Les événements du 3 décembre vont forcer le destin. Ce jour-là, le chef de la junte militaire au pouvoir depuis moins d’un an est victime d’une tentative d’assassinat. Grièvement blessé à la tête, le chef de la junte est envoyé d’urgence vers le Maroc pour y être hospitalisé. Dans la foulée, un diplomate américain en poste à Ouagadougou écrit : « La communauté internationale est d’une façon générale sur la même position. L’absence de Dadis a ouvert une fenêtre d’opportunité pour faciliter une transition démocratique. »
« Bien qu’il ait été chassé de la scène violemment plutôt que par des moyens constitutionnels, il serait mieux pour la Guinée qu’il ne rentre pas dans son pays », ajoute l’ambassadrice américaine en poste à Conakry, Patricia Moller, dans un des télégrammes diplomatiques obtenus par WikiLeaks et révélés par Le Monde.
Au passage, la diplomate qualifie le comportement de Dadis d’« erratique, violent, imprévisible », n’augurant qu’un « triste avenir pour la Guinée ». Français et Américains partagent ce diagnostic. Mais comment tenir Dadis éloigné de son pays ? Paris et Washington insistent auprès des Marocains pour qu’ils le gardent « pendant longtemps ». Une course contre la montre est engagée.
Moins de deux semaines après son hospitalisation, Dadis Camara manifeste déjà son désir de quitter Rabat où il était arrivé le 4 décembre, « dans le coma, (avec) des éclats de balles dans le crâne ».
Un interlocuteur guinéen de l’ambassade américaine au Maroc avertit des éventuelles conséquences du retour du chef de la junte. « Dadis a recruté des mercenaires sud-africains et israéliens qu’il a regroupés, au côté de ses propres hommes, à Forecariah, (…) dans l’ouest du pays. (…) Sa milice compte 2 000 à 3 000 hommes dotés d’armes en provenance d’Ukraine. Le risque de conflit et de déstabilisation menace toute la région », rapporte le numéro deux de l’ambassade américaine,
Robert P. Jackson.