par l’opposition. L’élection présidentielle en Guinée se déroulera le 11 octobre, et la campagne électorale démarrera un mois avant. Huit candidats sont en lice.

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