palais-sekoutoureyaA l’approche de la présidentielle de 2015, la population guinéenne  s’apprêtent à vivre une période électorale très mouvementée. Les violences à caractère politique qu’a connu le pays par le passé et celles récemment enregistrées lors des dernières manifestations politiques inquiètent aujourd’hui bon nombre d’observateur. Notamment les organisations de la société civile guinéenne et internationale qui, partant du fait qu’à cette période, on enregistre souvent de graves violations de droits humains, estiment que tout citoyen qui veut désormais avoir la magistrature suprême, pour une candidature digne de foi devrait, avant la présidentielle de 2015, s’engager a promouvoir les droits humains en le matérialisant par cet acte de bonne foi en signant 10 engagements relatifs à la promotion des droits humains et à la participation à une élection présidentielle apaisée en Guinée.

C’est une  initiative prise par les organisations de la société civile guinéenne et internationale, notamment l’OGDH (Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen), la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme) et une vingtaine d’OSC nationales est partie d’un certain constat, notifié dans un document remis ce mercredi aux journaliste à la maison de la presse qui est publié aussi en ce moi de mai 2015.

Il s’agit des violences à caractère politique et les graves violations des droits humains perpétrées en Guinée depuis des décennies, notamment les exactions perpétrées au Camp Boiro et sur l’ensemble du territoire, en 1985, en janvier et février 2007, le 28 septembre 2009 et les jours suivants, et qui ont visé toutes les communautés nationales. Ces violations ont mené la Guinée dans un déficit grave de démocratie et de gouvernance, de mauvaise gestion, de coups d’États et de violations graves des droits humains. Mais aussi, la reconnaissance de l’importance d’élections libres, démocratiques et transparentes comme la base d’une démocratie apaisée et d’un développement durable et profitable à l’ensemble des populations guinéennes.

Partant de ce qui précède, ces organisations estiment que tout (e) candidat (e) à la présidentielle de 2015 en Guinée doit auparavant s’engager à « défendre et promouvoir les droits humains ». De quelle manière ? En s’engageant par une signature, de respecter les 10 engagements ci-dessous.

Engagement n°1 : Promouvoir et protéger à tout moment les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels ainsi que les libertés fondamentales garantis par la Constitution et les instruments internationaux auxquels la Guinée est partie et particulièrement concernant les droits des femmes ;

Engagement n°2 : Promouvoir un esprit républicain, la paix, le dialogue, le respect des institutions, d’une société civile diverse et des médias indépendants pour l’avènement d’une démocratie apaisée mais vivante ;

Engagement n°3 : Garantir une expression politique et publique apaisée qui écarte tout appel à la violence, à la haine ou à la discrimination pour des raisons ethniques, politiques, raciales ou de genre ;

Engagement n°4 : Reconnaitre les résultats de l’élection présidentielle conformément au guide de conduite prévu par la Charte africaine sur la démocratie, les élections et la bonne gouvernance que la Guinée a ratifiée le 17 juillet 2011 et à ne pas appeler, soutenir ou participer à toute forme de changement anticonstitutionnel de gouvernement ;

Engagement n°5 : Garantir les libertés d’expression et d’action des journalistes et de la société civile en particulier l’indépendance et l’intégrité des journalistes, des organes de presse, des militants de la société civile et des défenseurs des droits de l’Homme dans leurs actions militantes;

Lutter contre toute impunité, notamment :

Engagement n°6 : Engager et mener des procédures judiciaires contre tout auteur de violations des droits humains et de crimes particulièrement dans le cadre de manifestations ou de violences à caractères politiques ;

Engagement n°7 : Prendre les mesures nécessaires pour mener à leurs termes les procédures judiciaires et l’organisation de procès sur les crimes les plus graves en Guinée notamment ceux du massacre au stade le 28 septembre 2009, de novembre 2010 , de janvier et février 2007 ainsi que de rechercher, poursuivre et juger dans le respect des normes internationales les auteurs présumés de violations graves des droits humains et en n’accordant aucune immunité aux auteurs de ces crimes ;

Engagement n°8 : Garantir l’indépendance de la justice, coopérer avec les autorités judiciaires et garantir un budget suffisant pour mener à bien des procédures équitables, impartiales et respectueuses des droits inaliénables des victimes et de la défense, ainsi que de promouvoir et garantir des enquêtes indépendantes et impartiales sur les violations des droits humains et du droit international pénal, notamment en coopérant avec la Cour pénale internationale, conformément aux engagements pris par la Guinée, s’agissant de la poursuite de tous les présumés responsables des crimes commis au stade le 28 septembre 2009 et au cours des jours suivants ;

Poursuivre l’action en faveur de la modernisation de la justice, notamment en menant à bien la réforme des principaux codes de lois et en veillant à ce que ceux-ci transposent de manière fidèle et précise l’ensemble des instruments de protection des droits humains auxquels la Guinée est partie et particulièrement concernant les droits des femmes ; et continuer d’améliorer la transparence, la gouvernance démocratique, la lutte contre la corruption, l’État de droit notamment dans les nominations, et les pratiques des institutions et des agents de l’État ;

Contribuer à la réconciliation nationale, notamment :

Engagement n°9 : Appuyer le processus de consultation de la population sur les termes, les conditions et les personnes chargées de mener un réel processus de réconciliation nationale basé sur la vérité, la justice, la réparation des préjudices subis et les réformes institutionnelles permettant la non-répétition des crises et des violations des droits humains;

Engagement n°10 : Sur la base des consultations nationales menées, mettre en place une Commission de réconciliation qui aura pour mandat l’écoute et le rétablissement des victimes dans leurs droits, et à laquelle il sera donné des moyens suffisants pour mettre en place les conditions d’une réconciliation entière et durable afin de prévenir la récurrence des violations des droits de l’homme et des conflits en éliminant leurs causes structurelles.

Saly  pour conakryplanete.info