Avec toute la tournure que prend l’actualité politique de la Guinée aujourd’hui, il n’y a aucun doute que l’on s’achemine vers l’objectif principal que se sont fixé les concepteurs du projet d’alliance Cellou-Dadis : l’éclatement d’une politique raciste planifiée et entretenue par le pouvoir d’Alpha Condé. Un pouvoir en phase d’être mis à nu.
Il faut le reconnaître, le leader de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, doit être considéré comme l’auteur de la plus grande action politique positive de toute l’histoire de la Guinée, depuis son indépendance. Il ne s’est pas trompé en s’approchant de Dadis Camara, l’ex-chef de la junte militaire. Au contraire, son action politique, loin d’être immorale, a touché ce qu’il fallait toucher, et qui certainement sera l’élément déclencheur de toute la vérité sur l’affaire du massacre du 28 septembre, et des manigances politiques qui plongèrent Dadis Camara dans les erreurs jusqu’à son exil forcé au Burkina. Et surtout, cette action permettra de connaître toute la vérité sur le pouvoir d’Alpha Condé formé sur la base des promesses faites aux militaires autour du même massacre.
Le grand renversement des données électorales au deuxième tour des élections présidentielles en 2010, au profit du candidat du RPG, fut pratiquement possible grâce à une forte promesse d’Alpha Condé faite à Sékouba Konaté, alors chef de la transition, que « s’il était élu, il mettrait toute l’affaire du massacre du 28 septembre sous silence ».
Elu en 2010 président de la république, Alpha Condé a mis en pratique ses promesses électorales faites au chef de la transition politique. Pour ce faire, il a adopté deux attitudes politiques. Premièrement, il doit couvrir les militaires concernés. Voilà qu’il crée un ministère bidon, celui chargé de la sécurité présidentielle, composé principalement par des principaux personnages impliqués dans le massacre du 28 septembre. Deuxièmement, c’est la phase très populiste, Alpha Condé n’a pas cessé de tenir des discours que « s’il faut clarifier les évènements du 28 septembre, alors il faudra aussi faire de même de tous les autres évènements regrettables de l’histoire de la Guinée depuis 1958 ».
Le président adopte donc la politique d’amalgame pour créer un blocage dans les esprits. Il fait allusion aux tortures du camp Boiro pendant la première république, la suite de la tentative du coup de force de Diarra Traoré en 1985, les manifestations sauvagement réprimés par le régime de Lansana Conté. A défaut d’une clarification de tous ces évènements, le président Alpha Condé propose que « les guinéens acceptent de pardonner, comme lui-même l’a fait, pense-t-il, à l’égard de Sékou Touré et de Lansana Conté qui le furent condamner à tort ».
L’inculpation (mise en examen en France) de Dadis Camara ne signifie nullement qu’il est le coupable du massacre du 28 septembre. La suite des évènements nous le dira. Pour l’instant, les guinéens doivent retenir une seule chose : c’est la politisation de la justice guinéenne.
Naby Laye Camara
Bruxelles