Avec une clause libératoire à 222 millions d’euros pour s’offrir Neymar, le PSG opère le transfert le plus cher de l’histoire du football.
Contre 222 millions d’euros, le Brésilien quitte Barcelone pour Paris, où il doit signer ce jeudi. Avec cette star planétaire, le PSG change de dimension. C’est le transfert du siècle.

Thierry Granturco, avocat spécialisé dans le sport, commente les chiffres astronomiques du transfert de Neymar au PSG. Comment ce transfert hors normes est-il possible ?

THIERRY GRANTURCO. Il y a un calcul savant derrière qui permet au PSG de s’assurer que face à ces 222 M€ de charges, il y aura des produits plus ou moins équivalents qui le laissent dans les clous du fair-play financier exigé par l’UEFA. Il n’y a pas d’autres possibilités que de vendre des joueurs. L’année 1 de cette opération sera une année de dépenses, avant des recettes ultérieures.

Ce transfert peut-il devenir rentable in fine ?

A priori, cela reste une superbe opération. Grâce à la puissance de frappe des services marketing et commercial du PSG, cela devrait permettre au club de gagner de l’argent. C’est compliqué à comprendre parce qu’au départ, on se prend en pleine face des montants astronomiques. Quand on en reste là, on se dit : « C’est inacceptable ! » Mais quand on examine le bilan du PSG à la DNCG (NDLR : Le gendarme financier du football français) chaque année, on voit un travail remarquable en termes d’exploitation commerciale des joueurs. Après avoir dépensé énormément d’argent, le PSG, maintenant, en gagne.

Comment Paris va générer des recettes supplémentaires ?

L’économie du foot a changé. Auparavant, un joueur, c’était un coût. Aujourd’hui, un footballeur est avant tout un produit. L’image transforme le joueur en homme-sandwich. Tout passe essentiellement par la télévision, avec la publicité, ou des partenariats avec des équipementiers, des sponsors, des Etats. Le PSG sait très bien le faire. Je ne doute pas qu’on va bouffer du Neymar à ne plus en vouloir. Cela va générer des revenus qui vont équilibrer, voire couvrir l’arrivée de la star.

Des chiffres qui donnent le tournis

222 millions d’euros. C’est le montant de la clause libératoire de Neymar fixée lors de la prolongation de son bail (jusqu’en 2021) avec le FC Barcelone l’année dernière. Elle permet au joueur de mettre un terme à son contrat qui courait jusqu’en 2021 sans que le Barça ne puisse s’y opposer. Ce système est interdit en France. A titre d’exemple, la clause de Cristiano Ronaldo au Real Madrid s’élève à 1 Md€. Selon nos informations, le PSG a trouvé une solution juridique pour payer le montant à la Ligue espagnole. Les 222 M€ ne transitant pas par Neymar, ils ne peuvent être considérés comme un salaire ou une prime et ne seront donc pas taxés.

30 millions d’euros. C’est le salaire par an que touchera Neymar à Paris. Le Brésilien a négocié ce montant net d’impôts comme le font les stars du foot qui veulent se prémunir d’éventuels changements fiscaux au cours de leur contrat. Neymar va donc percevoir l’un des plus gros salaires du monde du football. Messi, qui vient de prolonger à Barcelone, touche 35 M€, alors que son rival Cristiano Ronaldo, au Real Madrid, émarge à 32 M€.

35 millions d’euros. Les différentes commissions relatives au transfert de Neymar s’élèvent à 35 M€ réparties entre le joueur et son père, mais aussi différents intermédiaires. En général, ces primes sont versées à la signature du contrat.

110 millions d’euros. Voilà ce que Neymar devrait rapporter à l’Etat français lors des cinq prochaines années. L’attaquant touchera 30 M€ net par an, son employeur devra donc rajouter plus de 20 M€ au titre des charges sociales et patronales. Si le Brésilien va au bout des cinq ans prévus par son contrat, le total de ces charges s’élèvera donc à plus de 110 M€. Un jackpot auquel il faudra ajouter la TVA sur la vente des maillots et produits dérivés vendus à l’effigie de la star brésilienne.

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