cellou et alphaSans surprise, la Cour constitutionnelle a proclamé le samedi dernier avec plus de 57%, la victoire du président sortant au premier  tour de l’élection présidentielle du 11 octobre.  En validant ainsi les résultats de la Ceni, qui l’avait annoncé dès le premier tour, la Haute juridiction du pays  donne désormais  quitus à  Alpha Condé pour conduire les destinées de la Guinée pour un deuxième mandat successif.  

Si théoriquement  ce  score  lui est suffisant pour diriger en sa convenance,  en réalité, compte tenu des difficultés vécues tout au long du processus électoral, l’opposition n’ayant jamais cessé de  dénoncer  des fraudes massives au profit du pouvoir, les choses  ne seront pas aisées pour Alpha Condé pendant  l’exercice de son second mandat. Surtout qu’à travers cet  argumentaire de fraudes, l’opposition demeure fermement, malgré le verdict de la Cour constitutionnelle, dans sa logique de ne pas  reconnaître  Alpha comme président de la Guinée. Une position radicale qui pourrait cheminer tout droit le pays  à la déstabilisation si les partisans de Cellou  Dalein Diallo, le  Chef de file de l’opposition, venaient à mettre à exécution  leurs menaces de manifestations de rue et de  désobéissance civile.

Cependant, la Guinée pourrait ne pas être déstabilisée si tous les acteurs politiques abandonnaient leurs égos au profit de l’intérêt de la nation. Ce qui est bien possible mais  exige de chacun une bonne dose de patriotisme. Encore faut-il que les guinéens se parlent et concertent sans exclusif pour essayer de comprendre et répertorier ensemble toutes les choses qui ne marchent pas dans leur pratique démocratique, pour enfin les corriger. Ce qui devra aboutir  logiquement  à la mise en place d’institutions fortes. Telles qu’une Ceni consensuelle et équitable (qui ne sera plus soupçonnée d’être partisane) mais  surtout d’une Cour constitutionnelle  hautement responsable,  dont les arrêts en matière électorale ne puissent plus faire l’objet d’aucune contestation. Comme au motif de favoritisme au profit d’une partie quelconque.

Compte tenu donc de la  réalité des  difficultés constatées dans l’organisation de la présidentielle et  de graves  troubles, qui ont émaillé le scrutin durant  tout le  processus électoral, dans le souci de préserver la cohésion et l’unité nationales dans le pays, le tout nouveau chef de l’Etat devra, sans attendre, concentrer tous ses premiers efforts à rassembler d’abord tous les fils du pays, en l’occurrence ses opposants les plus irréductibles. Ce, autour de la quête permanente de la stabilité sociopolitique, gage  de tout  développement économique. A cet effet, Alpha Condé, si ça n’est pas  encore le cas, doit se donner  toutes les  forces  et l’énergie nécessaires  de se défaire de toute  emprise  partisane, en se mettant désormais au dessus de la mêlée, pour ouvrir des concertations inclusives avec toutes  les forces vives de la nation. Un cadre formel et inclusif dont  l’opposition guinéenne doit en constituer le  principal socle.

De même l’opposition guinéenne, qui, au lieu du terrain juridique, a malheureusement choisi la rue pour se faire entendre, est tenue de jouer la voie de l’apaisement  politique pour empêcher que la Guinée ne dérive  dans  l’anarchie et le chaos.  Ce qui augure  aussi de sa crédibilité. D’autant plus qu’elle  est condamnée après tout à composer avec le pouvoir pour permettre la résolution des problèmes politiques évidents  et récurrents dans le pays.

Ainsi si  Alpha, en tant que garant  constitutionnel de l’unité et la cohésion nationales, doit s’assumer, il y va de même pour tous les acteurs politiques guinéens. Notamment Cellou.  Pour qu’enfin  leur pays sorte du tourbillon électoral qui le caractérise depuis plus d’un lustre. Car la  Guinée,  au stade de sa pratique démocratique, a non seulement besoin de tous ses fils pour l’ancrage du fait démocratique, mais aussi de leur implication personnelle pour  l’amorce de son développement  socioéconomique.

Avec: Maliactu & Le challenger (Gaoussou M. Traoré)