ibn chambasLe représentant du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, a exhorté lundi à Dakar le président réélu Alpha Condé à former « un gouvernement de large consensus » en Guinée pour y favoriser la stabilité.

La Cour constitutionnelle a proclamé samedi Alpha Condé vainqueur dès le premier tour de la présidentielle du 11 octobre, avec 57,84 % des voix, confirmant les résultats annoncés deux semaines auparavant par la Commission électorale mais contestés par les sept autres candidats.

Le Ghanéen Ibn Chambas, qui s’exprimait au cours d’une rencontre avec l’Association de la presse étrangère au Sénégal (APES), a rappelé que M. Condé avait rencontré le 23 octobre un des chefs de l’opposition, l’ex-Premier ministre Sidya Touré, arrivé en troisième position.

« J’espère que c’est juste le début d’une large consultation de la part du président pour un gouvernement de large consensus après sa victoire », a déclaré M. Ibn Chambas, jugeant que ce serait « bon pour la Guinée et pour la sous-région aussi ».

Il y aurait ainsi « un peu plus de stabilité en Guinée », une nécessité « après Ebola, qui a créé beaucoup de problèmes au niveau de (son) économie », a-t-il estimé, en référence à l’épidémie qui s’est déclarée dans le pays en décembre 2013.

Fodé Oussou Fofana, directeur de campagne du chef de l’opposition Cellou Dalein Diallo, arrivé deuxième, avec 31,45 % des voix, a réaffirmé samedi que son parti ne reconnaîtrait « jamais les résultats de cette mascarade électorale ».

« La démocratie a reculé dans notre pays, c’est dommage pour la Guinée », a-t-il déclaré à des journalistes à Conakry.

Dès le lendemain du scrutin, les sept adversaires de M. Condé avaient dénoncé une « mascarade » et refusé par avance d’en reconnaître les résultats.

M. Diallo avait prévenu le 17 octobre qu’il ne saisirait pas la Cour constitutionnelle et promis d’appeler à des manifestations « le moment venu ».

Rappelant les violences chroniques lors de manifestations en Guinée, le responsable de l’ONU a exhorté autorités et opposants à agir pour changer cette donne mais aussi à poursuivre le dialogue et faire en sorte que les élections locales prévues en 2016 se tiennent dans un climat apaisé.

Selon Amnesty International, au moins 13 personnes ont été tuées et environ 80 blessées dans les violences électorales en octobre en Guinée.

Il faut « que la Guinée arrive à être un pays où la manifestation sera pacifique, paisible », a dit Mohamed Ibn Chambas, demandant « aux acteurs politiques de s’abstenir de toute instrumentalisation des clivages ethniques et d’incitation à la violence ».

« Il faut dès maintenant commencer à discuter, voir comment améliorer la situation, le processus, pour avoir des locales +meilleures+ (mieux organisées, NDLR) que ce qu’on a vu pendant la présidentielle », a-t-il ajouté.

Le responsable de l’ONU s’est par ailleurs réjoui que la transition soit remise sur les rails au Burkina Faso, avec une présidentielle et des législatives le 29 novembre, après le putsch manqué de septembre qui a provoqué le report de ces scrutins initialement prévus, là aussi, le 11

octobre.

Selon M. Ibn Chambas, la Commission électorale burkinabè « a démontré sa capacité à gérer ces élections » et était déjà prête pour le 11 octobre.

« Avec cette prolongation, elle a le temps d’améliorer les choses. (…) Aujourd’hui, nous sommes convaincus que les élections au Burkina Faso seront bien gérées et seront transparentes », a-t-il dit.

AFP