Il est à se rendre compte que le tripatouillage des textes fondamentaux, a encore de beaux jours devant lui, en Afrique, continent repaire des damnés de la terre. On avait cru que l’onde de choc de Ougadougou, l’avait traversée de part en part et fait son effet, hélas ! Elle est toujours là, pour tout gâcher, la grande hypocrite, nommée « communauté internationale ».
D’où qu’ils soient, passés à trépas ou en sursis dans un cachot où ils attendent d’être écrasés comme des punaises, peut-être moins bien, Godefroid Niyombare et Cyril Ndayirukiye, sont des héros. Des héros d’une révolution certes inaboutie, mais des héros d’un Burundi qu’ils voulaient sauver du chaos, d’un Burundi symbole d’une Afrique qui recule, d’une Afrique qui déchante et dégoûte, d’une Afrique qui fait honte à cause d’une boulimie du pouvoir à la limite un défaut congénital avec lequel naissent ceux qui la dirigent, une boulimie que rien ne peut ni ne doit limiter dans le temps, pas même les textes fondamentaux censés réguler la vie des Etats-nations. Nioyombaré et Ndayirukie, vous êtes et vous resterez des héros d’un grand acte salvateur et hautement républicain, même s’il n’a pu aller jusqu’à plein accomplissement, oui, parce que la grande hypocrite en a décidé autrement, parce qu’elle n’a pas voulu qu’elle le soit, quoi que, l’Afrique vous pleurera pour toujours. Vous vous êtes offert en sacrifice pour stopper une hérésie, celle d’un psychopathe, d’un fou du pouvoir qui tient le Burundi d’une main de fer dans un gang de sang, le sang de ses compatriotes, le sang de tous ceux qui ont osé s’opposer à son obsession démoniaque de faire sauter un verrou que nul n’a le droit de toucher, l’Afrique entière vous reste et vous restera reconnaissante à jamais. En votre place, c’est la Sainte Canaille, le peuple au gré d’une action d’ensemble, qui aurait pris son destin en main, pour redresser sa marche victorieuse vers plus de démocratie et d’Etat de droit, comme il l’a fait au pays des hommes intègres, au pays de Sankara. Mais le Burundi est à mille lieux du Faso, donc différent sociologiquement, ethnologiquement, donc politiquement. Le Burundi, c’est surtout son handicap là aussi malformation congénitale, de deux ethnies meilleures ennemies du monde, voici une des raisons de l’échec de l’œuvre de Nioyombare et Ndayirukie. Mais l’autre raison, celle a turlupiné plus d’un, celle à cause de laquelle tout a foiré, c’est bien cette hypocrisie bien connue de cette grande commère, appelée pharisaïquement « communauté internationale ». Oui, parce qu’elle a manqué de clairvoyance et de bonne foi, parce que peut-être elle trouve son compte dans le chaos burundais, au lieu d’aider au parachèvement d’une action aussi salvatrice, elle se mît à maugréer, à bafouiller et à râler comme à son habitude, en condamnant, mais pire à soutenir le retour aux manettes du scélérat de Bujumbura, que tout donnait éjecté, poings et pieds joints, motus bouche cousue d’un exil forcé tanzanien. C’est un recul, c’est une trahison, c’est un acte de félonie envers un peuple, un continent, décidés à s’opposer par tous les moyens à toute velléité satanique de modifier nos constitutions pour s’éterniser au pouvoir. De part en part en Afrique, on avait cru à une belle suite à la révolution burkinabè, ce qui aurait tonné fort jusqu’à ébranler le palais de la Nation de la Gombé à Kinshasa, et le palais de la Marina, à Cotonou pour ne citer que ceux-là. Aujourd’hui que ce bloc enfariné qui ne rime à rien qui vaille, qu’on appelle communauté internationale, se fasse malmenée de partout, contestée pour son rôle parfois ambigu, le ton est donné en Guinée, cela ne doit guère surprendre. J’ai entendu de tout, formules classiques éculées mon œil, rétablir l’ordre constitutionnel, respect des institutions démocratiquement élues…j’en passe et des pires, pendant ce temps que faites chers messieurs Obama, Cameron, Hollande du respect de nos constitutions qui imposent qu’au terme de deux mandants, on n’a plus le droit de se représenter ? Que faites-vous-en ? Vous avez refusé d’aider à la conclusion d’une action qui dans la foulée de la tempête ougalaise, aurait fait tache d’huile, finalement c’est un gros coup de pétard mouillé, parce que vous n’avez pas cassé la patte à canard, le Burundi reste au bord du précipice, plus que jamais livré à la violence. Quid de l’Union africaine ? Les propos d’Edem Kodjo ont fendu le cœur de plus d’un, c’est simplement honteux. Pourtant, il y avait lieu de tenir l’échelle à Nioyombaré et Cie, pour ébranler à jamais les émules du président Mahatir de la Malaisie.