serment-ouattaraInvesti solennellement mardi pour un nouveau mandat de cinq ans, le président Alassane Ouattara a appelé de ses voeux la construction d’une « Côte d’Ivoire nouvelle », promettant de renforcer le processus de réconciliation, de mieux redistribuer les richesses et de rédiger une nouvelle Constitution.

« Vive la République! Vive la Côte d’Ivoire nouvelle », a-t-il conclu son discours d’investiture, après avoir promis de changer son pays à la fois au niveau économique et politique.

« Je n’ai aucun doute qu’ensemble nous allons réussir », a-t-il estimé lors de la cérémonie au Palais présidentiel d’Abidjan à laquelle assistaient six candidats à l’élection dont Pascal Affi N’Guessan. Le représentant du Front Populaire Ivoirien (FPI), le parti créé par l’ancien adversaire de Ouattara, et ex président Laurent Gbagbo, a récolté 9,29% des voix alors que l’aile dure du parti avait prôné le boycott du scrutin.

Une présidentielle apaisée et crédible dans ce pays, premier producteur mondial de cacao et poids lourd économique d’Afrique de l’Ouest, était jugée fondamentale pour tourner définitivement la page des violences meurtrières qui avaient suivi la victoire en 2010 de Ouattara sur Gbagbo.

– L’opposition attend de voir –

L’action économique a été sans doute la base du triomphe électoral d’ADO (Alassane Dramane Ouattara), réélu dès le premier tour avec 83,66% des voix. Il a d’ailleurs promis de continuer à « travailler à l’amélioration de vos conditions de vie (…), à procéder à la transformation de notre économie en mettant en oeuvre des réformes visant à assurer un meilleur partage des fruits de la croissance ».

« L’industrialisation que nous allons promouvoir aura pour socle la transformation des produits agricoles pour générer des emplois », a expliqué l’ancien haut-dirigeant du Fonds monétaire international (FMI), qui a écarté devant la presse l’idée d’un changement de gouvernement.

Après une décennie de crise politico-militaire qui a miné l’économie, la Côte d’Ivoire connaît une croissance moyenne de 9% par ans depuis 2011, selon les chiffres officiels. Mais le chômage, dont il n’existe pas de statistiques fiables, reste très fort de l’aveu même du président qui veut que « les jeunes » et les « femmes » soient une priorité.

ADO a ainsi promis des fonds « afin de permettre à un plus grand nombre de femmes de sortir de la précarité ».

Mais, c’est sur le plan politique que Ouattara a le plus de travail, afin de réconcilier son pays alors qu’une partie de l’opposition a appelé au boycott de la présidentielle.

« Nous devons renforcer notre processus de réconciliation », a-il dit, promettant aussi une nouvelle Constitution « qui doit garantir l’égalité de tous, la cohésion nationale et la stabilité de nos institutions ».

« Les modifications que nous comptons apporter vont tenir compte de notre histoire, notre culture et des valeurs que nous voulons promouvoir pour la Côte d’Ivoire nouvelle », a-t-il souligné dans une claire allusion à « l’Ivoirité », l’un des facteurs ayant conduit le pays à une décennie de troubles qui s’était conclue par la mort de 3.000 personnes pendant les cinq mois de violences ayant suivi la présidentielle de 2010.

ADO a reçu les félicitations des présidents sénégalais Macky Sall, président en exercice de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), et béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), venus assister à son investiture.

M. Sall a estimé que l’élection ivoirienne, dans la paix et la transparence, était « une récompense pour la démocratie africaine » en général. M. Boni Yayi l’a qualifiée de « belle leçon à l’humanité » et plaisanté sur la bonne santé économique et politique du pays en lançant « La Côte d’Ivoire +is back+ ».