Après les lieux de prostitution et la drogue, sous le CNDD, les cliniques clandestines, les produits pharmaceutiques contrefaits, Colonel Moussa Tiégboro Camara, patron des services spéciaux chargés de la lutte contre le trafic de drogue et le crime organisé, s’attaque désormais à la vente et à la consommation de la Chicha. C’est une mesure prise jeudi, 19 janvier 2017 au terme d’une rencontre  de  plusieurs personnalités venues de différents départements ministériels de la santé, de la justice, de la sécurité, du commerce, de l’industrie et du service de contrôle de qualité.

Au Secrétariat général à la présidence chargé des services spéciaux, de la lutte contre la drogue, le crime organisé, l’honneur est revenu au  Dr Mamady Mory Kéita, psychiatre-addictologue au CHU de Donka de lire la conclusion de la réunion technique de la Commission interministérielle. « A l’origine, c’est en 1605 qu’un médecin d’origine iranienne, en fonction auprès de l’empereur Akbaar, dans l’Inde, inventa le dispositif de consommation de la chicha, encore appelée narghileh. Quatre siècles après, cet objet traditionnel est entré brusquement dans la modernité du 3ème millénaire. La chicha est composée de 25% de tabac, de la mélasse d’arômes de fruits qui lui donne un côté acidulé et parfumé, qui trompe les fumeurs et qui leur parait anodin pensant que cette agréable sensation ne peut pas provoquer de produits toxiques »,  décrit-il.

                          Les conséquences de la Chicha

Les risques sur la santé, comme l’augmentation de cancer, de bronchite chronique, de problèmes cardiovasculaires, ont été mis en évidence. Des mesures révèlent que l’augmentation du monoxyde de carbone expiré à la fin de la chicha équivaut à celle observée lors de la consommation de deux paquets de cigarettes. Un millilitre de fumée de narghileh, c’est-à-dire de chicha, contient un million de microparticules.

Dans le cas particulier de la Guinée, c’est en 2016 que le secrétariat général à la présidence chargé des services spéciaux, de la lutte contre la drogue et le crime organisé a découvert ce phénomène associé à un cocktail de drogue : huile de cannabis, héroïne, cocaïne, crack… à travers les témoignages de parents de victimes, pour la plupart âgées de moins de 18 ans. Faits                   confirmés  par des services médicaux spécialisés.

                       Nouvelles dispositions prises par les autorités

 La Commission interministérielle de réflexion sur l’utilisation de la chicha, consciente de la consommation de plus en plus répandue de la chicha en République de Guinée, consciente des dangers de l’usage de la chicha associé à la drogue sur la couche juvénile, notamment les échecs scolaires, les problèmes de santé physique come les crises cardiaques, les maladies pulmonaires, les accidents vasculaires cérébraux ; et en santé mentale avec les troubles de comportement avec agressivité, dépression mentale, délinquance, …   Recommande :

  1. La constitution d’une équipe pluridisciplinaire et multisectorielle chargée d’initier et de mettre en œuvre à l’échelle nationale, un projet d’Information, d’Education et de Communication (IEC) contre l’importation, la commercialisation et l’usage de la chicha ;
  2. L’interdiction formelle de l’importation, de la commercialisation et de la consommation de la chicha sur toute l’étendue du territoire ;
  3. Le dépôt volontaire des stocks de chicha et accessoires dans un délai de 48 heures par tout détenteur au siège du secrétariat général à la présidence chargé des services spéciaux, de la lutte contre la drogue et le crime organisé ;
  4. La saisie desdits produits par les services spécialisés en cas de non respect de ce délai ;
  5. La poursuite de tout contrevenant aux présentes dispositions devant les juridictions compétentes.
  6. La mise à jour et l’adoption diligente du projet de code des drogues
  7. La mise à la disposition des services techniques concernés de moyens matériels. »

                 Mais pourquoi ces dispositions ?

Pour rappel, il y a quelques jours, lui et ses hommes, caméra à l’appui, ont fait irruption dans un restaurant très fréquenté, situé à proximité de l’Université Nongo Conakry, où ils ont surpris de nombreux étudiants et étudiantes, en train de ‘’tirer’’ de la chicha.

Sur les images filmées et diffusées par la télévision nationale, on voit plusieurs tables garnies de Chicha, autour desquelles, sont assis ces jeunes pousses, se laissant aller à la consommation de cette drogue d’un nouvel âge.

Surpris en train d’être filmés dans cet état, ils cherchaient tous à se couvrir le visage, de peur d’être identifié par leurs proches.

Au milieu de ces étudiants, grands friands de Chicha, le Colonel Moussa Tiégoboro, prendra la parole, pour expliquer que la nouvelle astuce des jeunes, c’est de mettre, en lieu et place du charbon utilisé dans les Chichas, de la drogue, une manière d’échapper à toute vigilance.

Pis, par endroit, des jeunes gens fument de la Chicha contenant de la cocaïne dans certains clubs de divertissement de Conakry.

Pour freiner ce phénomène, Colonel Tiégboro souligne que ces mesures d’interdiction de l’importation, de la commercialisation et de la consommation de la Chicha visent à lutter contre la déviance de la jeunesse mais aussi la préservation de la santé des citoyens.

Houleymatou Diallo