L’anniversaire de l’agression du 22 novembre 1970 se passe chaque année dans une indifférence totale en Guinée. Depuis la disparition du père de notre indépendance, cette date n’a jamais été célébrée par les autorités qui se sont succédé au pouvoir pour au moins rendre hommage aux disparus de ce jour mémorable.
Même à l’extérieur où nos scribes sur la toile qui font du moindre petit acte du Président Ahmed Sékou Touré un chou gras dans le sens de la subversion, préfèrent garder un profil bas en oubliant tout, même leur table de conjugaison.
Pire. Nos grands intellectuels et écrivains qui ont vécu les faits et qui doivent en principe écrire l’histoire, sont devenus amnésiques ou ont tout simplement perdu leur plume dans l’encrier.
Pourtant il y a 45 ans, jour pour jour, que le peuple de Guinée a été victime d’une agression militaire des mercenaires portugais et certains apatrides guinéens à la solde de l’impérialisme, entassés dans des bateaux de guerre qui avaient accosté aux larges de la capitale.
En effet, dans la nuit du samedi 21, au petit matin du dimanche 22 novembre 1970, le peuple de Guinée a été réveillé par les crépitements des fusils, canons et des chars de combat qui avaient pris d’assaut tous les points stratégiques de la capitale et tuant sans sommation les populations civiles. L’opération militaire que les commanditaires ont baptisée « Mar Verde » avait pour objectif principal de renverser le régime de Sékou Touré et mettre la Guinée sous le protectorat du gouvernement de Marcelo Caetano, qui avait les destinées du Portugal dans les années 70.
Ils devraient en outre profiter de cette situation pour non seulement détruire la base militaire du PAIGC et tenter d’éliminer son président Hamilcar Cabral, mais aussi chercher à libérer les prisonniers portugais qui étaient détenus par les combattants Bissau-guinéens. Aidés par leurs complices sur place, notamment les membres du Front National de Libération Guinéen (FNLG), et voyant la défaite venir, les agresseurs se sont dispersés dans la ville pour se livrer au massacre de la population civile. C’est ainsi qu’on enregistrera plus de 500 morts et des milliers de blessés qui ont rempli ce jour les différents hôpitaux de Conakry.
Malgré ces pertes humaines et des dégâts matériels importants, plusieurs mercenaires, des Guinéens pour la plupart, ont été tués et certains avaient été faits prisonniers. Parce que le peuple de Guinée, comme un seul homme, avait répondu à l’appel de son leader charismatique, le Commandant en Chef des Forces armées populaires et révolutionnaires de Guinée, le Stratège Ahmed Sékou Touré, qui a invité ce jour tous les Guinéens à prendre les armes pour défendre leur patrie.
N’eut été la vigilance du peuple, la bravoure et le professionnalisme de nos militaires d’alors et la clairvoyance du responsable suprême de la révolution, la Guinée se retrouverait aujourd’hui sous une nouvelle forme de domination que souhaitaient les ennemis de la Guinée.
En ce jour mémorable donc, tous les Guinéens dignes de ce nom, devraient s’incliner devant la mémoire de nos braves fils qui sont morts sur le champ d’honneur en défendant notre patrie. C’est pourquoi nous leur rendons hommage et prions toujours pour le repos de leur âme.
Comme la réaction de l’ancien régime face à ce triste événement n’a revêtu que des aspects positifs et fait honneur au guide de la révolution, les autorités de la deuxième république ont préféré passer sous silence l’anniversaire de cette agression qui a été dénoncée et condamnée par toute la communauté internationale. Une barbarie qui a couté la vie à plusieurs centaines de nos compatriotes, est oubliée, comme si la vie de ces victimes n’avait aucune valeur. Pourtant ceux qui sont tombés ce jour, s’étaient sacrifiés pour la défense de la souveraineté de notre patrie.
Aujourd’hui, les autorités de la 3e république emboite le pas à la 2e en s’abstenant de magnifier la bravoure et le sacrifice de ceux qui sont tombés ce jour sous les balles des agresseurs.
Il vous souviendra que le 22 novembre 1970 était un dimanche comme aujourd’hui dimanche 22 novembre 2015. Malgré ce hasard du calendrier, les Guinéens des villes et des campagnes continuent de vaquer à leurs affaires comme si cette date n’avait aucune signification. Silence radio partout sur le territoire national.
Aussi, la presse alimentaire et les grands gueules qui ont l’habitude de vider leur besace sur le Président Ahmed Sékou Touré pour les moindres occasions, préfèrent rabattre le caquais ce 22 novembre 2015. Une manière d’éviter de faire l’apologie d’un régime qu’ils ont déjà diabolisé et qualifié de tous les noms sordides.
Pourtant cet anniversaire était une occasion pour ces ethnocentristes, intellectuels malhonnêtes et ennemis du Président défunt, de se racheter et de prouver leur honnêteté intellectuelle. Mais ils préfèrent donner leur langue au chat pour éviter de dire la vérité. Espérons que désormais, ils ne perdront plus une seule occasion de se taire.
Le président de la république, le Pr Alpha Condé doit, au cours de ce deuxième mandat, déposer un projet de loi à l’hémicycle pour faire de la date du 22 novembre 1970 non seulement un jour férié, mais de commémoration et de recueillement pour rendre hommage à nos illustres disparus qui ont sacrifié leur vie pour défendre leur patrie, la Guinée.
En restant sans le faire, cela amènera à penser que les autorités d’alors et d’aujourd’hui sont logées à la même enseigne, que nos grands intellectuels et écrivains sont égoïstes. Car le refus catégorique de célébrer une date aussi mémorable que le 22 novembre 1970 est considérée comme une volonté manifeste de falsifier l’histoire de notre pays.
Or, l’histoire ne peut être travestie encore moins réécrite, car elle est un ensemble de faits têtus dont la falsification relève de manque de probité morale et intellectuelle, d’imposture ou de simple ignorance.
Le prochain gouvernement qui sera mis en place par le président Alpha Condé après son investiture le 21 décembre 2015, devrait mettre dans son agenda cette question pour rendre hommage à nos martyrs qui sont tombés le 22 novembre 1970.
Bangaly Condé « Malbanga »