plume d'aboubar dialloIl se joue d’eux comme des pions sur un damier, les transbahutant continûment dans le sens à sa guise. Sans trop forcer sa science de vieux bonze acquise au gré de quarante ans de combat digne d’un maquisard, utilisant à profusion la stratégie de la guerre de tranchée, qui consiste à y attirer l’ennemi pour l’y enfoncer, il finit toujours par se les faire.

Le scenario du « déjà vécu ». Le scenario du « déjà entendu », celui du cul-de-sac. A croire que des tuiles précédemment subies, à croire que de toutes les mésaventures subies de lui, le long d’un quinquennat claqué au plan politique dans de futiles chamailles, ils semblent n’en avoir pas assez pris pour leur matricule, c’est navrant, c’est triste, mais c’est aussi de ça, de cette naïveté toute candide, de cette niaiserie digne d’enfants de cœur, que lui, a toujours tiré et continue de tirer ses marrons du feu et tout le bénéfice politique qui va avec. Qui est-il pour ne pas en abuser ? Lorsqu’on sait qu’on a en face de soi de gros nains du bois dont on fait les flûtes, lorsqu’on sait qu’on a en face de soi des roseaux qui plient à tout, lorsqu’on a su qu’il suffit d’un rien pour les faire mordre à l’hameçon, lorsqu’on sait qu’ils finissent toujours par vouloir avaler, sans le croquer, après de puériles agitations, le bonbon qu’ils ont refusé au prime abord, on ne peut qu’abuser d’eux, on ne peut qu’abuser de leur crédulité sans fin. S’il n’en était pas ainsi, dites-moi, comment N fois, ils ont crié au loup dans la bergerie, N fois, ils se sont fait manger leur laine sur la peau ? Comment N fois ils ont rué dans les brancards, N fois, ils ont été drainés à conclure des ententes, N fois, ils ont crié après comme des écorché-vifs ? Comment est-ce possible ? Dites-moi que ceux-là, sont d’innocentes âmes entrées en politique comme par accident, comme par hasard ! Autrement, une moindre fois, « chat échaudé craint l’eau froide », ils auraient pu savoir où poser le pied, pour ne pas continûment marcher sur les mines anti-personnelles dont il a pavé leur chemin et tout le microcosme politique guinéen. A nouveau, je les entends pousser des cris d’Orfraie, se lamentant de ceci, réclamant cela ! Tout cela alors qu’ils sont pieds et poings joints, au fond du traquenard géant, du cul-de-sac béant, dans lesquels il les a toujours conduits, comme d’habitude. Oui, qu’ils sont pris à la prison, au piège de leurs propres turpitudes, infichus de soupçonner une mauvaise quasi incurable d’un adversaire qui a appris à leur donner le change, après les avoir fait espérer d’une volonté pourtant factice de se conduire mieux que la précédente fois. A nouveau, les voici courir dans tous les sens, comme derrière des moulins à vent, les voici à nouveau réduits à quia, les becs dans l’eau, à bailler aux corneilles, conduits à un point de non retour, de gros otages du temps. Oui, le temps, le temps qui ne s’arrête point, le cadran qui tourne aussi cyniquement, contre eux, assaillis de questions auxquelles il faut trouver des solutions (le fichier à mille lieux d’être assaini, le réverbère des conseils communaux et le caillou Ramatoulaye Bah), et amenés, dans le même temps, à aller à la chasse de voix, là-aussi, avec un désavantage concurrentiel fichtrement criard. Il est à se demander, à faire un tour de Conakry, si le sortant n’était pas seul candidat à sa propre succession, tout l’espace public publicitaire lui ayant été dédié, finalement peint au jaune, les nains politiques eux, réduits là-aussi à leur plus pauvre expression, réduits à se contenter de l’affichage mural ou à ne pas exister. Malheureusement, ils n’ont jamais rien vu venir comme depuis cinq ans, malheureusement, ils alarment à nouveau qu’ils sont à un doigt d’abandonner un combat perdu d’avance, en y allant de ce pied. Mais que faire ? Se retirer au milieu du gué, et ne plus avoir comme recours que la rue, sachant que quoi qu’il arrive, le train de l’élection présidentielle, arrivera à quai le 11 octobre, ou se résigner en victimes expiatoires, et participer à légitimer, à créditer une victoire que tout laisse présager en y allant dans les conditions telles qu’elles se présentent à eux ? Voici le choix cornélien qui est le leur ! Pauvres d’eux !