Il est six heures du matin. Nous sommes à Kaloum, en face de la Direction Centrale de la Police Judiciaire. C’est l’heure de l’embarquement des vendeuses de poissons vers les marchés des communes. Les grosses bassines pleines de poissons frais superposées dans le coffre arrière, et même au-dessus, ont mis le véhicule à plat. Entassée à l’intérieur du taxi, les femmes se plaignaient et se lamentaient sur la manière dont sont transportées ce petit matin là : « Chauffeur, pousses ton siège vers le volant. Nos pieds sont trop serrés. Et s’il te plait, roules doucement ! Fais aussi attention aux gros camions !» A cet avertissement de l’une des passagères, le chauffeur de taxi répond avec arrogance. « Madame, ce n’est pas aujourd’hui que j’ai commencé à conduire…Et si vous n’êtes pas à l’aise, vous pouvez descendre… » Mais descendre pour aller où ? Les taxis et les minibus qui prennent ces genres de bagages le font qu’à cette heure. Trente minutes de plus et la longue attente commence.
A défaut des bus-bagages, les femmes vendeuses de poissons et de glace subissent chaque petit matin, les caprices et les mauvais traitements des chauffeurs de taxis, qui n’ont de respect pour personne. Et par malheur si les femmes ratent ces occasions, bonjour l’enfer ! Dans ce cas il leur faut déplacer les taxis à triple prix.
Nous voilà au carrefour de la cimenterie à 8heures. Vieillards, jeunes, femmes, commerçants, ouvriers, étudiants, élèves, fonctionnaires, chômeurs se sont donnés rendez-vous en ce lieu. Tous veulent rallier soit le marché de Madina où la commune de Kaloum, centre administratif et d’affaires. Chaque matin, à l’instar des autres arrêts de bus, cimenterie-carrefour accueille un monde fou. A cette heure de pointe donc, les quelques bus de la SOTRAGUI sont pris d’assaut par les passagers. Bondés par des ouvriers, élèves, des vagabonds et des pickpockets, ces bus refusent parfois de s’arrêter aux différentes plaques. Une fois à l’intérieur, c’est à une vraie fournaise que vous avez à faire. Les places étant insuffisantes, vous êtes tenu de vous arrêter. Et cela sur de longues distances. Ici, il n’y a aucun respect. Les jeunes sont assis aisément pour regarder les vieillards souffrir sans leur céder la place. Pour s’effrayer un passage est un parcourt de combattant. Il faut de la force physique et des cris. Est-ce que c’est même sûr que sortez du bus sans être victime du vol. Les portefeuilles, les téléphones et les PC sont souvent emportés par les voyous à l’intérieur de ces cars de transports en commun. Les tarifs ? Ils varient selon les tronçons. 1000 francs guinéens d’une commune à l’autre.
L’autoroute de km 36 à Kaloum : C’est la voie expresse des minibus. Si les bus de la SOTRAGUI, sont des fournaises, avec les Magbana c’est l’enfer. D’abord il est difficile de les voir à une certaine heure, et s’ils garent, les passagers sont entassés à l’intérieur comme des moutons. De par leurs faibles tarifs, ils restent le premier moyen de transports à Conakry. Arrivés pendant les guerres de la Sierra-Leone et du Libéria, les minibus arrangent les populations de Conakry démunies. Ceux qui n’ont pas les moyens de prendre les taxis. Mais voilà. Une fois assis à l’intérieur, vous êtes exposés à toutes sortes de discussions vulgaires. Des grossièretés à la bagarre, vous verrez tout. Si ce ne sont pas les passagers qui luttent les places, c’est l’apprenti qui se prend au collet avec les passagers à la descente sur un problème de monnaie ou de non paiement des frais de transports. Ces genre de scène sont fréquentent aux heures de pointe.
L’autre moyen le plus utilisé, reste les taxis. Ils circulent partout à Conakry. Sur l’autoroute Kaloum-Km36, Sur la Route de Prince-Dubreka, sur les différentes transversales et les corniches. Ici les chauffeurs ne sont pas vulgaires comme les apprentis des minibus, mais ils sont méchants et cupides. Ils ne respectent rien. Code de route ? Ce n’est pas leur problème. Le port obligatoire de la ceinture de sécurité ? Ils refusent de « s’attacher ». Surcharge ? C’est ça qui est bon pour eux. Tant pis des conséquences. Une fois à bord d’un taxi, attendez-vous à avoir un voisin comme charbonnier, mécanicien, un ivrogne ou un clochard dans sa tenue puante. Et cela ne dit rien à un chauffeur de taxi. Ce qui compte pour lui, c’est son argent. Débrouillez-vous derrière ! Il peut même prendre à bord de son taxi, une personne obèse qui vient vous écraser. Il va toujours vous demander de pousser ou de descendre si vous ripostez. Vous payez 1500, mais vous sortez avec des crampes, parfois des migraines pour les femmes en état de famille.
Les motos-taxis viennent compléter la liste des moyens de transports à Conakry. Rapides malgré l’embouteillage, ils facilitent le déplacement des populations d’un quartier à un autre. Cadres, ouvriers, commerçants, étudiants…Tout le monde utilise ce moyen rapide soit pour une course soit pour se rendre au service. Les tickets de transport coûtent plus cher qu’un taxi ou un bus, mais les gens préfèrent se déplacer avec. Où les voitures mettent assez de temps pour arriver, les motos-taxis parcourent le même trajet en temps record. Mais cette rapidité n’est pas sans conséquence. Les motos-taxis font beaucoup de dégâts.
Alpha legrand Diallo pour Conajryplanete.info

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