Mais voilà que l’élection se solde par l’échec de l’Alliance Président Cellou Dalein Diallo, c’est la grande déception et l’amertume. L’Alliance s’éteint et chacun des deux partis en tire les leçons. Dalein se fait très amer et accuse Sidya de lui avoir apporté « des camions vides de militants », cela ne fera pas de bruit parce que Sidya n’a pas cru nécessaire de répliquer.
Par la suite les deux leaders ne tardent pas à renouer contact pour créer avec d’autres partis une véritable force de frappe politique appelée l’Opposition républicaine. Cette nouvelle alliance va organiser une série de manifestations pour réclamer entre autres revendications le recrutement d’un nouvel opérateur de saisie (en remplacement du couple Waymark-Sabari fort décrié), la confection d’un nouveau fichier électoral, la réforme de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’organisation des élections législatives et communales. Face à ces multiples revendications le pouvoir n’a qu’une réponse, l’argument de la répression brutale qui fait des dizaines de morts dans les rangs des militants de l’opposition. C’est alors qu’arrive un jour où le président de l’UFR crie son ras le-bol face à la tournure que prenaient les manifestations qui perdaient leur caractère politique pour se muer en confrontations ethniques entre malinkés et peuls qui constituent respectivement le gros des militants du parti au pouvoir et de l’UFDG. Sidya dira haut et fort ‘’ qu’on ne le reprendra plus dans des manifestations de rue, porté sur le capot d’une voiture.’’
L’opposition républicaine a du mal à digérer son échec, elle rejette en bloc les résultats provisoires de la présidentielle. Mais quand la Cour constitutionnelle prend son arrêt proclamant le professeur Alpha Condé vainqueur, l’UFR choisit de s’incliner devant cet arrêt, refusant ainsi toute confrontation politique qui ne ferait que retarder le pays ; elle affiche ouvertement sa volonté de travailler avec la mouvance présidentielle pour sortir la Guinée de l’ornière. Et voilà les invectives qui reprennent à mots voilés entre l’UFDG et l’ UFR. Cellou Dalein donne le ton dans son adresse à la nation diffusée à partir de Dakar, adresse dans laquelle il se réjouit du départ des rangs de l’opposition des ‘’ faux alliés ‘’. Par ailleurs des journalistes venus couvrir l’assemblée générale ordinaire de l’UFR du samedi 26 décembre 2015 s’aperçoivent que responsables et militants ne sont pas au rendez-vous. Sans en chercher les raisons apparentes ils s’empressent d’écrire sur divers sites-web de la place que ‘’ le parti UFR est mort ‘’.
La réplique ne se fera pas attendre, elle tombe à l’assemblée générale ordinaire de la semaine suivante. Quatre membres influents du bureau exécutif se relaient à la tribune pour dénoncer cette attitude on ne peut plus malhonnête des adversaires à l’endroit du parti. Sidya lui-même avait répliqué bien longtemps avant dans une interview accordée à une radio de la place reprenant une boutade baoulé qui dit ceci : « Quand vous confiez votre canari de vin de palme à quelqu’un pour le porter à destination et qu’il le brise en cours de chemin, vous serez bien avisé de ne pas recommencer la prochaine fois. » Cette boutade est aujourd’hui reprise en d’autres termes par ses coéquipiers. L’un d’entre eux dira : « Lorsque vous entreprenez un voyage avec quelqu’un pour aller par exemple à Fria, que votre compagnons se voulant le meilleur guide finit par vous égarer, vous n’accepterez pas de le prendre pour guide dans un autre voyage devant vous mener à Kindia par exemple ». Un autre orateur dira pour sa part : « Nos adversaires ne cessent de clamer que Sidya est un berger sans troupeau, mais ils oublient de dire que dans le camp adverse il y a un troupeau sans berger et que la meilleure chose qu’on puisse faire serait de confier ce troupeau à notre berger. »
Les invectives vont donc bon train de part et d’autre, toujours à mots couverts. Mais tout le monde sait que les adversaires d’aujourd’hui étaient des amis hier et que peut-être demain ils se donneront de nouveau la main pour marcher ensemble ou pour manger dans les mêmes plats. Car en politique il faut se garder de dire « Jamais ».
L’Indépendant