Les librairies par terre sont un autre marché du livre en plein essor dans la capitale et ses environs. Leur accessibilité et prix attirent de plus en plus de citoyens plutôt que de s’orienter vers des endroits spécialement installés à cet effet.

En dépit des attentes des Guinéens sur le choix Conakry, comme Capitale mondiale du livre pour cette année, les librairies par terre continuent de prendre l’ampleur sur celles officielles. Elèves, étudiants, professeurs, enseignants, parents et autres amoureux de la lecture préfèrent désormais se documenter à partir de ces endroits installés souvent dans un coin du marché ou en bordure de route.

Devant une libraire sise à Madina, la clientèle ne manque pas. Même en cette période de grandes vacances scolaires, certains continuent de s’en procurer et parfois avec des prix nettement abordables. Dans cette librairie, se trouvent tous les livres et pour tous les niveaux. Le client peut trouver des livres de grammaires, des dictionnaires, des romans de tout genre, les littératures de toutes sortes souvent entassées pêle-mêle.

Alpha Bah, parent d’élèves, explique que son attachement aux librairies par terre se justifie par l’absence de grandes librairies modernes dans la plupart des quartiers de la capitale Conakry. « Je loge à Koloma1. Nous n’avons même pas de bibliothèque privée ou publique. C’est pourquoi, à chaque nouvelle rentréescolaire, avant les inscriptions et réinscriptions de mes enfants, je pars à Madina pour chercher les livres pour eux. Je relève les noms des livres et le niveau de chacun suivant leurs programmes d’études », a-t-il ajouté.

Pour cette étudiante, les prix sont moins abordables au niveau des librairies officielles ou classiques. Aissatou Sall pense que les prix des livres dans les endroits reconnus ne sont pas à la portée du commun des Guinéens. « Dans les librairies officielles, les livres sont accompagnés par des étiquettes où les prix sont mentionnés. Les rares libraires qui existent sont réservées aux riches. Contrairement à la librairie par terre, où il y’a toutes les catégories. On peut trouver des ouvrages rares qui sont quasi inexistants à un bon prix. C’est la raison principale de cette affluence massive des gens au niveau des librairies par terre. Par exemple, c’est possible d’avoir un bon livre de mathématiques à 35 mille GNG contre 90 à 120 mille GNF dans les rares les librairies officielles», a-t-elle démontré.

Bien que développé, certains spécialistes de vente de livres parviennent aussi à maintenir leurs clients et à s’en sortir. C’est le cas de Boubacar Sow, gérant d’une librairie, qui estime que son activité marche bien. « J’ai des clients qui viennent acheter des documents pour leurs enfants régulièrement. J’ai même certains qui ont fait plus quinze ans avec moi. Ils me donnent les références et je trouve les documents. Je ne connais pas une autre activité. Toutes mes dépenses sont satisfaites à partir de ce travail», dit-t-il.

Le livre est considéré par l’Unesco comme un bien de l’éducation. Mais au regard de cette situation, force est de reconnaitre que Conakry souffre d’un manque criard de bibliothèques, notamment dans ses quartiers et villes environnantes. D’où l’importance de l’événement Conakry capitale mondiale du livre qui devrait être mis à profit pour résoudre cette situation. Car la Guinée est aussi membre du traité de Genève qui exempte les taxes sur livres. Un engagement qui semble rester feuille morte. « Partout nous voyons des affiches qui montrent la portée et l’importance de la lecture. On s’attendait à des installations des bibliothèques dans les quartiers et autres lieux. Mais aujourd’hui, ils sont nombreux qui disent que ce sont des sons folkloriques qui dominent », a déploré Aly Camara, entrepreneur.
Depuis le lancement de l’édition, Conakry capitale mondiale du livre, les organisateurs ne cessent d’annoncer la construction des bibliothèques de proximité dans les quartiers. Mais des mois après son lancement, cette annonce semble être un feu de paille classé sous l’angle de fausses promesses.

Djenab Diallo