Un ultime acte de désespoir. Sans doute excédé par le harcèlement policier quotidien, un chauffeur de taxi s’est immolé, le 28 octobre, à Lubumbashi, dans le sud de la RDC.
À en croire plusieurs sources concordantes sur place, le chauffeur de taxi venait d’être interpellé quelques minutes plus tôt par un policier « de roulage » (en charge de réguler la circulation, NDLR) qui lui réclamait des bakchichs. Ce dernier avait alors pris place à bord de son véhicule, pour contraindre le chauffeur de se rendre au commissariat.
Mais en route, le chauffeur s’est aspergé d’essence et s’est immolé… s’agrippant au policier.
« Après la démission du gouverneur Moïse Katumbi, des “˜tracasseries » policières se sont multipliées à Lubumbashi”, a déploré un membre de la société civile locale après l’incident.
Brûlé au troisième degré, le chauffeur de taxi a été conduit dans un centre hospitalier de Lubumbashi. “Nous sommes tous les jours victimes des tracasseries policières”, a-t-il expliqué à la presse locale sur son lit d’hôpital.
“Lorsqu’il [le policier] m’a arrêté, il y avait des gens qui nous observaient”, a ajouté ce diplômé en économie (bac + 5), converti en taximan pour “garantir la survie de [ses] enfants”.
Lorsque le policier a monté dans son véhicule, le chauffeur dit l’avoir prévenu qu’il était prêt à mourir avec lui s’il ne le laissait pas faire son travail. “Voulez-vous que je vous aide??” lui aurait répondu le policier, avant de lui tendre le briquet.
“J’ai pris [le briquet] (…), me suis aspergé d’essence. C’est quand j’ai allumé qu’il a compris que c’était sérieux. Il voulait s’enfuir, je l’ai tenu”.
Le pronostic vital du policier n’est pas engagé, selon des sources concordantes sur place.