Des voleuses de maris battues et déshabillées, des enfants de 15 ans à l’hôtel en plein jour, des clients morts dans les bras de leurs amantes, des filles battues à mort par des hommes violents, des hautes personnalités escroquées, chantées, menacées, volées par des mineures et des prostituées… Voici entre autres les réalités que vivent au quotidien des gérants des hôtels de passe. Ces tristes scènes sont de plus en plus fréquentes ces derniers temps.
Résultats de notre enquête suite à une incursion dans les couloirs des hôtels de passe.
Trop de morts dans les « Motels »
On enregistre de plus en plus des cas de morts dans les hôtels de passe depuis un certain temps. Le dernier cas remonte en mai 2016 quand une jeune fille vendeuse de charme à la T2, à Kipé, à 200m du Centre Emetteur, a violemment été jetée contre le mur par son client sous l’effet de colère. Cette belle de nuit qui a eu le crâne fracassé, a connu une mort atroce. Après l’indignation des uns et des autres pendant vingt-quatre heures, l’affaire est close. L’auteur du crime arrêté fut libéré quelques jours après. La vie a repris sur les lieux de crime si comme rien ne s’est passé.
Un autre cas s’est produit dans un hôtel de passe à lambayi. C’était en mois de janvier dernier. Un sexagénaire a trouvé la mort sur une fille de 18 ans en plein ébats amoureux. Prise de panique, la jeune fille alerte le gérant. Celui-ci ouvre la chambre et aperçoit le corps inerte de son client. Il tente de le ramener en vie, mais trop tard. Il calme la malchanceuse, lui donne un peu d’argent et l’ordonne de se taire et partir. Il nettoie et rhabille le corps. Les travailleurs conduisent le véhicule du défunt client jusqu’à l’entrée de la porte de sortie du motel. Ils prennent le corps et font sortir le véhicule de la cour jusqu’à 500m. Ils font asseoir le corps au volant et l’abandonne dans l’obscurité.
A Yimbaya, dans la commune de Matoto, Un jeune cuisinier d’un service traiteur, voulant convaincre sa copine qui n’était jamais satisfaite de ses performances au lit, a trouvé la mort dans la douche d’un hôtel de passe après avoir avalé cinq comprimés de sexe fort. En route pour le motel, il gare son véhicule devant une boutique et prend ses comprimés. Arrivé dans la chambre, il fait un tour à la douche après le passage de sa copine. Un gobelet d’eau fraîche sur sa tête et il s’écroule. Alertée par le bruit, la jeune fille jette un coup d’œil dans la douche. Elle appelle au secours. Les gérants arrivent trop tard. La fille est mise aux arrêts. Elle fut libérée après le constat des médecins. Le cuisinier est mort suite à une overdose.
Les hommes humiliés, les filles déshabillées et bastonnées…
Les scènes les plus fréquentes dans les motels sont celles de la jalousie. Beaucoup de mariages volent en éclat à partir des hôtels de passe. Il ne se passe un jour sans que les femmes ne surprennent leurs maris dans les bras des jeunes filles sur ces lieux de joie. Parfois certains hommes très vigilants surprennent leurs femmes entrain s’envoyer en l’air avec les jeunes garçons dans les motels. Et bonjour les dégâts !
C’était un dimanche, à Sonfonia, dans l’après-midi. Un haut cadre s’est rendu dans un motel de classe où il a l’habitude de passer le temps. Il s’y rend cette fois-ci en compagnie d’une très belle fille. Après avoir pris un pot et mangé avec son amante, ils se transportent dans une des chambres pour jouir du week-end. Quelques instants après, l’épouse du monsieur fait irruption dans le restaurant de l’hôtel de passe avec une de ses camarades. Dans la posture des clients en attente de leurs amants, elles furent servies. Discrètes et observatrices, elles guettent la porte de sortie des chambres de passe. Leur curiosité ne fera pas attendre. Satisfait et content, monsieur sort tout sourire avec la fille dans les bras. C’est en ce moment que madame et sa camarade sortent du restaurant pour se jeter sur leur petite rivale. L’homme prend ses jambes à son cou et fonce tout droit dans sa voiture. Il n’aura pas le temps de démarrer. La femme abandonne la jeune fille dans les mains de son amie et saute dans la voiture pour faire descendre son mari. Elle menace de mettre le 4×4 en pièce s’il tente de fuir. A deux, elles bastonnent la petite, déchirent ses habits, arrachent ses mèches et la mettent nue sous le regard impuissant de l’homme. La jeune fille a eu la vie sauve grâce aux travailleurs du motel.
Quand les pédés et les lesbiennes s’invitent dans les hôtels de passe
Les quartiers de Kipé, de Lambayi, de Kobaya, de Sonfonia … sont aujourd’hui spécialisés dans la promotion des motels et des maisons closes. Des villas cossues et des immeubles équipés sont réquisitionnés pour abriter les pères de familles et des gigolos pervers. Ces lieux servent aussi de nids pour les bandits de tous acabits.
Les révélations des gérants de ces maisons closes montrent à quel point la perversion des hommes a atteint le seuil de l’intolérable. Certains se rendent dans ces coins en compagnie de deux ou trois filles qui souvent ont l’âge de leurs petits-enfants. Ils les tripotent pour quelques francs guinéens. Selon toujours des gérants, parfois deux hommes peuvent entrer dans la chambre avec une fille. Ça été le cas dans une maison close au quartier Kénendé, à l’entrée de Dubréka, où une jeune fille après avoir subi les assauts sexuels de deux gaillards, est tombée évanouie dans la douche. Elle s’est retrouvée quelques heures plus tard, dans une clinique du coin.
Le cas le plus fréquent et surprenant que les gérants nous ont rapporté, c’est la fréquentation des femmes en uniforme. Pour la plupart issues des services de la douane. « Elles se présentent ici avec les filles qui ont les chaines aux pieds. Elles prennent des chambres pour des heures », affirme un vieux gérant d’une maison de passe avant de continuer. « Ces femmes viennent avec leurs amantes le plus souvent tard la nuit dans les grosses cylindrées. »
Vol, escroquerie et chantage sont monnaie courante
Les hommes qui fréquentent les hôtels de passe sont le plus souvent victimes du vol, d’escroquerie et de chantage de la part des filles. Suivons le témoignage d’un cadre de l’administration et de surcroît de la police : « Je venais de prendre mon solde. En route pour la maison à Taouyah, j’ai pris une fille en auto-stop. C’était une fille très belle. Je crois elle devait être une étudiante. Elle partait pour Kaporo me disait-elle. J’ai décidé volontiers de l’accompagner jusqu’à chez elle. Je lui ai proposé une escale à Kipé le temps de prendre un pot. Après avoir mangé et pris quelques verres, nous avons fait une virée dans motel. J’avais pris un verre de trop. La fille a profité de mon état d’ébriété pour extraire l’enveloppe qui contenait mon salaire. Elle descendue sur la grande voie pour entrer à pieds dans le quartier. C’est une fois à la maison que j’ai constaté le vol… »
Un vieux commerçant a été obligé de remettre une grosse somme à une petite fille qui avait filmé leurs ébats sexuels à l’aide de sa tablette accrochée au-dessus du lit. Elle a menacé le vieux jusqu’à obtenir dix-sept millions séance tenante. Elle avait, au cas où le commerçant ne sortait pas les sous, diffuser les images sur les réseaux sociaux.
Les hôtels de passe autrefois lieux de discrétion et de repos voire même de plaisir, sont devenus des espaces de scandales, de douleurs et de dépravations de nos mœurs
Enquête réalisée par Louis Espérant Célestin (In Journal d’Afrique no 077 du 29 août 2017)