Comme il est de coutume en Guinée, maintenant qu’il a fondé un parti politique dont est de facto le leader et le candidat à la présidentielle du 11 octobre, le capitaine Moussa Dadis Camara verra de moins en moins en moins collé à son nom de famille l’épithète capitaine. Au demeurant, il va falloir qu’il s’habitue, comme c’est le cas pour Cellou Dalein, Sydia Touré, Mamadou Baadiko ou encore Papa Koly au titre de Président. Même si fondamentalement il doit se garder de faire la dangereuse confusion entre le fait d’être président d’une formation politique qui, du reste, doit prouver sa capacité de mobilisation sur le terrain et celui d’une république, en même temps commandant en chef des forces armées…
Au risque de se butter à de nombreux obstacles dont il a sans nul doute conscience, même s’il n’en a aucune expérience, auxquels se trouvent confrontés tous les acteurs politiques de la place. Autrement, il est temps que Moussa Dadis Camara sache, une fois pour de bon, qu’il ne bénéficiera plus de la même affection, de la même attention que quand il passait tout son temps sur les antennes de RTG à humilier des hauts cadres de l’Etat, des chefs d’entreprise ou à distribuer des billets de banque entassés dans des containers installés derrière ses bureaux au sein du camp Alpha Yaya Diallo.
Qu’il sache surtout que la période grâce est bel et bien terminée entre lui et ses compatriotes. Et qu’à partir de maintenant il sera jugé selon sa valeur intrinsèque.
Évidemment, on espère que la Guinée Forestière qui a toujours fait autrement la politique dérogera à la règle en soutenant sans condition son fils bien aimé, peu importe si ses shows sur les antennes de la radio donnait de lui l’impression d’un schizophrène dans la nature. Tout le reste dépendra de l’ambition nourrie par l’ex chef de la junte, mais surtout des moyens qu’il engagera pour atteindre les objectifs qu’il se sera préalablement fixés. La pratique des activités politiques notamment pour un leader, à la fois principal financier et tête pensante de sa formation, requérant des moyens importants, la conquête de l’électorat d’une grande commune comme celle de N’Zérékoré pourrait représenter un enjeu bien abordable pour l’ancien capitaine de la Bata.
Mais, au-delà, la course au fauteuil présidentiel, en tenant compte de la configuration politique nationale actuelle, pourrait s’avérer un défi qui risque de briser tous les rêves du nouvel homme politique. Et, faut insister là-dessus, une fois que l’on a accepté de s’engager dans la politique, tous les coups restent permis et à coup sûr Moussa Dadis Camara est prêt à faire face à toutes les hostilités. Il reste à espérer que le dossier du 28 septembre 2009 porté devant la justice, une épée de Damoclès sur sa tête, ne porte un coup de frein à ses ambitions de redevenir président de la république.
Marco Ibrahima