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Le Real Madrid, le «plus grand club du monde» par son histoire et les valeurs qu’il est censé véhiculer, se comporte parfois de manière inappropriée. Un constat valable aussi bien pour le président, que pour certains dirigeants et supporters merengue.

Un président ingrat: l’exemple de Carlo Ancelotti

Nommé en juin 2013 pour trois ans, Carlo Ancelotti hérite d’un vestiaire affecté par le règne de José Mourinho et les conflits qui en ont découlé. Mais «Carletto» parvient à réinstaurer l’harmonie et la bonne ambiance au sein du groupe, et restaure par là-même la réputation de la Maison Blanche.

Surtout, en 2014, le Real Madrid remporte grâce à l’entraîneur italien sa fameuse «Decima», sa dixième Ligue des champions, derrière laquelle il courrait depuis 2002 et qui l’obnubilait depuis des années. Mais cela ne suffit pas aux yeux de Florentino Pérez, qui met fin en mai dernier au contrat du technicien. Un départ regretté par l’ensemble des joueurs, qui n’ont pas hésité à afficher leur soutien à leur ex-coach sur les réseaux sociaux.

Un président radin avec les «non-Galactiques»: l’exemple de Claude Makelele

Pour Florentino Pérez, il est inconcevable de payer grassement un joueur «qui ne tire jamais au but, qui n’est pas capable d’effectuer une passe de plus de dix mètres». C’est, en 2003, de cette manière réductrice que le président du Real définit Claude Makelele, pourtant considéré comme l’un des meilleurs milieux défensifs au monde et le stabilisateur de l’équipe lorsqu’il évolue au sein des «Galactiques».

Makelele en prend ombrage et demande à quitter le club. Acheté 24 M d’euros par Chelsea, l’international français confie ensuite dans France Football: «À Madrid on se foutait un peu de moi. Je devais émarger en douzième ou treizième position (125 000 euros nets mensuels, quatre fois moins que les Galactiques) alors que beaucoup de mes coéquipiers assuraient, même en public, que j’aurais mérité un peu plus de considération…» La saison suivante, le Real finit 4e de la Liga. Tout sauf un hasard.

Des supporters versatiles: l’exemple de Cristiano Ronaldo

Le Real Madrid doit être le seul club au monde où les supporters sont capables d’aduler puis de siffler un joueur auteur d’au moins 50 buts lors de cinq saisons d’affilée. Cela peut paraître surréaliste, mais c’est ainsi. Certes, Cristiano Ronaldo pêche parfois par égoïsme, mais tout de même, beaucoup de fans aimeraient que leur équipe possède un tel attaquant.

Ce changement de comportement suscite d’ailleurs l’incompréhension du triple Ballon d’Or et n’est pas anodin à ses sautes d’humeur et à sa volonté, parfois difficilement masquée, d’aller voir ailleurs. Preuve de cet agacement: la saison passée, stupéfait des sifflets descendants de Bernabeu après un hors-jeu de Marcelo, l’ancien Red Devil a adressé un regard noir au virage avant de lâcher un «Foda-se». Traduction polie: «Allez vous faire voir».

L’esthétisme au détriment du sportif: l’exemple de Vicente Del Bosque

Deux Ligues des champions, une Coupe intercontinentale, une Supercoupe d’Europe, deux Championnats d’Espagne et une Supercoupe d’Espagne: le palmarès de Vicente Del Bosque à la tête du Real Madrid est impressionnant. Mais, aux yeux de Florentino Pérez, il manque quelque chose d’essentiel au technicien: il n’est pas assez moderne ni glamour.

Le 24 juin 2003, après une émission de télévision où il est venu commenter le titre conquis deux jours plus tôt par les Madrilènes, Del Bosque apprend, au détour d’un couloir, qu’il a été sacrifié. «Je pensais que si un jour mon tour venait, Valdano (alors directeur sportif) m’en informerait personnellement, déclare, écoeuré, Del Bosque. Au lieu de ça, il a fait propager la nouvelle par des intoxicateurs, des gens du Real qui n’ont aucune idée de ce que représente la fonction d’entraîneur de la Casa Blanca (la Maison Blanche). Ça n’a pas été la manière la plus élégante de notre institution.»

Un community manager maladroit: l’exemple d’Iker Casillas

Quand l’un des «enfants» de la maison, qui a tout gagné avec son club de coeur, a passé seize ans dans l’équipe pro et pleure au moment de sa conférence de presse de départ, on évite de le «unfollower» sur les réseaux sociaux dès le lendemain de sa signature dans une autre équipe. C’est pourtant ce qu’a fait le Real Madrid, via son community manager, avec Iker Casillas.

Pas vraiment classe, ni intelligent… Car rien n’est plus rapide aujourd’hui que la propagation de l’information via, justement, ces moyens de communication. De toute façon, «San Iker», déjà pris en grippe par une partie de Bernabeu, avait eu un avant-goût de ce manque de tact. Au moment de ses adieux devant les journalistes, samedi, aucun dirigeant n’est venu à ses côtés sur l’estrade.

Un public capricieux: l’exemple de Guti

En quittant le Real Madrid en 2010, Guti a tenu à rendre hommage au public madrilène. Pourtant, le milieu de terrain en a bavé avec les aficionados du Real. Souvent pris à partie à cause de ses sorties nocturnes et sa présence en Une des magazines people, Guti a appris au fil des années à composer avec ce public capricieux. «Dans une saison, il ne se passe pas un seul match sans qu’une partie de Bernabeu ne me siffle. J’ai fini par me blinder», confiait ainsi l’élégant gaucher il y a cinq ans. Juste avant un départ en toute discrétion, après 24 ans passés au sein de la Maison Blanche.

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Iker Casillas, seul en conférence de presse lors de l’annonce de son départ. (L’Equipe)

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