Et si le secret de ceux qui ne font pas leur âge était simplement d’avoir une vie sexuelle intense? Trois rapports sexuels par semaine donneraient en effet l’apparence d’avoir entre sept et douze ans de moins. C’est la conclusion du Pr David Weeks, neuropsychologue de l’Hôpital Royal d’Édimbourg, qui avec son équipe a mené une longue enquête originale pendant dix ans auprès de 3500 hommes et femmes d’Amérique et d’Europe. Il en a présenté les résultats la semaine dernière devant la British Psychological Society.
Les 3500 participants avaient tous une particularité: ils avaient l’air plus jeune que leur âge. Weeks les appelle «les superjeunes». Leur âge s’échelonnait entre 20 et 104 ans mais la majorité avait autour de 50 ans. Un panel de six juges cachés derrière une glace sans tain lors des entretiens devait chaque fois estimer leur âge. En les interrogeant sur de nombreux éléments de leur vie intime, Weeks et ses collègues ont remarqué plusieurs caractéristiques plus souvent présentes chez ces supers jeunes par rapport à des personnes d’âge équivalent.
En premier lieu l’activité physique. Incontestablement le meilleur moyen d’avoir l’air plus jeune, et peut-être même de l’être d’un point de vue physiologique, est de faire du sport. En second, et c’est plus surprenant, venait donc l’activité sexuelle régulière. Des rapports trois fois par semaine accordent 7 à 12 ans de rajeunissement apparent. Mais plus de trois fois n’apportent pas de bénéfice supplémentaire. En réalité, les bénéfices de la sexualité vont bien au-delà de la seule apparence ou du plaisir physique et émotionnel.
Une étude publiée en 2004 dans le réputé Journal of The American Medical Association avait montré l’effet bénéfique de l’activité sexuelle intensive sur la prostate. L’étude avait été menée par les National Institute of Health entre 1992 et 2000 en suivant près de 30.000 hommes entre 46 et 81 ans. Ceux qui éjaculaient plus de vingt fois par mois avaient un risque de cancer de la prostate réduit d’un tiers par rapport à ceux qui le faisait moins de huit fois par mois.
Maintien du bien-être psychologique
Pour les femmes, l’hypothèse d’une diminution du risque de cancer du sein sous l’effet de la libération d’ocytocine a été émise dès 1995 par le Pr Murrel à l’université d’Adélaïde (Australie). L’hormone est libérée pendant la lactation mais aussi lorsque l’on stimule les mamelons pendant la phase lutéale du cycle menstruel (période d’environ deux semaines qui précède les règles, NDLR) et enfin lors de l’orgasme. «Le Dr Murrel plaide pour que les femmes aient une stimulation régulière de leurs seins et leurs mamelons pour réduire leur risque de cancer du sein. C’est une idée simple qui est sensée», remarquait récemment l’oncologue américain Khalid Mahmud, ajoutant qu’il ne s’agissait pas seulement de favoriser l’évacuation des sécrétions et des radicaux libres (carcinogènes) qui sinon s’accumulent dans le sein, mais aussi «directement en inhibant la fabrication des récepteurs aux œstrogènes nécessaires à la croissance de certains cancers». Côté cœur, l’activité sexuelle augmente certes, un peu, le risque d’accident cardiaque mais d’une part ce risque reste tout de même très faible et, d’autre part, ce n’est plus vrai pour les sportifs.
Le psychologue Tsachi Ein-Dor et son collègue de l’École de psychologie du réputé Centre interdisciplinaire d’Herzliya (Israël) ont souligné dans une étude publiée en 2012, le rôle important de la sexualité pour la régulation des émotions et le maintien du bien-être psychologique, en particulier pour ceux qui étaient satisfaits de leur couple.
Weeks et son équipe ont relevé d’autres élixirs de jouvence potentiels: avoir des activités sociales avec des personnes de tous âges, être marié ou en couple avec une personne plus jeune, et, pour les femmes, prendre un traitement hormonal de la ménopause le cas échéant.
Dommage que les chercheurs écossais n’aient pas profité de l’occasion pour rappeler que des addictions comme le tabac ou l’alcool contribuaient à l’inverse à un vieillissement prématuré de la peau et de l’organisme. Weeks précise cependant que la multiplication des partenaires ou l’infidélité ne contribuent pas au rajeunissement apparent. C’est même l’effet inverse qui est observé. La morale est sauve.