Bâ Mamadou, lors d’une conférence, ne disait-il pas qu’il faut que l’UFDG rassure les autres Guinéens -les non ressortissants du Foutah-, s’il veut vraiment être au pouvoir ? Ce que Dalein n’a jamais pu ou su faire. Et c’est la première erreur de casting qu’il a commise à la tête du parti créé par Bah Oury.
Mais avant, rappelons un fait : Cellou Dalein, par son réseau d’hommes d’affaires issus de sa région, a réussi à financer les activités du parti -surtout pendant la campagne présidentielle de 2010, ce qui a rendu le parti populaire. Après cette période, le parti devint incontestablement la deuxième force politique du pays.
Cellou réussit également à gérer sa défaite avec élégance en reconnaissant la victoire d’Alpha Condé. Erreur, lui disent des faucons de son parti qui s’appuient sur des communicants à la petite semaine, mal inspirés qui, au lieu de capitaliser sur ce qui fait la force de Cellou Dalein –courtoisie, non-violence, etc.-, lui demandent un changement de comportement : aller plus fort, muscler le discours et armer le langage de violence. Ainsi, à leurs yeux, il calquerait la méthode qui réussit si bien à Alpha Condé. En tout cas, c’est ce qu’ils font croire.
Dalein, pour qui le pouvoir devient une obsession, se laisse aller à ces conseils et fonce. Conséquence : l’UFDG se radicalise. Il est perçu en Guinée comme un parti violent qui casse tout sur son passage. Dès que l’opposition appelle à manifester, les Conakrykas, par téléphones et autres, conseillent à leurs proches d’éviter les fiefs de ce parti : Hamdallahi, Coza, Bambéto, etc. Cette radicalisation de la formation politique est sans nul doute le pire héritage que Cellou laissera un jour à son successeur.
Pire, comme le dénoncent de nombreux membres de l’UFDG, le parti sous Cellou est devenu comme une entreprise familiale dont les postes-clés sont gérés par des proches.
C’est ce que Bah Oury, no2 et fondateur du parti, a de toute évidence compris en tenant depuis la dernière présidentielle, un langage plus responsable, en parlant beaucoup plus de la Guinée que du Foutah, en rassurant, comme l’avait conseillé Bâ Mamadou. L’homme se donne une dimension d’homme d’Etat, qui se soucie de la stabilité du pays et des investisseurs étrangers. Tout un autre langage et une autre image qu’on ne connaissait pas de Bah Oury.
Pour Cellou et compagnie, il ne s’agit plus de prendre des résolutions comme on aime à le faire en début d’année, mais de faire un bilan en tenant naturellement compte aussi bien de ses mérites que de ses démérites. Pour avancer. En ayant naturellement en ligne de mire un retour quasi-sûr de Bah Oury.
Ibrahima S. Traoré