En toute vraisemblance, il y aurait, depuis quelques jours, une justice en Guinée. Une justice prompte à mobiliser une armada contre un citoyen qui ne représente aucun danger public car il n’est ni armé ni connu des services de sécurité ou de lutte contre le banditisme. Mais cette justice semble avoir du mal à faire la différence entre un présumé coupable et un bandit.
Au vu de cela, on est tenté de se dire de quel côté faut-il chercher les bandits en Guinée. Qui se serait livré à des actes assimilables au banditisme entre celui qui vient tirer sans sommation, fouiller ou perquisitionner sans assistance d’huissier et de représentants de la force publique (dûment mandatés) et un présumé coupable?
Dans tous les cas, l’auteur présumé de ‘’coups, blessures et injures publiques’’ est censé être innocent tant qu’il n’est pas jugé. En outre, aucun refus de répondre à la loi ne lui aura été opposé auparavant. Par conséquent, Ousmane Gaoual ne peut-être considéré comme un hors-la-loi. Les actes répréhensibles dont il serait coupable semblent relever du simple délit et non du crime.
Le comportement d’un simple citoyen ou d’un député ne vaut pas autant de zèle, ni d’acharnement, de harcèlement et de chasse à l’homme. Si tous les faits divers et qui relèvent de la vie privée faisaient autant de promptitude de la part de la justice, comme ce fut le cas du prétendu geste d’Ousmane Gaoual, la Guinée serait le vrai Jardin d’Eden et non le Paradis Perdu.
Les déchaînements de toutes sortes montrent qu’il n’est pas besoin de chercher trop loin pour savoir qui se cache derrière cette sorte de pogrom orientée vers un seul individu. Il suffit juste de revoir les déclarations de la veille dont s’est fendu le député pour s’en rendre compte. A bien lire dans les faits, on comprend aisément qu’on a voulu donner la réponse à Ousmane en lui disant : ‘’Moi je suis certes le fils de… mais toi tu es le fils de… et on te le fera savoir’’.
Derrière l’affaire Ousmane, ou ce qui est convenu d’appeler telle, il y a une lutte de classes qui est au-delà de la simple opposition entre l’Ufdg et le pouvoir en place en Guinée. On doit y voir à la fois une main cachée, haut perchée qui plus est armée mais aussi un relent de règlement de comptes par l’agression contre M. Diouldé interposée.
Si le ministère public a le droit de poursuivre le sieur Gaoual en dépit de l’arrangement à l’amiable, y avait-il pour autant nécessité, voire obligation, de mettre sous mandat de dépôt un citoyen dont l’adresse est bien identifiée? Une personne jusque-là inconnue de la justice? Pourquoi mettre en prison quelqu’un qui pourrait être libéré sous caution par l’engagement écrit d’un simple garant moral qui pourrait être le parti politique auquel il appartient ou l’assemblée nationale de laquelle il relève?
La décision prise contre le député de l’Ufdg prouve une fois de plus que notre justice n’est jamais aussi juste, prompte à agir quand elle est en accointance avec le système en place. Moi, je dis, à notre justice de ‘’traquer et d’arrêter tous les présumés coupables de pillages, de viols, de meurtres, d’assassinats de septembre 2009 à maintenant et de les mettre sous mandat de dépôt avant de leur donner un jugement équitable’’. Le cas d’Ousmane constituerait alors une jurisprudence et non un alibi ou une parodie de justice. Une parodie tellement poussée à l’extrême qu’elle déshonore les tenants de la vraie justice: il y en a encore dans notre pays.
Aux donneurs de leçons, à certains faux analystes, aux pêcheurs en eau trouble qui voudraient qu’on lâche Ousmane Gaoual dans la gueule du loup, il n’en est pas question. Si des sanctions devaient être prises à l’interne, elles interviendront plus tard et en toute discrétion de son parti. L’assemblée nationale, si elle n’était une sorte de suppôt ou d’appendice du pouvoir politique aurait pris l’affaire à bras le corps. Mais on sait ce qu’il en est.
Ousmane aura commis une faute s’il a réellement agressé quelqu’un, mais il n’est ni le voyou, ni le délinquant encore moins ce criminel qui a été exhibé lundi avant d’être jeté comme tel en pâture à des gardes chiourne. Ousmane n’est pas un héros qui cherche à s’illustrer à travers cet acte prétendument commis. Il est juste un sang chaud dans un corps encore jeune à qui il manque encore la preuve par l’épreuve. Mais combien sont-ils en début de carrière professionnelle ou politique?
En outre, que cela soit entendu, tout comme il n’y a ni crime commis par Ousmane, il n’y a non plus feu dans la demeure Ufdg comme le prétendent certains.
Enfin, espérons que les organisations des droits de l’homme veilleront sur la sécurité d’Ousmane. Que les avocats n’auront pas en face une justice vindicative qui verse plus dans le politique, la démesure et le spectacle mais bien une institution républicaine libre de ses décisions.
Dès lors, on saura qu’en Guinée tous les citoyens se valent et que député guinéen n’est pas la proie tombée dans une nasse qui lui avait été longtemps tendue.
Lamarana-Petty Diallo/lamaranapetty@yahoo.fr