Devant la tournure tragique que commence à prendre la crise burundaise, la communauté internationale, à travers l’ONU et la CEEAC, éprouve la nécessité de jouer au sapeur-pompier. Elle voudrait éviter que ce pays-poudrière ne s’embrase de nouveau. Circonscrire le feu qui couve au Burundi est par ailleurs d’une importance capitale, eu égard à la précaire qui règne dans toute cette région des Grands Lacs.
Pour autant, le travail qui attend les émissaires de l’ONU et les quatre ministres de la CEEA n’est pas des plus aisés. Naturellement, il aurait été facile pour la communauté internationale d’accompagner la dynamique révolutionnaire dont l’objectif est d’empêcher le mandat de trop de la part de Pierre Nkurunziza. Sauf qu’un tel accompagnement n’est jamais facile quand les révolutionnaires manifestent des signes de fatigue et de peur. C’est le cas actuels des manifestants au Burunziza. Retenant des manifestations des 10 derniers jours qu’il faut se battre sans s’exposer à des risques inconsidérés, les opposants à une nouvelle candidature font valoir une prudence qui laisse croire qu’ils finiront par s’adapter…
Il sont pourtant tout près d’une victoire qui leur tende la main. Parce que dans le camp présidentiel, non plus, au-delà d’une posture destinée à faire illusion, ce n’est pas la grande sérénité. Certes, le président NKurunziza maintient sa ferme décision de briguer un nouveau mandat. Mais il a conscience que la poursuite des manifestations est porteuse d’une dose potentielle de violence qui risque de l’emporter plus tôt que prévu. Et c’est ainsi qu’il alterne le chaud et le froid. Il arrête et libère quelques heures plus tard l’opposant Audifax Ndabitoyeré. De même, il multiplie les offres de trêve dans les affrontements. Mais force est de reconnaître qu’en retour, ses concessions sont plutôt maigres. Il tient à son projet, mais n’entend pas y laisser la peau.
Devant des attitudes aussi superficielles et attentistes, la communauté internationale fait dans la diversion. Ainsi, au lieu de discuter directement du nouveau mandat, elle se focalise sur les législatives et les communales qui, normalement, doivent se tenir dans trois semaines. Ce qui est un aveu d’échec, au regard de la tension qui règne actuellement dans le pays.
Boubacar Sanso Barry Ledjely.com