4622359_3_47ba_au-debut-de-la-scene-emmanuel-sithole-au-c_cd41a63c26d1f5dbca7bafLa scène a duré quelques secondes, entre la première et la dernière image. En reportage, le 18 avril, pour l’hebdomadaire sud-africainSunday Times, le photographe James Oatway, qui accompagnait le journaliste Beauregard Tromp, couvrait les violences dont sont victimes les travailleurs immigrés en Afrique du Sud. Ils s’étaient rendus dans le township d’Alexandra, à Johannesburg, un qurtier où vivent près de 400 000 personnes dans des baraquements en dur ou en tôle, et qui avait été le théâtre de violences xénophobes.

Ce jour-là, devant l’objectif du photojournaliste, se trouve Emmanuel Sithole, un commerçant venu du Mozambique. Il est vivement pris à partie par un groupe de personnes armées « de couteaux ou de clés anglaises ».

« Ils s’apprêtaient à le tuer », témoigne James Oatway sur Lightbox, le blog de Time Magazine dédié au photojournalisme. « Cela se voyait à leurs visages », ajoute t-il. En quelques secondes, un groupe d’assaillants armés fond sur Emmanuel Sithole. Le Mozambicain est violemment battu, avant que ses agresseurs ne prennent la fuite après s’être rendu compte qu’ils étaient photographiés. La victime « a ensuite essayé de se relever avant de retomber. Puis il parvint à se déplacer, affaibli, le long de la rue », racontent les deux journalistes dans leur récit, paru dans leSunday Times.

Ils tentent alors de transporter l’homme gravement blessé dans une clinique proche, mais le seul médecin, lui-même étranger, ne s’est pas rendu à son travail, de peur d’être lui-même victime des violences. Les deux journalistes emmènent alors le blessé à l’hôpital d’Edenvale, sans pouvoir le sauver. « Un des coups de couteau lui avait transpercé le cœur. Il est mort en arrivant à l’hôpital. »

Les images, publiées le lendemain en une du Sunday Times, accompagnées du récit de Beauregard Tromp, n’ont pas manqué de faire réagir.