A Conakry comme dans les villes de l’intérieur, les populations se font la loi sans faire recours à la gendarmerie, aux tribunaux ou aux commissariats. Véritable entrave au droit de l’homme et une violation grave à la loi, cette justice décidée et appliquée par les citoyens, est reconnue par son caractère barbare, impartiale et souvent injuste.
Thierno Oumar Kanté est un étudiant âgé d’une vingtaine d’années. Le 30 juin dernier, un homme a tenté de pénétrer dans sa chambre sise à Koloma1, commune de Ratoma alors qu’il dormait. Réveillé par des bruits de pas près de sa porte, il s’est levé silencieusement de son lit pour voir de quoi il en retournait. Et là, il voit un individu qui s’attaquait à sa porte. Son premier réflexe a été de crier.
La réaction de ses voisins a aussi été immédiate. Venus en masse en aide à leur voisin, ils ont fini par capturé le suspect qui a été fouetté et battu à mort.
Un scénario identique s’est produit à Dar-es-salam 1, dans la commune de Matoto le 19 juillet dernier. Cette fois-ci, c’était un présumé voleur de chaises qui a payé les frais de ses actes. La foule était sans pitié. D’autant plus que le suspect a fait preuve de résistance. Ce qui lui a valu des coups de hache jusqu’à ce que mort s’en suive.
Dans le mois de juillet, un jeune a payé de sa vie les forfaits qu’il a commis dans le marché de Madina. Pris en flagrant délit de vol d’une balles de fripes, il a été brulé vif.
Il faut dire que ces actes identifiés à la vindicte populaire sont très récurrents depuis un bon bout de temps dans le pays. Même si ces comportements sont punissables par la loi, force est de reconnaitre qu’ils ne méritaient pas de sentence populaire.
«Plusieurs sont conscients du fait que se faire justice soi-même est un acte aussi barbare que puni par la loi. Toutefois, si la population agit ainsi, c’est surtout par solidarité et avec le seul objectif de réparer une injustice, car dans la plus part des cas, ce sont les gens pauvres qui se font les victimes. Quant aux aisés, ils ont largement les moyens de se payer des agents de sécurité pour se protéger des individus malveillants. Une injustice qui provoque parfois une rage aveugle et souvent incontrôlable. Bien évidemment, il y a ceux qui s’opposent à ces châtiments extrêmes, et alertent aussitôt les forces de l’ordre».
Pour Maitre Cécé Kamano, la vindicte populaire est la conséquence directe du manque de confiance en la justice du pays. «Une population qui n’a pas foi en sa justice ne trouve mieux que de se faire justice elle-même, d’ailleurs c’est ce que reflète ces actes répétés. Il est temps pour les autorités de réagir et de mener des vraies actions dans ce sens, et ce dans l’immédiat afin que la confiance de la population à notre égard puisse renaître », souhaite-il.

Alpha Legrand Diallo pour Conakryplanete.info

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