C’est une réalité sociale des Guinéens. Les lynchages populaires sont devenus un phénomène qui dépasse la justice du pays. Parfois sous le regard impuissant de ceux qui sont sensés défendre et faire respecter la loi. Des individus sont frappés, mutilés et mêmes brulés de la manière la plus atroce jusqu’à ce que mort s’en suive. Accusés à tords ou à raisons, ils subissent la colère populaire au détriment de la justice.
Problème conjoncturel pour les uns, acte d’incivisme pour les autres, la justice populaire n’est pas aussi un cas isolé qu’on le pense. Elle dénote à tout point de vue, une certaine situation de cause à effet. Les déficiences du système judiciaire guinéen ont tendance à laisser la population se faire justice. Cette faiblesse du système judiciaire est caractérisée par la corruption, le laxisme dans l’application correcte de la loi…, bref, autant de causes qui donnent lieu à une crise de confiance des citoyens.
Les défauts visibles de l’appareil judiciaire renforcent ainsi le phénomène de justice populaire. Face à une telle dérive, le réflexe habituel consiste à engager la responsabilité individuelle des personnes impliquées de près ou de loin dans le drame. On rattache immédiatement cette pratique à la déliquescence morale et à l’incivisme de la population.
Dans un sens comme dans l’autre, rien ne justifie de se faire justice. La justice guinéenne, aussi défaillante qu’elle soit, ne devrait permettre en aucune manière la justice populaire de triompher. Remédier à la cause et le mal prendra fin. Ou au pire, nous sommes tous coupables !
La rédaction