La Cour suprême a tranché. Karim Wade et ses trois coaccusés n’auront pas droit à un second procès. Le 20 août, la haute juridiction a rejeté l’ensemble des moyens de cassation invoqués par les avocats du fils de l’ancien président sénégalais. Elle a fait de même concernant les pourvois d’Ibrahim Aboukhalil (alias Bibo Bourgi), Mamadou Pouye et Alioune Samba Diassé.
En mars, les quatre hommes avaient été condamnés par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à des peines de cinq à six ans de prison assorties d’amendes allant de 105 millions à 210 millions d’euros et de la confiscation de tous leurs biens. Les statuts de cette juridiction spéciale ne prévoyant pas la possibilité pour les condamnés d’interjeter appel, l’affaire judiciaire la plus médiatisée du Sénégal connaît donc son épilogue.
Il serait pourtant hasardeux d’imaginer qu’on n’entendra plus parler du dossier emblématique de la « traque aux biens mal acquis ».
Sur le plan politique, la condamnation définitive du « frère » Karim Meïssa Wade, incarcéré depuis avril 2013, et les anomalies qui ont entaché certains pans de la procédure ont en effet abouti à galvaniser les troupes du Parti démocratique sénégalais (PDS). Selon l’ancien ministre Samuel Sarr, membre du comité directeur du PDS, « la Cour suprême nous conforte à constater l’absence de l’État de droit au Sénégal ».
Ses supporters décidés à agir
Considérant Karim Wade comme un prisonnier politique, ses supporters sont décidés à accentuer la pression sur le président Macky Sall, qu’ils accusent de chercher à évincer un possible rival à la prochaine présidentielle. À la veille de sa condamnation, en mars, le fils d’Abdoulaye Wade avait en effet été désigné candidat officiel du parti lors d’une primaire sans véritable concurrent.
Par ailleurs, les avocats de plusieurs condamnés entendent bien poursuivre leur bras de fer judiciaire avec l’État du Sénégal devant les instances internationales. Ceux de Karim Wade « restent déterminés afin que l’avis du Groupe de travail [du Conseil des droits de l’homme de l’ONU] – déclarant arbitraire sa détention, constatant le procès inéquitable […] et exigeant la réparation intégrale de son préjudice à la charge de l’État du Sénégal – soit entièrement mis en œuvre et appliqué par celui-ci ».
Quant à ceux de Bibo Bourgi et de son frère, dépossédés par la justice de plusieurs de leurs sociétés, ils ont déjà saisi les cours arbitrales de la Banque mondiale, de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada) et de la Commission de l’ONU sur le droit commercial.