«Ce n’est pas un problème qui est important, surtout nous pensons que ces deux Guinéens sont des citoyens. Ils ne sont pas déchus de leurs droits. Donc ils peuvent normalement faire cette alliance. C’est tout à fait normal. On peut voir le problème sur l’angle du droit. Et comme ces gens sont libres, ils ont leurs droits, ils peuvent le faire. Du point de vue de la morale, maintenant là ce sont eux qui savent ce qu’ils ont sur le cœur. Et M. Dadis sait ce qu’il a sur le cœur. Nous pensons qu’en tant que chef des forces qui ont agi le 28 septembre, il faudrait que la justice l’entende pour le laver complètement ou bien l’inculper. Parce que la présomption d’innocence est un élément très important en droit.». C’est ce que Thierno Maadjou Sow a dit en substance. Un point de vue gravissime quand on se remémore sa déclaration tout juste après l’annonce de la candidature de Moussa Dadis Camara. En effet, le 20 mai 2015, lors d’une conférence de presse, Thierno Maadjou Sow estimait que « le retour de Dadis Camara dans le jeu politique est une insulte faite aux victimes du massacre de 2009 au stade du 28 septembre et au peuple de Guinée dans son ensemble ». Comme on le voit et pour Thierno Maadjou Sow, l’entrée de Dadis Camara en politique est une insulte faite au peuple de Guinée mais son alliance par la suite avec Cellou Dalein Diallo est tout à fait normale. Dadis qui a été dès le lendemain des événements du stade ‘’inculpé’’ par l’OGDH se retrouve immaculé dès lors qu’il a projeté de faire alliance avec Cellou Dalein Diallo. C’est la preuve s’il en fût que l’OGDH est en fait un appendice de l’UFDG, un prolongement de ce parti dans la société civile. Peut-on dès lors croire à la crédibilité de cette organisation qui pourtant se fixe comme missions la défense, la protection et la promotion des droits de l’Homme ? Il va s’en dire que pour cette organisation, la défense, la protection et la promotion des droits de l’Homme se limitent à celles de l’UFDG et de ses partis alliés. Pour preuve, Dadis Camara était le ‘’coupable’’ idéal des événements du 28 septembre 2009 jusqu’à son rapprochement d’avec l’UFDG. L’OGDH qui avait pourtant l’appui et l’adhésion des militants de l’UFDG, d’une bonne partie des Guinéens et de l’opinion internationale depuis son indignation face aux massacres du 28 septembre se retrouve depuis la dernière prise de position de son président, démasquée.
Très grande était l’émotion pourtant des Guinéens toutes tendances confondues en apprenant la nouvelle des massacres du 28 septembre 2009. Jamais événement n’avait autant ému l’opinion publique guinéenne. L’horreur de l’acte et la monstruosité ont plongé toute la Guinée dans la stupeur. Révolte, compassion, passion, haine ont été les sentiments exprimés autour de ce massacre collectif.
Les réactions d’indignation et de stupeur ont été canalisées par les organisations de la société civile comme l’OGDH.
Cette organisation qui parle aujourd’hui de présomption d’innocence à l’égard de Dadis Camara a dès le lendemain des événements rendu son « verdict ». Or, chacun sait qu’en matière criminelle, et même au cas où le flagrant délit est patent, le juge instructeur prend la précaution avec la police judiciaire de vérifier et de revérifier les circonstances du fait criminel, de rechercher les mobiles intellectuelles et psychologiques, sans oublier l’intérêt qu’avait les meurtriers de commettre le crime, avant de clore son instruction. Est-il besoin de dire que dans le cas de l’OGDH, il n’y eut rien de tout cela, l’intime conviction pour ne pas dire la conviction politique ayant seule suffi pour trouver le coupable en la personne de Dadis Camara ?
Rien d’étonnant, car dans un passé récent, la même OGDH, du temps de Lansana Conté, s’était insurgée contre la nomination de Mamadouba Sylla en qualité de directeur général du port autonome de Conakry au prétexte que ce dernier avait fait la prison dans un scandale financier qui frappait les impôts quand il en était le directeur général. Et pourtant, un procès régulier, suivi par la presse et les Guinéens avait absout Mamadouba Sylla de toutes les charges qui lui étaient reprochées. L’OGDH à l’époque trouvait des présomptions de culpabilité à une personne que la justice avait blanchie. L’indignation des Guinéens suite à cette affaire avait amené l’organisation à se faire tout petit pendant un long moment et Thierno Maadjou Sow se promenait sur la pointe des pieds. A l’époque Thierno Maadjou Sow recevait déjà ses directives de l’UFDG – avant que Cellou Dalein ne préside aux destinées de ce parti politique – et de l’UPR alors de l’opposition. Pour ainsi dire, l’OGDH n’a jamais eu pour ambition de défendre les droits humais mais défendre ceux uniquement d’une entité. La dernière sortie de son président le prouve amplement et les masques sont désormais tombés.
Moustapha Sylla