sommet MalteLes dirigeants européens et africains réunis jeudi à Malte lors d’un sommet sur les questions migratoires ont adopté un plan d’action prévoyant un fonds d’1,8 milliard d’euros pour financer des projets de développement et une meilleure gestion des réfugiés. Des conclusions loin d’être spectaculaires et qui laissent plusieurs questions sans réponse.

L’accord final n’est qu’un cadre politique, soulignent les diplomates. A l’évidence, Européens et Africains devront continuer à discuter. Notamment de la réadmission dans leur pays d’origine des déboutés du droit d’asile en Europe.

D’accord sur le principe, les Africains demandent encore des précisions sur les modalités concrètes de cette demande européenne. Le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de la Cédéao, a clairement fait savoir que l’Afrique de l’Ouest refuserait toute mesure qui la contraindrait à violer ses propres règles.

Si l’ouverture de centres de rétention en Afrique a été catégoriquement rejetée, une plus grande coopération pour lutter contre les trafics a été décidée avec enthousiasme. C’est le Niger notamment qui va ouvrir la voie, avec la création d’une force d’investigation conjointe pour ce pays carrefour.

Qui accueillir ?

Mais la question de la mobilité légale des Africains vers l’Europe reste dans le vague. Le doublement des visas pour les étudiants et les chercheurs ne règle pas la question de la difficulté et des vexations pour obtenir un sésame vers le Nord.

Et pour ce qui est du renvoi dans leur pays d’origine des sans-papiers en Europe, peu d’avancées. Dix pays volontaires vont participer à une expérience visant à mieux déterminer la nationalité des migrants qui pourraient être renvoyés, sur la base du volontariat, mais rien de plus.

L’Erythrée étant le premier pourvoyeur de passagers des bateaux de fortune qui s’élancent de la Libye, aucune annonce n’a été faite sur le sujet. Aucun projet n’a été lancé au Soudan ou en Libye, pays que traverse la route qu’ils empruntent. Un soutien financier à l’Ethiopie voisine a simplement été convenu pour qu’elle puisse faire face à l’afflux mensuel de milliers de fugitifs.

La démonstration dunité de lAfrique

Pendant ces 24 heures, ce qui a été marquant, c’est l’unité africaine face aux demandes européennes.

On a ainsi pu voir le président ivoirien Alassane Ouattara reprendre mot pour mot le discours de la présidente de la Commission africaine. Les présidents nigérien et sénégalais ont répété de concert que les 1,8 milliard d’euros promis par l’Europe étaient bienvenus, mais insuffisants si l’on souhaite prendre la question du développement de l’Afrique au sérieux. Tous deux ont également dit que la gouvernance du commerce mondial était injuste et contribuait à vider l’Afrique de sa jeunesse.

Il semble donc que le bloc africain, sûr du bien-fondé de son analyse, a pris l’Europe au mot, quitte à bousculer ses partenaires du Nord. De l’aveu des négociateurs, de nombreuses réunions restreintes ont été nécessaires au cours du sommet pour parvenir à des annonces. Et les discussions ont parfois été difficiles, comme en a convenu le Premier ministre maltais Joseph Muscat.

Finalement, l’Afrique a répondu clairement aux questions qui lui ont été posées par l’Europe : pour que les Africains restent chez eux, il va falloir moins de crispations et plus d’intelligence.

RFI