Conséquence d’une paresse ou handicape, la mendicité est une pratique de plus en plus courante qui prend des proportions inquiétantes. Les lieux publics notamment les mosquées, les marchés, les carrefours et autres places publiques restent les points de concentration par excellence de cette classe sociale.
Le phénomène de mendicité est loin d’atteindre son épilogue en Guinée. A Conakry comme à l’intérieur du pays, cette pratique devient de plus en plus l’une des meilleures formes de gagne-pain d’une certaine couche sociale. Une situation qui se passe au nez et à la barbe du gouvernement à travers son département en charge de l’action sociale et de la promotion féminine.
Au rond-point de Hamdallaye, Mariama Diallo, accompagnée de ses trois enfants y passent la journée, bravant toutes les intempéries à la recherche du quotidien à travers la mendicité. « Je suis manchot et veuve depuis sept ans maintenant. Mon mari avait commencé à construire une maison pour nous. C’est la finition qui restait quand il nous a quittés. Sans métier et autres moyens pour faire le commerce, j’ai commencé à mendier. Aujourd’hui, nous vivons de mendicité. Nous venons ici pour chercher l’argent et nourrir nos enfants. Il y’a des bonnes personnes qui me donnent sans que je ne demande. Certains voisins nous apportent à manger et des habits. Ce n’est pas parce que j’aime quémander, mais aujourd’hui, je ne peux rien faire comme travail. Pas de soutien. Si mes enfants finissent leurs études, vous n’allez plus me voir dans la rue pour demander assistance », confie-t-elle.
Expliquant son calvaire, M’mah Sacko âgée de 30 ans, soutient qu’elle vit dans la cité de solidarité depuis le dernier déguerpissement par l’Etat en décembre2013. « Nous sommes nombreux dans cette cité, il manque de places. L’Etat nous a abandonné. Nous bénéficions aucune assistance. On ne peut pas rester sur place et gagner de quoi manger. Le matin, je sors avec mes enfants et chacun se dirige vers une direction. C’est le soir qu’on se retrouve pour faire le bilan de la journée. Le plus petit qui a huit ans, amène au moins 45 000 GNF par jour mais le grand qui a 12 ans, présente 15 à 20 000GNF. Je veux qu’ils étudient ou apprennent un métier. Mais la situation actuelle n’est pas favorable. A chaque fois que je vois un maitre de garage, ils me disent : ‘’ oui mais le logement et le manger, c’est à moi d’assurer pour l’enfant’’. Je vis les conséquences de ne pas apprendre un métier ou étudier. Je n’ai aucun moyen pour sauver mes enfants», se lamente-t-elle.
Au pont de Madina, ils sont nombreux à occuper l’espace. Âgés de 6 à 13 ans, des Albinos collent toutes les personnes qui passent à ce niveau. Souvent mal habillés et chaussés, ces enfants passe la journée à réclamer de l’argent aux passants. Une pratique que déplorent certains citoyens qui invitent le gouvernement à s’intéresser au cas de ces enfants.
«J’étais avec ma copine quand une fillette albinos est venue prendre ma main. Je n’y pensais même pas. Ce sont mes cris qui ont alerté mon amie. Cela n’a pas fait reculer cette petite qui tenait toujours ma main. C’est quand mon amie a donné les petits jetons qu’elle à fini par me lâcher. Les enfants qui quémandent dans les autres pays comme le Sénégal n’utilisent pas le même système. Dans ce pays, ils tiennent des boites qu’ils tendent aux passants », décrit Mariam Bangoura, une jeune trentagénaire.
Pour beaucoup de citoyens interrogés, l’Etat devrait prendre ses responsabilités au risque de compromettre l’avenir de la Nation. D’autres fustigent par contre le comportement de certaines mères de familles qui exposent les enfants à ces pratiques au risque et péril de leur santé.
Djénabou Diallo