Femme leader 2015, Meilleur espoir féminin 2014, Présidente de l’Association des Jeunes Intellectuels de Guinée, Madame HABA Elise KOIVOGUI revient sur le sens de cette fête pour la Guinéenne.

En cette Journée internationale des femmes, j’ai envie de dire combien je suis fatiguée, combien nous sommes fatiguées. Nous, qui vivons dans cette société en tant que femmes et qu’on célèbre officiellement un jour par année. Nous, qui sommes exaspérées de tout faire, prises avec ce travail qui consiste à rappeler sans arrêt les violences dont on est l’objet, le sexisme qui nous étouffe, les charges mentales et émotionnelles qu’on nous attribue et qui viennent de pair avec notre invisibilisation. Nous qui sommes fatiguées de devoir toujours en venir à un ‘’moi aussi’’ pour espérer que les choses en viennent peut-être à changer. Nous qui portons depuis des siècles l’odieux qui consiste à dénoncer. Une journée en notre nom, ce n’est certainement pas assez. Mais peut-être aussi que c’est un peu trop… Je ne suis ni pour ni contre cette journée du 8 mars. Mais dans les faits, ça me parle peu. Parce qu’en marche depuis 1977 dans le but de mettre en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes ; on est encore loin du compte ! Nous avons plus de femmes battues, violées ou victime d’inégalité dans leur travail en Guinée. Le 8 mars devrait être une prise de conscience générale sur la condition de la femme ! Une infime proportion des femmes Guinéennes connaît notamment les véritables raisons de cette commémoration. Car pour beaucoup d’entre elles, la fête du 08 mars ne se limite qu’au port du pagne et l’organisation des fêtes à fortes envolées jambiaire et éthyliques. Ce qui n’est certainement pas un mal en soi. Mais n’est-ce pas un manquement de la part de celles qui prétendent profiter de cette journée internationale pour se réclamer des droits qu’elles ne peuvent pas assumer ? Il faut rêver un monde où on n’aura plus besoin de braquer la lumière sur les femmes pour les faire exister. Ce qui ne veut pas dire que la lutte féministe n’est pas nécessaire. Bien au contraire ! La lutte est urgente, elle doit continuer, et justement pour que les choses changent.