alfaL’affaire Abdoul Malick Diallo vient rappeler plusieurs autres qui ont marqué la presse guinéenne depuis 2011.  Récapitulatif.

Le jeudi 14 août 2011, le journaliste free-lance Elbéchir Diallo, a été kidnappé et placé en détention durant deux jours dans les locaux de la Brigade des investigations judicaires ex-PM3, dans l’affaire attaque de la résidence privée d’Alpha Condé le 19 juillet 2011.

Coupé de tout contact avec l’extérieur, sans visites et sans avocat, il a été interrogé deux fois de suite par la Commission d’enquête constituée de colonels de la gendarmerie et de policiers de la haute hiérarchie.

Alpha Ousmane Diangolo Barry, administrateur général du groupe Alfa communication basé en Guinée, propriétaire de l’hebdomadaire Eco-vision, de la chaîne de radio Tamata FM et du site d’informations Africanewsmag.com, a été frappé et jeté hors du Musée national pour avoir filmé le président Alpha Condé au cours d’une cérémonie du Djembé d’Or le mercredi 6 novembre 2013.

Chérif Diallo, journaliste reporter d’images à Espace TV, porté disparu le 23 juillet 2016. Sa carte a été retrouvée au bord de l’océan à Dubréka, et son sac dans les environs de Rogbané à Taouyah dans la commune de Ratoma à Conakry.

Mohamed Koula Diallo, journaliste de Guinee7.com a été assassiné d’une balle en pleine poitrine par un sniper le vendredi 5 février 2016 aux abords du siège de l’Ufdg, principal parti d’opposition. L’autopsie a fait état d’une balle tirée d’un fusil d’assaut.

Le dimanche 15 mai 2016, Coralie Pierret, journaliste de RFI a été réprimandée par le président Alpha Condé pour lui avoir posé une question sur la présumée implication de son fils Mohamed Alpha Condé dans un scandale impliquant la société minière Sable Mining.

Le 13 juin 2016, Souley Thiângu’el Bah, journaliste chroniqueur au Lynx et à Lynx FM, est annoncé avoir été inculpé, sans au préalable avoir été convoqué et entendu par un juge dans l’affaire Elhadj Mohamed Koula Diallo.

Le samedi 15 juin 2016, le journaliste Abdoul Malick Diallo, secrétaire général du Populaire et collaborateur du site Aminata.com a été ciblé dans la foule de preneurs d’images, arrêté et embarqué manu militari en direction de la Présidence de la République. Arrivé dans un édifice abritant les bureaux des Forces Spéciales, un agent lui a administré un coup au niveau de la poitrine gauche, et le journaliste s’est évanoui.

La liste est longue

Avant l’affaire Abdoul Malick Diallo, plusieurs autres ont marqué la presse. Toutes ont un lien commun consécutif du délit de faciès.

Ce sont, entre autres, celles de Kounkou Mara du Lynx molestée à l’entrée de la Banque centrale alors qu’elle y était invitée dans le cadre de son travail.

Mouctar Bah, correspondant de RFI. Le régime Alpha Condé lui avait été refusé le renouvellement de son accréditation.

Mohamed Albé Bangoura d’Horizon FM, assimilé à un Peul à la Casse de Matam, il a été bastonné par des militants du parti au pouvoir, lors d’une marche pilotée par l’opposition.

David Bangoura de Lynx FM qui couvrait la marche des victimes de la faillite de la banque BADAM, a été violenté par un gendarme à l’entrée de la Présidence.

Mahmoud Diari Diallo, reporter à Lynx FM, a été battu à sang au siège du parti au pouvoir.

Alors à Guineematin.com,   Thierno Amadou Mbonet Camara de Mosaiqueguinee.com a été pris à partie au siège du PUP, l’ancien parti au pouvoir, et conduit à un commissariat de police.

Abdoulaye Oumou Sow de Guineematin.com blessé par un gendarme pendant qu’il couvrait une marche de la Société civile contre l’insécurité.

Leur crime ? Parler le Peul comme Abdoul Malick Diallo ou présenter des traits physiques des membres de cette communauté.

Le cas Bouya Kébé de Milo FM à Kankan 

Le mercredi 22 juin 2016, le journaliste Bouya Kébé de la radio Milo FM émettant à Kankan, en province, a été condamné au paiement d’une de somme de 1 millions de FG pour complicité d’outrage au chef de l’Etat  pour avoir donné la parole dans l’émission qu’il animait, à un auditeur qui a déclaré que le président Alpha Condé se trouvait dans un maquis en France.

A ces faits, il faut ajouter les techniciens de la Radio rurale de Nzérékoré Molou Chérif et Sidiki Sidibé, ainsi que le journaliste Facély Camara de Liberté Zali FM de Nzérékoré tués avec les membres d’une équipe anti-Ebola à Womey. La liste est longue.

Par Diallo Alpha A. (Le Populaire n°516 du lundi 4 juillet 2016)