Les résultats des tests d’ADN de Thomas Sankara, mort en 1987 dans un coup d’Etat qui a propulsé Blaise Compaoré au pouvoir, n’ont pas permis d’identifier formellement son corps, en raison du mauvais état de ses restes, a expliqué mercredi la justice militaire du Burkina Faso.
Lundi, Me Bénéwendé Sankara (pas de lien familial), l’un des avocats des ayants droit du capitaine Thomas Sankara avait déclaré qu’ »on peut simplement dire qu’au regard de ces résultats, l’état des restes ne permettait pas au laboratoire de certifier l’existence d’ADN ».
Le directeur de la justice militaire, Sita Sangaré a, pour sa part, expliqué, mercredi, à la presse que « l’expert avait déjà émis des inquiétudes à savoir que les corps ont été enterrés de façon sommaire. Les tombes n’étaient pas profondes et les corps ont été déposés à même le sol ».
C’est ce qui fait, selon M. Sangaré, que les corps se sont « beaucoup dégradés » et quand les restes ont été transmis, il (l’expert) a fait les expertises à plusieurs niveaux, pour espérer trouver quelque chose.
« Malheureusement il est parvenu à la conclusion que ce n’était pas vraiment exploitable pour déceler quoi que ce soit », a-t-il ajouté.
Néanmoins, la justice militaire burkinabè a expliqué que lors de l’exhumation des corps de Sankara et de ses douze compagnons, les familles avaient « déjà identifié des effets personnels, notamment pour le président Thomas Sankara, où la famille avait reconnu un survêtement rouge qu’il portait le jour des faits ».
« Mais ça ne remet pas fondamentalement en cause le processus. On est à peu près certain que ce sont les intéressés qui étaient dans les tombes. Et en tout état de cause, l’enquête se poursuit », a rassuré M. Sangaré.
Il a, par ailleurs, prévenu qu’il s’agit du domaine de la science (et) « si une quelconque partie peut faire un recours peut faire une demande de contre-expertise, la justice est ouverte pour que cela se poursuive », a-t-il prévenu.
Les premiers résultats avaient indiqué que le présumé corps de Sankara avait été criblé de balles.
L’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, est visé par un mandat d’arrêt international, dans le cadre de ce dossier. Il est inculpé pour « attentat contre la sûreté de l’Etat, complicité d’assassinat et recel de cadavres ».
Son dossier d’extradition est en train d’être monté et sera transmis « incessamment » à la Côte d’Ivoire, pays qui l’héberge, a annoncé, mercredi, la justice burkinabè.
Selon Sita Sangaré, à ce jour, douze personnes, dont le général Gilbert Diendéré, homme de confiance de Compaoré et auteur du putsch manqué de septembre, ont déjà été inculpées.
Six sont en détention, deux sous mandat d’arrêt international et quatre personnes non détenues dont une personne est décédée, selon la même source