Son compatriote Camara LAYE l’avait précédé dans ce genre de récit initiatique qui plonge le lecteur dans les féeries de l’enfance en terre guinéenne. Aujourd’hui, Yaya CAMARA nous offre un tableau quasi semblable, mais en saisissant, d’une plume spontanée, toute la période d’avant et d’après l’indépendance. Une démarche qui permet au narrateur intra diégétique d’arrimer les soubresauts de son parcours aux mutations successives de la société. Dans ce roman quasiment à la frontière de l’autobiographie, le lecteur peut se délecter, sur un schéma oedipien, des merveilles d’une enfance caressée par le regard ininterrompu d’une mère qui rend l’âme, hélas, au moment où l’arbre luxuriant de la réussite porte ses premiers bourgeons. Le récit retrace le parcours de l’orphelin, alimenté par trois axes qui ne s’interpénètrent pas forcément : les duretés de la vie scolaire heureusement atténuées par une incessante plongée dans les pratiques culturelles du peuple mandingue, la vie professionnelle et ses

moments euphoriques, la vie affective, notamment la polygamie qui, pensée comme solution aux multiples crises conjugales, se découvre finalement comme une espèce de Tonneau des Danaïdes. C’est là que le récit de Yaya CAMARA, le « lagaré » (le dernier-né) porte un long cri sur les dangers de la polygamie. Aussi, le narrateur, brisant le ressort traditionnel du roman, introduit-il, à la fin du récit, une captivante énonciation argumentative sur ce régime matrimonial auquel il consacre une nouvelle actualité. « La polygamie n’est qu’un raccourci », nous avertit-il. Au-delà d’une morale de principe, il s’agit d’une invitation à la réflexion sur un sujet qui ne mourra pas demain. Surtout en ce siècle où les valeurs d’argent nous emportent dans l’absurde et nous font oublier que « L’homme n’a d’ennemi que lui-même ».

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Bientôt disponible au Centre Culturel FrancoGuinéen.