casse-de-madinaLa FIDH et les organisations affiliées sont « préoccupées » par le climat de violences qui secoue la Guinée à la veille du scrutin présidentiel du dimanche. Elles viennent de signer le communiqué dont nous livrons en intégralité.

Élection présidentielle en Guinée: Les violences doivent cesser pour permettre un scrutin apaisé et transparent

Paris, Conakry, le 10 octobre 2015 – Vivement préoccupées par la tension grandissante et les violences qui se sont déclenchées à Conakry et dans plusieurs localités à l’approche du premier tour de l’élection présidentielle, nos organisations appellent tous les acteurs au calme et à la retenue afin de préserver la sécurité de tous et garantir le bon déroulement du scrutin qui est prévu dimanche 11 octobre 2015.

Alors que la campagne électorale s’est déroulée dans un climat relativement apaisé, malgré des affrontements et des arrestations constatés par nos organisations à Koundara les 20 et 21 septembre puis à Mamou, les tensions se sont gravement exacerbées au cours des derniers jours à Nzérékoré, Conakry et Banankoro. Le 3 octobre, 80 personnes avaient déjà été blessées à Nzérékoré. Des violences ont ensuite éclaté à Conakry dans la nuit du 8 au 9 octobre entre militants politiques occasionnant au moins 2 morts dans le quartier de Madina.

La tension est encore montée d’un cran le 9 octobre à Conakry, notamment dans les communes de Dixinn et Matoto entre militants de partis politiques de l’opposition et du pouvoir. Dans l’Est du pays des affrontements dans la sous-préfecture de Banankoro ont fait 5 morts et des dizaines de blessés. En moins d’une semaine, le bilan des violences préélectorales s’élève à plus d’une centaine de blessés et au moins 7 morts.

«Nous condamnons les violences en cours et appelons les leaders politiques et leurs partisans au calme et à faire preuve de responsabilité pour ne pas plonger la Guinée dans un nouveau cycle de violence à caractère politique » a déclaré Abdoul Gadiry Diallo, porte-parole de l’OGDH.

Nos organisations sont particulièrement préoccupées par les discours stigmatisants et communautaires de certains responsables politiques et leurs militants qui entretiennent les tensions et les risques d’affrontements. L’élection présidentielle devrait être le moment pour les populations d’exprimer pacifiquement leur opinion en faveur d’un programme politique. L’ensemble des acteurs politiques doit garantir la tenue du scrutin présidentiel de façon libre, transparente et pluraliste dont le résultat soit conforme au choix du plus grand nombre.

«Il s’agit seulement de la deuxième élection présidentielle libre en Guinée. Or la démocratie ne peut valablement se construire sur fond de violences politiques et d’affrontements communautaires. Il est de la responsabilité des candidats à l’élection d’appeler leurs militants au calme et à prendre toutes les mesures disponibles pour préserver un climat serein avant et après le jour du scrutin » a déclaré Drissa Traore, vice président de la FIDH.

Nos organisations rappellent que la Guinée a fait des avancées importantes ces dernières années en matière de lutte contre l’impunité et à engagé des réformes des secteurs de la justice et de la sécurité. La poursuite de ces efforts doit être un objectif partagé par tous les candidats et être effective dès avant l’élection, en particulier dans ce climat politique troublé où les droits fondamentaux des citoyens guinéens pourraient être mis en danger. Dans ce contexte, toute personne qui se rendrait responsable de violences, d’appels à la haine ou à la violence devrait être poursuivie.

L’OGDH, qui a déployé une centaine d’observateurs des violations des droits humains dans les 33 préfectures du pays et les 5 communes de Conakry veillera à ce que toute violence ou incitation à commettre des actes de violence soit dénoncée.

La Cour pénale internationale, qui demeure saisie de la situation en Guinée, pourrait poursuivre ceux qui se rendraient responsables ou ayant incités à de graves violations des droits humains relevant de sa compétence.