« Le pouvoir actuel est confisqué par des incapables, des cruels et des irresponsables qui n’ont qu’un seul objectif: voler les ressources du pays. Ils ne combattent pas la pauvreté mais utilisent la pauvreté comme un outil contre les pauvres; ils ne luttent pas contre la fièvre « Ebola » mais se servent de cette redoutable épidémie pour capter l’aide internationale et s’enrichir ainsi sur le dos des victimes. C’est à croire que plus le pays est malade, mieux se portent ses dirigeants ».
Pas la peine de regarder dans ma direction, parce que ces attaques aux vitrioles ne sont pas de moi. Ce sont celles du nouvel allié d’Alpha Condé, en l’occurrence M. Diallo Sadakâdji. Incapacité dans la gestion, cruauté contre le peuple, irresponsabilité, chaque mot vient claquer comme un fouet cinglant sur le fessier d’un gouvernement corrompu et d’un pouvoir amateur. Le constat est sans équivoque : Alpha Condé et sa gouvernance sont une malédiction pour la Guinée, selon l’homme d’affaire exilé pour cause de trempette supposée dans l’affaire de l’attaque du domicile du Président de la République. A cette époque pas si lointaine, les relations entre les deux hommes se contaient à la « Je t’aime, moi non plus ! ». En relisant une des nombreuses sorties médiatiques de celui qui a fait sa notoriété en distribuant des bouts de pain et des morceaux de sucre aux indigents, on constate qu’il fustigeait ceux qui s’alliaient à un individu parce qu’ils sont en quête de nourriture ou de notoriété. A cette époque qui date plus de la veille que de l’avant veille, donc plus proche de nous, on n’imaginait mal qu’il puisse être dans l’un de ces cas.
Mais avant de le condamner à la guillotine parce qu’on le soupçonne d’avoir une langue qui aurait pu avoir galopé plus vite que ses quêtes, essayons de nous rappeler ce qu’il disait qui arrive à un pays du fait de ceux dont les actes et les paroles respirent l’opportunisme et la flagornerie. « Aucun pays n’avance par la démagogie, le mensonge et la discrimination. Il est temps d’abandonner les discours pompeux et mensongers ». Alors quand il demande aujourd’hui à ses militants et partisans de voter pour Alpha Condé, de quels partisans parlent-ils, quand on sait que sa prétention à être leader s’est toute de suite cassé la gueule en voulant s’attaquer au baobab qu’est l’UFDG ? Il a aussitôt remballé ses ambitions, aussi vite que le petit vent inconsistant qui vient souffler la base du baobab et qui n’a d’autre choix que de se contenter d’avoir caressé les herbes autour du colosse. Il se console à présent d’être parmi ceux dont la langue excelle à mouler des verbes obséquieux et dont le corps est plus enclin à changer de costumes au gré des vents et des intérêts égoïstes ?
En tous les cas, il n’y a pas de doute que « la Guinée, par la faute de ses dirigeants actuels, est toujours plongée dans la misère, la crispation politique, la pauvreté économique et le désordre social. Si les Guinéens souffrent, c’est parce que ceux qui gouvernent notre pays ont montré depuis bien longtemps leurs limites objectives en matière de bonne gouvernance. Nous sommes tous scandalisés et choqués par le double jeu du Président Alpha Condé qui tend la main gauche pour quémander de l’aide étrangère et la main droite pour détourner massivement les recettes publiques de notre Etat ». Encore une fois, chers lecteurs, citation directe du nouvel ami du Président de la République. Ce n’est pas moi qui le dis. Je ne fais que le lui rappeler et attirer votre attention sur le caractère versatile d’un homme qui a dit une chose hier et une autre aujourd’hui, en espérant que le Guinéen est suffisamment stupide pour lui accorder un quelconque crédit. En attendant, on a juste envie de lui poser cette question, étant issue de la même société, ne lui a-t-on pas appris qu’il faut se taire quand on a rien d’intelligent à dire ?
Au vu de ses propos et contre-propos, Diallo Sadakâdji a désormais décidé de se soustraire de la misère des Guinéens qu’il s’est résolu à abandonner à leur triste sort, entre les mains de dirigeants incompétents et corrompus. Ses dénonciations d’hier n’étaient qu’un prétexte, que de théâtrales gesticulations pour attirer l’attention des autorités afin de se faire son petit strapontin au soleil. Si ce pari est réussi avec un Président qui vient lever son verre d’amitié jusque dans son salon et roter après un bon thiépou dien, que faire d’une frange importante, de la majorité silencieuse opprimée et martyrisée de la population parce qu’appartenant à l’opposition ? Que faire de ceux qu’on écrase si on peut se prévaloir de la proximité avec une mouvance détentrice de la force et de tout l’arsenal financier et répressif du pays ? Que faire d’un vieil ami chef d’un parti n’ayant pas encore le fauteuil présidentiel si on peut avoir à sa table le Président de la République et roucouler à ses oreilles des panégyriques qui permettraient son retour au pays natal et aux affaires vénales ? Que faire de ses convictions politiques, de ses principes moraux, de ses croyances religieuses et du legs de ses ancêtres devenus inopérants dans notre société par le fait de la démission et de la lâcheté des élites ? Que faire des valeurs de dignité et d’honneur, de défense du faible devant le fort, du respect de la parole donnée, si le modèle de réussite est souvent à l’inverse de ces principes cardinaux ? Rien de plus qu’affirmer sans sourciller « On fait la politique avec la raison, pas avec le cœur. Je le dis haut et fort ».
Encore une fois, pas la peine de me jeter votre regard froid et furieux. La brebis qui broute un jour là-bas et un autre ici, au gré de la verdure qui se présente, ce n’est pas moi. Faire confiance à son cœur pour choisir serait une faiblesse. Mais en l’occurrence, il ne s’agit là ni de cœur ni de raison. Il s’agit en l’espèce de ventre, uniquement de ventre et de vengeance, de froide vengeance au mépris de tous les sacrifices et des engagements antérieurs. Et on trouve cette drôle de façon de se justifier, parce qu’on est pris en flagrant délit de lécher et de ravaler ses crachats. Au vu et su de tout le monde. On a bien compris que « l’incompétence et l’incurie du gouvernement Mohamed Saïd Fofana connues et reconnues depuis bientôt cinq ans » (c’est encore Diallo Sadakâdji qui cause) n’étaient en fin de compte que de mots creux dans la bouche d’un homme qui se contentait de répéter des répliques à la manière d’un mauvais acteur qui a buché son texte et qu’il régurgite sans rien y comprendre. Sinon, comment suivre la logique (s’il y en a une) ou plutôt la logorrhée qui flingue Alpha Condé pendant cinq et qui tout d’un coup demande qu’on vote pour celui-lui, sous prétexte que le Professeur l’aurait convaincu au bout de trois jours ? Que M. le Scarificateur se souvienne de ses revendications péremptoires d’hier ! S’il en est incapable parce qu’il a la mémoire courte, ou une mémoire de poule, la République impartiale de Guinée peut exhumer de sa mémoire d’éléphant ceci : « J’exige la démission sans condition du Professeur Alpha Condé et de son gouvernement. Un départ immédiat, parce qu’en même temps que les fonds et les soutiens arrivent à Conakry, c’est le moment choisi par Monsieur Alpha Condé pour opérer un trafic de devises entre Conakry, Dakar et Dubaï ».
Finalement, à quelles « saintes » paroles de Sadakâdji ses « partisans » peuvent-ils se vouer ? Celles qui demandent la démission d’Alpha Condé ou celles qui veulent qu’on vote pour lui ? C’est sûr que le bonhomme est complètement largué et il veut nous entraîner dans les profondeurs de ses putrides égouts.Dites à M. Diallo Sadakâdji, oh oui dites-lui que la Guinée compte encore des personnes de convictions et qui croient en l’avenir de ce pays. Dites-lui que par-delà des intérêts mesquins qui dansent dans la tête des opportunistes qui ont juré d’hypothéquer notre futur, une partie de l’élite n’a pas encore dit son dernier mot. Dites-lui, surtout à lui et à tous ceux de son acabit que le peuple de Guinée restera debout et que l’alternance qu’il souhaite est inéluctable en cette année 2015 avec l’UFDG. Le moment venu, le peuple se souviendra. C’est pourquoi, aujourd’hui, plus que jamais, le peuple fait siens ce constat et cette question de M. Diallo Sadakâdji : « Après quatre ans de gestion chaotique et catastrophique, on assiste à un échec cuisant du régime en place. Alors comment voulez-vous que le peuple refasse confiance à un Professeur sans solution ? »
Soulay Thiâ’nguel