Beni Diogo Kouyaté, est un jeune diplomate guinéen, qui a été médiateur dans la crise qui secoue la république centrafricaine. Actuellement, il est le Conseiller Personnel Permanent du premier ministre burkinabé de la Transition, LT Yacouba Isaac Zida dans le cadre d’un vaste chantier de réconciliation nationale et de réformes. Interview à bâtons rompus avec GuinéeTime.
GuinéeTime : M. Kouyaté, vous aviez pris une part active dans la médiation entre les belligérants en République Centrafricaine. Revenez sur cette expérience….
Beni Diogo Kouyaté : J’ai été effectivement désigné médiateur dans Le conflit centrafricain après plusieurs tentatives de nomination d’un médiateur national venant de la RCA même. Ceci ayant échoué, les belligérants : les Antiballaka et ex Séléka, unanimement, m’ont désigné comme médiateur. Ce qui a été entériné par la présidente de la transition Cathérine Samba Panza. J’ai assumé cette fonction durant 9 mois…Une chose qui n’a pas été facile du tout.
Quels sont les résultats atteints par vos actions ?
D’abord j’ai essayé de calmer la tension, les touts premiers accords de cessez-le-feu à Bangui, avant l’arrivée du
Secrétaire général de l’ONU, Ban-ki Moon. J’ai pu obtenir cela à 48 h de son arrivée…Une toute première rencontre entre les belligérants après plusieurs mois de violences, d’affrontements, de défis lancés et l’échec de la médiation sous-régionale. Depuis, une lueur d’espoir était née dans cette médiation centrafricaine. Beaucoup d’institutions sous-régionales et même internationales n’avaient pas pu.
En dépit de tout, vous avez fait votre lettre de démission que nous avions vu dans la presse
La démission n’est pas intervenue brusquement…Elle a été motivée par plusieurs raisons personnelles et professionnelles. La présidente Samba Panza n’était pas d’accord, mais par la suite elle a acceptée. Plus de 9 mois à la tête de cette médiation, après un tour dans les 4 grandes villes jugées impénétrables par des médiateurs, j’ai vu qu’on voulait détourner cette médiation de ses objectifs. Cette crise était militaro-politique mais d’autres pour des appétits politiciens, l’ont détourné pour en faire une crise confessionnelle, communautaire. Cela a été un premier dérapage.
La médiation centrafricaine est torpillée. Après l’Accord de Brazzaville signé sous l’égide du médiateur international Denis Sassou Nguesso, il était question d’organiser des commissions régionales de réconciliation. Le pays compte 16 régions administratives. Aujourd’hui, rien n’a été fait. Un seul pays, un même peuple, nous avons noté plusieurs chefs de médiation. Nous avions appris sur le terrain que « Beaucoup de médiateurs tuent la médiation ». Au moment où on pensait être seuls sur le terrain, la médiation des centrafricains nous voyaient très clairs parcequ’ils étaient associés à tout. C’est une crise entre centrafricains, tout d’abord. Le destin de la Centrafrique se joue aujourd’hui loin de la Centrafrique. Une médiation se tient à Brazzaville, une autre à Naîrobi au Kenya, loin des centrafricains. Quels seraient alors les résultats capables de constituer une lueur d’espoir pour les centrafricains ?
Vu tout cela, en tant que jeune médiateur, je ne saurai m’associer à cela avec des gens qui ne parlent que de leurs souvenirs, et moi je défends mon avenir. Le peu que j’ai pu apporter est indéniable. Je préfère que les centrafricains retiennent ça de moi.
Vous êtes aussi vu à Ouagadougou depuis la mise en place de la Transition.
Il y a eu une insurrection au Burkina qui a vu le départ du président Blaise Compaoré. Il y a eu plusieurs médiations dans cette crise. Le peuple burkinabé a été très mâture dans la gestion en un temps bref de cette crise que beaucoup prévoyaient pour un long moment. Ma venue ici n’est pas fortuite. J’ai reçu un appel et j’avais une volonté de servir la sous-région et ce beau pays. J’ai été nommé par le premier ministre de la Transition Yacouba Isaac Zida comme Consultant Personnel Permanent dans le cadre de ses multiples projets de réconciliation et de dialogue national. Nous avions longtemps travaillé par rapport à la mise en place Commission nationale de réconciliation et des réformes qui est déjà annoncée et dont la mise en place officielle est très prochaine. J’ai été l’émissaire pour déposer, un peu partout en Afrique, les lettres d’invitation aux hautes personnalités.
En Afrique, Karim Wade a été condamné par la Crei à 6 ans d’emprisonnement pour détournement de deniers publics…Quelle analyse en faites-vous ?
Karim est un grand frère que j’ai rencontré à maintes reprises. Macky Sall, dès son arrivée au pouvoir, je l’ai respecté par rapport aux réformes qu’il a engagées. Procès politique ou pas, quoiqu’on dise,, il faut préserver cette unité au Sénégal, une fierté en Afrique. La maturité démocratique du Sénégal est un acquis à préserver. On n’a pas besoin de troubles dans un pays comme le Sénégal. A cause de tout cela, j’exhorte -sachant bien ce qu’est la réalité-le président Macky Sall à grâcier son frère Karim Wade pour préserver l’unité et l’entente des fils au Sénégal.