L’Aïd el-Kebir (Eid el-Adha), appelée fête de Tabaski ou fête du mouton est une fête très populaire qui commémore le sacrifice d’Abraham. Pour cette année, elle connait moyen d’engouement en Guinée. Interrogés, beaucoup de citoyens, justifient cette situation par la crise économique que traverse le pays.
Les difficultés sont à tous les niveaux, ont-ils soutenus. Pour preuve, le mouton se négocie à Simbaya dans la commune de Matoto entre 300 mille et 600 mille Gnf voire plus dans certains endroits. Cette hausse est due d’une part à la dégradation poussée des routes et d’autre part aux difficultés liées aux transports des bétails, nous a convié Hamidou DIALLO vendeur de bétails. « Ce n’est pas facile de transporter les moutons à cause du mauvais état de la route. Nous partons dans les villages reculés. Si tu sors pour aller au Mali (Bamako), les chauffeurs aussi demandent un prix exorbitant », confie-t-il.
El hadj Mohamed Condé, père de famille, dit être dans l’impasse. « Je ne compte pas habiller mes enfants à l’occasion de cette fête. Pis, je ne pourrai pas trouver aussi un bélier pour le sacrifice. Tout est cher et je n’ai pas assez de moyens. C’est n’est pas un refus de ma part. Qu’est-ce que je peux faire avec cette situation ? Nous sommes à la fin du mois. La fête c’est entre le 1er et le 2 septembre prochain. Nous n’avons pas été payés et pas un sous à la banque. Quand les moyens font défauts, il faut savoir limiter les dégâts. D’ailleurs, c’est ce qu’on doit manger le jour de la fête et l’ouverture des classes qui me préoccupent de plus », révèle-t-il.
Du côté des marchands, on se plaint de la rareté de la clientèle. Moussa Sylla vendeur explique que cette fête est très différente des fêtes de Tabaski précédentes. « Au paravent à l’approche de la fête, je pouvais vendre jusqu’à 15 complets par jours. Mais actuellement, si je vends trois à quatre complets, le jour là j’aurai beaucoup vendu. Les choses ont vraiment changé. Pas d’engouement, je viens au marché pour ne pas rester à la maison sans aucune occupation », se lamente-il.
Mamadou Ramadane Diallo, faisant une observation, il note voir beaucoup de personnes en longueur de journée mais l’achat est faible. « Les clients viennent demander les prix puis ils passent. Seuls quelques uns qui achètent. Quand tu leur dis le prix, ils vont te demander de diminuer jusqu’à un prix auquel toi-même, tu n’as pas acheté la marchandise. Tout le monde pleure qu’il n’y a pas d’argent », dénonce-t-il.
Aïssata Bangoura est au marché Avaria avec trois complets en main. Elle note que depuis le matin, elle n’a eu aucun client, même pour demander seulement le prix ! « C’est difficile pour vendre ! J’ai l’habitude d’utiliser un mégaphone. Mais, aujourd’hui, avec la pluie, les clients ne sortent même pas. Qu’à cela ne tienne, je continue mon petit commerce et je garde espoir».
Autres facteurs non des moindres est la rareté des clients dans les ateliers de couture. Les maitres tailleurs estiment que les clients préfèrent recycler leurs anciennes ténues au lieu d’en coudre une nouvelle. C’est le cas de Mamadou Kanté, un client rencontré à Sandervalia dans la commune de Kaloum. « Vue la cherté de la vie, j’ai préféré faire des économies en recyclant mon ancienne ténue que j’ai portée pendant la fête du Ramadan dernier. En plus, il faudra aussi que j’entretienne ma modeste famille », t-il déclaré.
Cherté ou pas, chacun tente de passer cette fête dans la joie selon les moyens qu’il dispose. Bonne fête aux fidèles musulmans !
Amirou Diallo pour Conakryplanete.info
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