Ibrahima-Sory-Bah-dit-MarcoDepuis l’annonce officielle du calendrier électoral en cours d’exécution, à l’occasion d’un atelier organisé à cet effet dans la ville de Kindia, la plateforme revendicative de l’opposition a beaucoup varié. Surévaluant sa force de frappe, elle s’est d’abord lancée à l’assaut des délégations spéciales qu’elle prétendait remplacer, notamment dans la capitale Conakry, par d’autres conseils communaux coordonnés par ses élus uninominaux des dernières élections législatives.

Le projet a fait long feu. Comme si cela ne suffisait point, CellouDalein Diallo et ses compagnons se sont lancé un autre défi plus grand, celui qui consiste à s’en prendre au siège de la Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI, pour dégager l’équipe dirigeante en place, y compris les représentants des partis qui la composent. Ce combat perdu d’avance ne pouvait, comme l’ont deviné certains observateurs avertis de la classe politique nationale, absolument rien donné.

Sans jamais penser à tirer les leçons de l’inefficacité qui a toujours été à l’origine de l’échec de sa stratégie de lutte, l’opposition a continué à croire en ses chances, en poussant le toupet jusqu’à vouloir en finir avec le régime en place. En initiant une série de manifestations au bout desquelles elle prévoyait le scenario à l’égyptienne lors du printemps arabe ou à la burkinabè tout récemment, pour faire partir le président Alpha Condé. Faute de soutien populaire à l’intérieur du pays et de répondant diplomatique à l’étranger, les marches récurrentes de l’opposition se sont essoufflées à mesure que le temps passait. Et le continue ainsi à user les efforts de combat de cette opposition peu inspirée qui se montre à priori réfractaire à toute idée du dialogue avant la prise en compte par le gouvernement, qu’elle s’est engagée à faire partir, et l’institution en charge des élections nationales et référendaires, toute une litanie de revendications fort bien utopiques.

Dans une interview qu’il a accordé la semaine écoulée à la voie de l’Allemagne le chef de file de l’opposition guinéenne, qui a dû mal à faire accepter son statut par ses pairs, a semblé mettre un peu d’eau dans son vin en focalisant ses critiques uniquement sur le calendrier des élections communales dont il est, selon lui, impérieux d’annuler avant tout dialogue politique. Et d’accepter du coup le fait accompli en ce qui concerne la date du 11 octobre retenue pour la tenue de la présidentielle. Mais, jusqu’à quand va-t-elle tergiverser?

Le début du ramadan étant annoncé pour le 18 juin, l’opposition est dés lors engagé dans une course contre la montre. Aucune marche ne pouvant être acceptée au cours de ce mois par les populations guinéennes majoritairement musulmans pratiquants. Et comme pour ne rien arranger, la fin de la période pénitence tombe sur celle des grandes pluies inappropriée pour manifestations politique d’envergures en Guinée.

Sans compter que dans les prochaines semaines, pour être dans le délai constitutionnel, le chef de l’Etat est obligé de convoquer officiellement les électeurs dans les urnes pour le 10 octobre. Mais déjà, à partir du 8 juin, c’est-à-dire dans une semaine, l’opération de recensement prendra fin sur l’ensemble du territoire national. N’est-il pas temps de se mettre autour de la table?


Ibrahim Marco