Au moment de son interpellation, après plusieurs heures d’une vaste chasse à l’homme, Dylann Roof portait sur lui une arme semi-automatique. Le jeune homme blond, à l’air juvénile, n’a opposé aucune résistance lors de son arrestation, au volant de sa voiture, au cours d’un contrôle routier, à environ 400 kilomètres du lieu du massacre.Dylann Roof a ensuite avoué l’ensemble des faits et aurait déclaré, selon deux responsables des forces de l’ordre vendredi cités par CNN, avoir voulu déclencher « une guerre entre les races ». Si peu de précisions ont été données sur la personnalité de Dylann Roof après son arrestation, les informations sur le profil du tireur présumé que commence à distiller la presse américaine suggèrent en effet une fascination pour la « suprématie blanche ».
Une photo issue de son profil Facebook le montre ainsi vêtu d’un blouson sur lequel sont accrochés le drapeau de l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid, symbole du régime ségrégationniste, et celui de la Rhodésie, devenue le Zimbabwe, deux régimes très admirés aux Etats-Unis par les suprémacistes blancs.
« Il avait cette sorte de fierté sudiste, comme qui dirait »
Son oncle l’a décrit à l’agence Reuters comme une personne timide, réservée. Il se souvient d’un jeune homme « très introverti ». « Quand il avait 19 ans, il était toujours dans sa chambre, il ne sortait jamais, il n’avait pas d’ami. »
Selon le Daily Beast, qui cite l’un de ses anciens camarades de classe au lycée, Dylann Roof consommait régulièrement « des médicaments type Xanax ». Il avait d’ailleurs été arrêté, le 3 mars, pour détention de médicaments pour lesquels il n’avait pas d’ordonnance.
Un autre démêlé avec la police remonte au 26 avril, pour violation de propriété, lorsque Dylann Roof, suspecté de vol, était revenu dans un centre commercial dont l’accès lui avait été interdit.
« Je ne l’ai jamais entendu dire quoi que ce soit, mais il avait cette sorte de fierté sudiste, comme qui dirait. Des croyances conservatrices assez fortes. Il faisait beaucoup de blagues racistes mais on ne le prenait pas vraiment au sérieux. »
« Vous violez nos femmes et vous vous emparez de notre pays »
Selon la police, Dylann Roof est resté assis parmi les fidèles pendant près d’une heure avant d’ouvrir le feu, tuant six femmes et trois hommes. Il a rechargé cinq fois son arme, selon un rescapé, malgré les supplications de ses victimes. La dirigeante locale du mouvement de défense des Noirs NAACP, Dot Scott, a rapporté sur CNN qu’il aurait laissé la vie sauve à une personne pour qu’elle puisse témoigner. « Sa vie a été épargnée parce que le tueur lui a dit “je ne vais pas te tuer (…) parce que je veux que tu puisses leur dire ce qu’il s’est passé”. »
Selon ce témoin, « le suspect est venu vers le groupe. Ils l’ont accepté pensant qu’il voulait se joindre à eux pour l’étude biblique. Et après être resté pendant un moment, il est devenu très agressif ». « Je dois le faire, vous violez nos femmes et vous vous emparez de notre pays. Vous devez partir », aurait-il dit, selon ce témoin.
Parmi les victimes figure le pasteur de la paroisse, Clementa Pinckney, grande figure de la communauté noire et élu démocrate du Sénat local. Huit autres personnes, âgées de 26 à 87 ans, sont également mortes dans la plus vieille église noire de la ville, l’Emanuel African Methodist Episcopal Church, véritable symbole de la lutte des Noirs américains pour leur émancipation de l’esclavage et pour leurs droits civiques. Trois autres personnes qui se trouvaient dans le bâtiment au moment du drame s’en sont sorties indemnes, dont un enfant de 5 ans, qui, selon CNN, a fait le mort pour ne pas être tué.
Dylann Roof devrait être entendu vendredi au sujet de sa caution. L’audience devrait se faire par liaison vidéo du centre de détention où il est incarcéré, dans la région de Charleston. Les autorités fédérales étudient la possibilité de l’inculper pour crime motivé par la haine raciale, a indiqué la ministre de la justice, Loretta Lynch.
Le Monde