Le Tribunal de première instance (TPI) de Boké a rendu en publique mardi 15 décembre 2015, sa décision concernant l’affaire Moriba Gbélémou, arrêté quelques jours plutôt pour capture, détention et commercialisation d’un bébé chimpanzé, une espèce intégralement protégée. L’accusé a été condamné à 3 mois de prison ferme.

Poursuivi pour capture, détention et commercialisation d’un bébé chimpanzé, Moriba Gbélémou a été mis aux arrêts dans la soirée du 27 novembre 2015 à Tinguilinta, localité située à 55 km de Boké par une équipe de la police conduite par le substitut du procureur de la République près du TPI de Boké avec le soutien du GALF.

Plaidant coupable devant le président du tribunal, Moriba justifie son acte par situation financière. ‘’Je devrais vendre le bébé chimpanzé à 16.000.000 GNF pour subvenir aux besoins de ma famille, sachant que l’acte était illicite’’, avoue-t-il, avant de se laisser entendre : ‘’La pauvreté est la raison de ma mésaventure’’.

Le ministère de l’Environnement, constitué partie civile, passant en revue des préoccupations récentes des chefs d’Etat du globe lors de la COP21 qui statuait sur ‘’la croissance verte et la problématique climatique’’ a demandé à ce que le droit soit dit dans toute sa splendeur.

Car, précise-t-il, l’accusé était tout attiré par l’appât du gain alors que les 16 millions de francs guinéens qu’il devrait recevoir mettait en danger la vie du bébé chimpanzé, espèce intégralement protégée par la loi. Ainsi, a-t-il ajouté, fait aggravant, le sieur Moriba a, dans le passé, travaillé dans la protection des chimpanzés.

Le mis en cause a en effet participé à plusieurs reprises à des campagnes de sensibilisation et d’information initiées par WCF, une organisation non gouvernementale en tant que ‘’guide’’. Ce qui ne l’a pas empêché de s’impliquer dans le trafic de chimpanzés et d’en être même un acteur important dans la région de Boké, précise la partie civile.

Au même moment, Moriba Gbélémou se réclame ancien chasseur alors qu’il continue à pérenniser le braconnage dans cette région à travers un vaste réseau.

Dans le même ordre d’idées, le ministère public, énumérant les recommandations liées à la problématique de l’environnement, a interpellé toutes les populations de Kakandé à s’impliquer davantage dans la préservation de la faune et de la flore pour maintenir un écosystème durable. Il a ensuite demandé au président de l’audience de retenir l’accusé dans les liens de la répression pour capture, détention et commercialisation d’une espèce intégralement protégée.

La sentence du tribunal de Boké est tombée le mardi 15 décembre. Moriba a été condamné à une peine minimale de 3 mois de prison ferme assortie d’une amende 90.000 GNF. Au titre du dommage causé à l’Etat guinéen, il est sommé de payer un montant de 500.000 GNF au ministère de l’Environnement.

Selon un rapport d’Interpol, de 2007 à 2012, la Guinée a exporté plus de 130 chimpanzés, 10 gorilles en Chine et des bonobos, des espèces intégralement protégées par la loi et par la CITES. Le prix d’un chimpanzé sur le marché international, d’après la même source, se négocie environ 20.000 euros et un gorille 40.000 euros.

Fatou Kourouma